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Pourquoi les avions de Swiss refusent de voler plus lentement

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Les experts demandent aux avions de voler plus lentement: Swiss refuse

Une nouvelle étude demande à l'industrie aéronautique de prendre des mesures fortes afin d'améliorer son bilan carbone. Ralentir la vitesse de vol le permettrait, en théorie. Mais cela engendre d'autres problèmes. Swiss réagit.
16.11.2024, 11:59
Benjamin Weinmann / ch media
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En 2023, la compagnie aérienne suisse Swiss a réalisé un chiffre d'affaires et un bénéfice records. La croissance du nombre de passagers se poursuit cette année encore. Pour tout dire, on vole à nouveau comme si la pandémie et les Grèves pour le climat n'avaient jamais eu lieu.

Et pourtant, dans le débat sur le réchauffement climatique, l'aviation est considérée par beaucoup comme le secteur le plus emblématique avec ses taux d'émission élevés. C'est la raison pour laquelle de nombreuses compagnies aériennes investissent dans leurs efforts de durabilité, en grande partie par crainte de la menace de réglementations aériennes et de taxes plus élevées.

Une nouvelle étude de l'université de Cambridge propose au secteur une amélioration immédiate et significative de son bilan d'émissions. D'après les chercheurs, les compagnies aériennes brûleraient jusqu'à 7% de kérosène en moins si elles réduisaient leur vitesse de 15%. Cet objectif devrait aussi être pris en compte lors de la construction des futurs avions, selon l'étude.

L'inconvénient serait, logiquement, une durée de vol plus longue. Ce qui serait un problème du point de vue des passagers. Selon les experts de Cambridge, un vol transatlantique se prolongerait de cinquante minutes.

Economiser du kérosène ne suffit pas

La productivité des compagnies aériennes s'en trouverait aussi réduite. Les chercheurs estiment toutefois qu'une efficacité accrue dans les aéroports, avec des temps d'attente plus courts, pourrait compenser cet inconvénient.

L'option d'une réduction de la vitesse n'est pas nouvelle. Et en période de prix élevés du kérosène, les compagnies aériennes l'examinent à nouveau. En 2012, Harry Hohmeister, alors directeur de Swiss, déclarait:

«En volant plus lentement, nous pourrions économiser du carburant, mais tout l'horaire de vol serait perturbé. Ce n'est pas la bonne stratégie»
Harry Hohmeister

Si des correspondances doivent en venir à être supprimées en raison de l'allongement des temps de vol, la baisse d'efficacité dans l'exploitation serait rapidement plus dommageable que les économies dans la facture de kérosène.

Données de vol adaptées pour baisser les émissions

Et aujourd'hui? La réduction de la vitesse est déjà mise en œuvre, explique le porte-parole de Swiss, Michael Stief. En tenant compte des créneaux horaires dans les aéroports et d'autres facteurs, on planifie l'ensemble des vols avec l'objectif d'une émission de CO2 optimale et la plus faible possible. Mais:

«Une réduction générale de la vitesse de 15% n'est pas réalisable, car nous entrerions alors dans une zone de la courbe de résistance aérodynamique dans laquelle les émissions de CO2 augmenteraient.»
Michael Stief

La filiale de Lufthansa contredit donc les chercheurs de Cambridge. Elle indique que les pilotes adaptent déjà durant le vol leur altitude et leur vitesse en prenant en compte les données de vol. Le but? Atteindre leur destination avec le moins d'émissions de CO2 possible.

«Lors de la planification du vol, nous prenons en compte, de manière empirique, la consommation lors de l'itinéraire avec le soutien informatique le plus moderne. Nous pouvons ainsi optimiser le ravitaillement en carburant»
Michael Stief

Dans les faits, cela veut dire qu'elle utilise l'intelligence artificielle pour optimiser les opérations.

Un réaction lors du roulage

La réduction de la vitesse n'est pas la seule proposition que les chercheurs de Cambridge présentent au secteur pour réduire les émissions environnementales à zéro d'ici 2050. En effet, ils ne pensent pas que l'objectif visé puisse être atteint avec les mesures lancées et annoncées. Selon l'étude, l'aviation contribue à hauteur de 4% au réchauffement climatique, dont 2,5% sont imputables aux seules émissions de CO2.

Le porte-parole de Swiss indique que l'optimisation de la consommation de kérosène a lieu en vol comme au sol:

«Lors du roulage vers la piste de décollage, nous ne démarrons le deuxième moteur que dans un second temps, juste avant le décollage. Cela permet d'économiser du carburant»
Michael Stief

La descente et l'approche se font si possible avec les réacteurs au ralenti, et l'équipage du cockpit veille à une faible résistance lors des aides à la portance pour l'atterrissage.

«Après l'atterrissage, nous coupons les réacteurs non utilisés pour le roulage pour le temps de refroidissement»
Michael Stief

En outre, Swiss mise sur une modernisation continue de sa flotte et sur l'utilisation de carburants d'aviation durables, les fameux «SAF», explique Michael Stief. La compagnie aérienne a équipé sa flotte de Boeing 777 des longs courriers économes en carburant.

Toutefois, le cas de la nouvelle cabine qui doit être installée dans les avions long-courriers à partir de 2025 montre que la durabilité n'est pas toujours la première priorité de Swiss. Dans ces 14 avions A330, les luxueux sièges chauffants de première classe ainsi que l'écran de télévision XL sont si lourds que l'installation de plaques de plomb à l'arrière de est nécessaire pour assurer l'équilibre. On parle ici de 1,5 tonne supplémentaire à faire voler. De quoi relativiser les autres mesures.

(Traduit et adapté par Chiara Lecca)

«Mayday, Mayday, Mayday!»: un vol de Swiss lance un appel de détresse
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