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Voici pourquoi les magasins 24/7 peinent à s'épanouir en Suisse

Voici ce qui fait échouer les magasins 24h/24 en Suisse.
Valora abandonne le concept des magasins autonomes, mais Migros persiste.Image: Keystone, montage watson

Migros s'accroche à un concept que même Amazon a abandonné

Faire ses courses à n'importe quelle heure dans un magasin en libre-service: le concept a longtemps eu le vent en poupe. Mais la donne semble en train de changer. Zoom sur les projets des grands distributeurs suisses en la matière.
14.09.2025, 12:0114.09.2025, 12:01
Stefan Ehrbar / ch media
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Aller acheter une boisson énergisante à trois heures du matin ou une pizza surgelée le dimanche: un vœu que devraient exaucer les supermarchés en libre-service. Migros, Spar ou Valora ont tenté l'expérience ces dernières années en Suisse.

En dehors des heures de présence du personnel, les magasins sont accessibles via une application. Certains d'entre eux fonctionnent même complètement sans employés. L'application permet également de scanner et payer les articles. Les commerçants gardent ainsi leurs enseignes ouvertes la nuit ou le dimanche, lorsque le personnel n'est pas autorisé à travailler.

Un concept attrayant qui tombe pourtant à l'eau

Mais l'euphorie a désormais laissé sa place à la désillusion. Le facteur humain a trop souvent fait échouer le concept. Spar avait baissé le rideau de ses magasins autonomes, appelés Go24-Box, l'année dernière. Le point de vente pilote de Zurich Sihlquai avait en effet été le théâtre de trop de vols et de dommages matériels.

Valora avait fermé ses filiales Avec en 2023. Elle avait toutefois recyclé la technologie dans des formats hybrides: des magasins Avec gérés par des humains pendant la journée et fonctionnant via une application la nuit ou le dimanche.

Mais là encore, nouvel échec. Valora a récemment désactivé l'accès avec un smartphone dans toutes les succursales concernées. Elles ne sont désormais accessibles que lorsque des employés sont présents. Le distributeur nous l'a confirmé.

Valora mise sur l'humain

Porte-parole de Valora, Alexandra Tschan invoque une demande insuffisante pour justifier les coûts opérationnels. Ces derniers étaient élevés en raison des nombreux vols. Valora a été confrontée à beaucoup d'entre eux sur tous ses sites, selon la communicante.

L'enseigne continue toutefois de croire au shopping autonome. Un «concept d'avenir», selon Tschan. Cela existera cependant principalement sous forme de caisses automatiques et de scanners pendant des heures d'ouverture normales.

Valora veut maintenir à l'avenir des horaires 24 heures sur 24, mais aussi des magasins dotés de personnel à tout moment. Une enseigne Avec a récemment été inaugurée dans le canton de Berne, en bordure de l'autoroute A1. On trouve d'autres magasins Valora ouverts 24 heures sur 24 à Zurich et sur l'aire d'autoroute de Deitingen, à Soleure. Par ailleurs, Spar a également ouvert un point de vente 24/24 avec du personnel dans le canton de Zurich.

Migros reste imperturbable

Le concept des supermarchés autonomes semble toutefois sous pression un peu partout dans le monde. Il y a un an, le distributeur américain Amazon renonçait à ses projets ambitieux avec Amazon Go. Il mise désormais davantage sur les scanners manuels dans des succursales conventionnelles.

En Suisse, outre les fournisseurs locaux, ce sont surtout la coopérative Migros de Suisse orientale et l'exploitant bernois de magasins à la ferme Rüedu qui veulent développer les courses autonomes. La première utilise pour cela le concept Teo, créé par la chaîne de supermarchés allemande Tegut, elle-même propriété de Migros Zurich.

Mais alors que celle-ci a récemment mis fin à un test avec les magasins Teo et a démantelé les installations de Kloten et Dietlikon dans le canton de Zurich, les Suisses alémaniques y croient fermement. La coopérative a déclaré à la NZZ que les ventes des six sites dépassaient les attentes. Les vols seraient un problème soluble et deux à trois autres magasins Teo devraient voir le jour cette année.

Rüedu a échoué dans son expansion

Rüedu, quant à lui, a développé son propre concept de magasin, qui est également vendu à des tiers intéressés par l'intermédiaire de la société Ur-Store. Cependant, le fournisseur bernois a déjà connu des jours meilleurs. L'année dernière, il s'est retiré de Zurich. L'expansion coûteuse a échoué.

En janvier de cette année, Tom Winter, cofondateur de Rüedu, a déclaré au Berner Zeitung qu'il s'agissait d'une question de survie. Les prochains mois seraient «une opération sur un patient vivant»:

«Nous avons encore besoin de trois à quatre sites solides pour être rentables»
Tom Winter

Cependant, c'est le contraire qui s'est produit depuis. Le réseau a continué de se réduire, passant de 21 à 20 sites. A son apogée, il en comptait plus de 30. Rüedu n'a pas réagi à nos sollicitations au moment de publier cet article.

Dans certains cas, par exemple à la campagne, où un magasin avec personnel n'est pas rentable, ou dans les cantons où les heures d'ouverture sont restrictives, les magasins autonomes pourraient toutefois continuer à jouer un rôle dans le futur. Mais ils ne devraient pas représenter l'avenir du commerce de détail.

(Adaptation française: Valentine Zenker)

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