La boss de la SSR destitue celui qui s'est débarrassé de la FM
900 postes supprimés d'ici 2029: c'est ce qu'a décidé la SSR dans le cadre de son plan d'économies. Dans un entretien accordé au magazine spécialisé Persönlich, la directrice générale de la société de radiodiffusion (SSR, qui supervise la RTS) explique qu'environ la moitié des postes peuvent être supprimés grâce à la fluctuation naturelle et aux départs à la retraite.
Mais la réduction des effectifs n’en reste pas moins «très dure». Au-delà des chiffres abstraits, il s'agit de personnes qui vont perdre leur emploi. «Des gens qui, chaque jour, font un travail formidable pour notre public. Cela me touche profondément», assure-t-elle.
Susanne Wille annonce en outre des changements au sein de la direction générale de la SSR. Une information qui, de prime abord, paraît anodine, mais qui s’avère lourde de sens.
Elle indique que le nombre de membres de la direction générale sera réduit. De quoi semer la confusion: l’organe compte actuellement huit personnes, et il en comptera huit à l'avenir. Où est donc la réduction?
Le directeur du développement et de l’offre, Bakel Walden, a quitté la SSR à l’automne 2024. Susanne Wille n'a jusqu’ici pas réglé la question de sa succession. Elle annonce désormais que la direction générale comptera à l’avenir un responsable pour l’offre et la distribution, et un autre chargé des opérations, de la technologie et de la production.
L'homme qui a fait abandonner la FM doit partir
Ces deux postes seront mis au concours. Deux autres figures quittent la direction générale: Larissa Bieler, directrice de Swissinfo, et Marco Derighetti, directeur des opérations. Ce dernier est responsable du virage technologique dans la réception radio: l’abandon des très hautes fréquences (la FM) au profit du DAB+.
Cette transition, mise en œuvre au début de l’année, a été un véritable désastre pour la SSR. Des centaines de milliers d’auditeurs se tournent désormais vers des radios privées ou étrangères.
Membre de la direction générale depuis 2011, Marco Derighetti a défendu ce changement, assurant que les audiences finiraient par se redresser. Cela s’est produit, mais dans une proportion bien moindre que ce qu'espérait la direction.
Les réformes porteront-elles leurs fruits?
La fin des très hautes fréquences pour les radios privées était également prévue pour fin 2026. Mais, en septembre dernier, le Conseil national s’est prononcé en faveur d’une prolongation des concessions analogiques au-delà de 2027. Le Conseil des Etats tranchera en décembre.
Un coup dur pour la SSR. Elle espérait économiser 15 millions de francs par année grâce au passage complet au DAB+; au lieu de ça, elle a braqué de nombreux auditeurs et donné l'impression d'improviser. Si la petite chambre suit la grande, il se pourrait que la société mère de la RTS fasse marche arrière.
La réaction de Susanne Wille: écarter Marco Derighetti de la direction générale. Sa fonction sera remaniée, et la SSR cherche un nouveau responsable. Une porte-parole précise que Marco Derighetti participera «activement à la phase de transition» dès le 1er avril 2026. On ne sait pas s’il quittera ensuite la SSR.
La directrice générale continue ainsi de serrer la vis. Elle a déjà retiré aux directions radio et télévision leur responsabilité pour le sport et les séries fictionnelles, une mesure ressentie comme une mise sous tutelle. La directrice de la SRF, Nathalie Wappler, a par ailleurs annoncé qu’elle quitterait son poste au printemps 2026.
Susanne Wille affirme:
Reste à voir si cette stratégie fonctionnera. Le nombre exact de postes supprimés reste également ouvert, surtout si le peuple refuse la réduction de la redevance en mars prochain. A ce jour, «seulement» 300 emplois sont en train d'être supprimés. La réduction de 900 postes à plein temps représenterait le scénario catastrophe.
Traduit de l'allemand
