Des hôpitaux suisses utilisent une nouvelle méthode de facturation des implants qui leur permet de réaliser d’énormes profits. Le groupe Hirslanden, par exemple, aurait facturé près de 1500 francs à une caisse maladie pour un implant coûtant seulement 60 francs, rapportent les titres de Tamedia.
Mais ce n’est pas tout: le groupe aurait également touché 2800 francs pour un stent valant à peine 300 francs. Et les montants grimpent encore: un stimulateur cardiaque, vendu normalement 3700 francs, aurait été facturé 14 500 francs.
Hirslanden n’est pas un cas isolé. Un autre hôpital aurait facturé environ 54 000 francs pour un stimulateur cardiaque dont le coût réel est estimé à seulement 11 000 francs, selon nos confrères.
Cette enquête met donc en lumière une nouvelle pratique utilisée par certains hôpitaux pour générer des profits: la surfacturation de produits médicaux, à l'assurance, à des tarifs bien supérieurs aux coûts d'achat auprès des fournisseurs. En définitive, ce sont les cotisants, à travers leurs primes, qui en supportent les coûts, donc les Suisses.
Les établissements médicaux bénéficient généralement de remises importantes lors de l'achat de matériel médical, notamment pour les implants. Ces réductions, parfois très substantielles, sont censées être répercutées sur les assurances maladie, conformément à la loi. Cependant, en pratique, cette obligation n'est pas toujours respectée.
En modifiant la loi, le parlement avait cherché à encourager les hôpitaux et cabinets médicaux à négocier fermement avec leurs fournisseurs, tout en garantissant une transparence sur les rabais obtenus.
Les institutions hospitalières auraient donc utilisé des rabais fictifs, selon Tamedia. En vertu de la législation, elles sont autorisées à conserver une partie des réductions négociées avec les fournisseurs. Cette faille aurait été exploitée de manière systématique, particulièrement par le groupe Hirslanden.
Ce dernier affirme avoir mandaté un cabinet d’avocats pour mener une enquête externe et identifier d’éventuelles erreurs dans sa facturation. «Celui-ci détermine actuellement, dans le cadre d’une procédure de contrôle détaillée, si des erreurs ont été commises lors de la mise en œuvre de la retenue des avantages prévue par le contrat et de la facturation», a déclaré Claude Kaufmann, porte-parole du groupe.
De leur côté, les caisses maladie, notamment la CSS, examinent également ces pratiques. «Nous avons constaté que certains prestataires de soins appliquent systématiquement ce principe», explique un porte-parole de la CSS. Selon eux, ces prestataires facturent de manière systématique des montants largement supérieurs aux coûts réels. (jah)