Le numérique remplace le plastique: avec l'e-ID, plus besoin de se trimballer son portefeuille à tout bout de champ. Une application permettra d'accéder à sa carte d'identité électronique directement sur son natel.
Enfin, en théorie. Le 28 septembre, la Suisse votera sur l'introduction de la carte d'identité numérique, pour la deuxième fois déjà. Si le oui l'emporte, la Confédération souhaite introduire l'e-ID à l'automne 2026. Voici quelques situations dans lesquelles la pièce d'identité dématérialisée serait employée.
Avec l'e-ID, le permis de conduire serait également valable sur smartphone, rendant ainsi superflue la carte physique. La Confédération prévoit d'introduire le permis de conduire numérique peu après le lancement de l'e-ID (si elle est acceptée). Un projet pilote est en cours depuis 2024: les futurs conducteurs peuvent déjà obtenir un permis de conduire numérique dans plusieurs cantons.
Toutes ces pièces d'identité se trouveraient sur l'application Swiyu, qui peut déjà être téléchargée à titre d'essai. Il s'agit d'un portefeuille numérique dans lequel il sera également possible, par exemple, de conserver son titre de transport.
L'e-ID peut également être utilisée pour contrôler l'âge. Par exemple, à l'entrée d'une boîte de nuit ou pour acheter de l'alcool, mais également sur les casinos en ligne, qui sont tenus par la loi de vérifier l'âge de leurs clients. L'e-ID simplifierait ces contrôles et les rendrait plus sûrs.
L'application Swiyu dispose d'une fonction de scan. En scannant un code QR à l'entrée des établissements, l'app affichera alors les données demandées. Si l'on accepte le transfert de données, le contrôleur peut par exemple voir si l'on est majeur ou non, sans transmettre d'informations supplémentaires, comme le nom et prénom.
Aujourd'hui, le contrôle de l'âge lors de l'achat d'alcool et des jeux d'argent est obligatoire, mais les établissements se montrent souvent laxistes. Il suffit parfois de cocher une case pour indiquer que l'on est majeur.
L'e-ID permettra d'accéder à de nombreux services administratifs sans avoir à se rendre à un guichet ou à la poste. Par exemple, pour commander et recevoir son extrait de casier judiciaire entièrement par voie électronique.
L'e-ID faciliterait également la connexion aux plateformes en ligne des autorités, par exemple pour remplir sa déclaration d'impôts. Depuis un an, il existe déjà un identifiant unique pour les plateformes étatiques, AGOV. Une dizaine de cantons l'utilisent, d'autres devraient suivre, ainsi que des communes. A l'avenir, AGOV devrait être relié à l'e-ID.
Les entreprises privées peuvent également utiliser la carte d'identité électronique. Elle permet par exemple d'ouvrir un compte bancaire ou de souscrire un abonnement de téléphonie mobile depuis chez soi. L'application Swiyu permettrait également de stocker des billets de concert, des diplômes ou des certificats.
Les autorités et les entreprises devraient alors pouvoir vérifier l'authenticité de l'e-ID et d'autres documents via une deuxième application. Celle-ci est encore en cours de développement.
La carte d'identité numérique pourrait également servir à la collecte de signatures. Pour l'instant, celle-ci n'est possible que sur papier. Le Parlement s'efforce de changer cela, notamment en raison du scandale des signatures falsifiées rendu public l'année dernière. «Sans e-ID, il n'y aura pas d'e-collecting à grande échelle», déclare Daniel Graf, de la Fondation pour la démocratie directe.
Celle-ci gère Wecollect, une plateforme qui simplifie la collecte de signatures. Comme pour le contrôle de l'âge, l'e-ID rendrait la collecte de signatures plus facile et plus sûre.
Les associations de personnes âgées et handicapées militent en faveur du «oui» à l'e-ID. En effet, pour les personnes souffrant d'un handicap physique, l'identité électronique faciliterait l'accès à divers services.
Aujourd'hui, les personnes malvoyantes ne peuvent par exemple pas participer aux collectes de signatures, ou plutôt, elles doivent avoir confiance dans le fait qu'elles signent bien ce que leur dit la personne qui collecte les signatures.
L'e-ID pourrait également être utilisée dans le domaine de la santé. Par exemple, pour se connecter au dossier électronique du patient ou pour s'inscrire au registre des donneurs d'organes. En 2022, les électeurs se sont prononcés en faveur de l'obligation de déclarer si l'on ne souhaite pas donner ses organes après son décès (principe du consentement présumé). La Confédération a lié l'introduction de cette nouvelle réglementation à celle de l'e-ID.
Les manifestations sportives pourraient également constituer un autre domaine d'application de l'e-ID. Depuis des années, les milieux politiques et la ligue de football discutent de l'introduction de billets nominatifs afin de renforcer la sécurité dans les stades. La carte d'identité numérique permettrait de mettre en œuvre cette mesure plus facilement.
En tout cas, l'e-ID ne serait utilisée qu'en Suisse dans un premier temps. A moyen terme, l'objectif est d'obtenir sa reconnaissance à l'étranger, d'après Rolf Rauschenbach, de l'Office fédéral de la justice. Les négociations avec l'Union européenne ne pourront cependant débuter qu'une fois la loi sur l'e-ID entrée en vigueur. L'UE travaille actuellement aussi sur une e-ID et un porte-monnaie électronique.
Adapté de l'allemand par Tanja Maeder