La nomination d'un directeur est une opportunité à saisir pour toute organisation. La nouvelle direction peut s'attaquer à des problèmes qui ont été négligés jusque là. Samedi prochain, la SSR élira ainsi un nouveau directeur général, mais le conseil d'administration fait face à de nombreux reproches.
Quelle est la raison de cette mauvaise ambiance? Les statuts de la SSR stipulent que l'Assemblée des délégués est «l'organe suprême de l'association». L'assemblée réunit 41 membres issus des quatre régions linguistiques de Suisse. L'une des tâches principales de cette instance est d'approuver le choix du nouveau directeur général.
Les délégués doivent se rendre samedi prochain au siège de la SSR à Berne. Ils ne savent pas qui le conseil d'administration élira. Ce dernier ne procédera à l'élection que samedi matin tôt. A 11h30, les délégués trouveront alors dans la salle de réunion un «document» révélant l'identité du directeur général. Leur tâche est de confirmer le choix. Ils n'auront même pas le temps d'examiner en détail le CV de la personne choisie.
Ce processus ne passe pas auprès de certains délégués. Olivier Dolder est président de la SRG Zentralschweiz.
D'autres délégués, qui ne souhaitent pas être nommés, se montrent encore plus hostiles. L'un d'eux parle d'un «simulacre de confirmation». Un autre déclare:
Comment s'est déroulée l'élection de l'actuel directeur général, Gilles Marchand? A l'époque, les délégués se sont-ils également vu présenter un nom qu'ils devaient approuver immédiatement? Non. La nomination du Romand avait été annoncée le 9 novembre 2016 par Viktor Baumeler, alors président de la SSR. L'Assemblée des délégués de la SSR avait approuvé la nomination le 25 novembre.
Les délégués avaient donc eu plus de deux semaines pour se faire une idée de l'élu. Certains n'avaient pas apprécié que le conseil d'administration n'ait pas mis le poste au concours. Gilles Marchand était entré en fonction par voie d'appel. L'assemblée avait toutefois clairement approuvé l'élection.
Aujourd'hui, plusieurs délégués ont l'impression d'être relégués au rang de simples observateurs, un rôle qui ne leur convient pas. Que pense la SSR des critiques émanant de ses propres rangs sur sa façon de procéder?
Le porte-parole Edi Estermann indique qu'il y a deux assemblées ordinaires des délégués, en avril et en novembre.
L'explication de la SSR ne convainc pas tout le monde. Le fait que les délégués se réunissent en assemblée ordinaire ou extraordinaire joue-t-il un rôle? A écouter certaines critiques, le conseil d'administration pourrait en tout cas les informer quelques jours auparavant de la personne qu'il a choisie comme chef. Les délégués auraient ainsi le temps d'examiner la question en profondeur.
La résistance serait sans doute moindre si le conseil d'administration expliquait de manière un tant soit peu convaincante pourquoi il a opté pour Monsieur X ou Madame Y. Les délégués de la SSR sont loyaux envers l'entreprise publique de médias. Certains sont arrivés à leur poste parce qu'ils s'étaient distingués grâce à leur soutien à la société de radio et de télévision. D'autres soutiennent en principe tout ce que le conseil d'administration leur propose, ne se sentant pas à l'aise pour remettre en question quoi que ce soit.
Le conflit actuel a pour origine les structures de la SSR. Cette dernière est organisée sous forme d'association fédéraliste - avec quatre sociétés régionales dans les régions linguistiques. Dans un pays avec des éléments de démocratie directe, il est de tradition que tout le monde ait son mot à dire. L'Assemblée des délégués de la SSR est donc «l'organe suprême de l'association».
Dans la radiodiffusion publique, il est clair pour tout le monde que l'élection d'un directeur général ne peut pas se faire de manière démocratique. C'est le conseil d'administration qui est compétent pour l'élection. Il appartient uniquement à l'assemblée des délégués de dire oui ou non. L'octroi de ce droit n'a de sens que si les délégués peuvent, le cas échéant, rejeter une élection. Dans le cas contraire, l'approbation serait une action superficielle.
C'est précisément ce que critiquent certains délégués: dans le cas d'une procédure sans information préalable, l'approbation n'est donnée que pour la forme. Dans ces conditions, il n'est pas nécessaire de faire le déplacement jusqu'à Berne.
Le président du conseil d'administration de la SSR, Jean-Michel Cina, doit maintenant tenter de calmer les esprits. Pour cela, il peut compter sur des délégués qui ne partagent pas le mécontentement.
Samedi, le conseil d'administration devra sans doute faire face à des questions critiques. Mais il est peu probable qu'une demande de report de l'approbation des élections trouve une majorité.