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Pénurie de logements: pourquoi les Suisses s'opposent aux solutions

Pénurie de logements: pourquoi les Suisses s'opposent aux solutions
Malgré un réel problème de logements en Suisse, une majorité de la population refuse les solutions permettant d'y remédier.Image: Keystone / Shutterstock, montage watson

Les contradictions des Suisses face à la pénurie de logements

La perception d'une pénurie de logements en Suisse est une observation que partagent près de deux tiers de la population. Le site Comparis a mené une enquête et démontre que, malgré ce constat, la majorité des Suisses n'est pas prête à faire des concessions.
19.06.2025, 00:3019.06.2025, 05:42

Malgré un marché immobilier difficile à naviguer et des difficultés à se loger aux quatre coins du territoire, une enquête de Comparis démontre qu'un attachement culturel et émotionnel empêche les Suisses d'adhérer aux projets de densification urbains.

Plus de logements oui, mais sans détériorations

Les bâtiments plus hauts, les champs remplacés par de nouveaux quartiers, des espaces verts en recul face à l'urbanisation: tout autant de choses qui rebutent une majorité des Helvètes, et surtout chez les femmes, les personnes âgées et les ménages avec enfant. Harry Büsser, expert immobilier chez Comparis commente:

«Le désir de plus d’espace de vie se heurte au désir de qualité de vie. Cela engendre un conflit d’intérêts»

En Suisse romande, 65% des personnes interrogées estiment qu'il y a trop peu de logements. En Suisse alémanique, c'est 61,4% de la population qui pense la même chose.

Autre son de cloches côté Tessin, où seuls 35% des interrogés partagent la même opinion. Sans surprise, c'est en ville que ce la perception de pénurie est la plus forte, avec 68,5% contre 57,5 en agglomération et 55,4 en campagne.

Des solutions non souhaitées

Pour 50,7% des personnes interrogées, il est cependant hors de question de faire des concessions sur la hauteur des bâtiments afin de remédier au problème de manque de logements. Ce chiffre grimpe jusqu'à 70,7% lorsqu'il est question d'une réduction des surfaces de parcs et jardins ou des espaces entre les maisons et bâtiments.

Harry Büsser, expert immobilier Comparis, déclare sur le sujet:

«Beaucoup de personnes considèrent la pénurie de logements comme un problème, mais elles ne veulent pas pour autant changer leur environnement habituel.»

Un écart marqué entre les sexes

Il semblerait en effet que les hommes (53,2% ) soient majoritairement favorables aux bâtiments élevés, alors que chez les femmes, la majorité s'y oppose (57,4%). Pour la réduction des espaces verts, le taux de rejet chez les hommes est également moins marqué (64,1%) que chez les femmes (75,6%).

«Les femmes assument souvent la responsabilité émotionnelle de l’environnement de vie, par exemple en s’occupant des enfants, en prodiguant des soins ou en entretenant des relations de voisinage. Les interventions sur les espaces verts ou la hauteur des bâtiments peuvent donc être davantage perçues comme une menace pour la qualité de vie.»
Harry Büsser, expert immobilier Comparis

Age, éducation, niveau de revenus

Des disparités apparaissent également lorsqu'on compare les réponses des jeunes à celles des personnes plus âgées.

D'une manière générale, les jeunes avec un plus haut niveau d'étude et évoluant en milieu urbain approuvent plus largement l'adoption de solutions structurelles. Büsser commente:

«Les jeunes ou les personnes qui ont fait des études connaissent généralement différentes formes de logement et considèrent probablement la densification structurelle comme une étape nécessaire pour un développement urbain durable. Chez les personnes plus âgées, en revanche, le désir de stabilité et de préservation du statu quo l’emporte souvent.»

Comme en témoignent les tableaux ci-dessous, les revenus élevés sont également une majorité à trouver leur compte dans l'approche de densification urbaine.

«Les personnes aux revenus plus élevés sont souvent plus pragmatiques sur les questions en lien avec la construction de logements. Elles savent que les oppositions retardent les projets et les rendent plus coûteux, ce qui peut en fin de compte affecter leurs propres projets de logement ou d’investissement. De plus, elles disposent souvent des connaissances ou des réseaux nécessaires pour faire entendre leur voix sans procédure d’opposition.»
Harry Büsser, expert immobilier Comparis

On ne touche pas aux espaces verts!

70,7% des personnes interrogées rejettent motus les plans de densification ayant un impact négatif sur les surfaces de parcs. En ville, le c'est 67,2% de la population qui s'y oppose.

«Pour beaucoup de personnes, les espaces verts sont un symbole de qualité de vie et de lieux de retraite dans la vie quotidienne. Leur réduction suscite des émotions plus fortes que le nombre abstrait de mètres carrés pour les nouveaux logements.»
Harry Büsser, expert immobilier Comparis

A la lumière de ces données, il semblerait que l'approche la plus probante pour résoudre le problème de pénurie de logements en Suisse consiste à convaincre les femmes d'adhérer aux projets de construction, ou d'obtenir une majorité absolue afin d'adopter des mesures pouvant contrecarrer les oppositions. Comme le résume très bien Büsser:

«La population veut des solutions, mais pas devant sa porte»

(ysc)

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