«Votre télécommande doit être mise à jour», annonçait il y a peu la blue TV de Swisscom à ses clients. Une opération obligatoire si l'utilisateur veut continuer à regarder la télévision. Un nom s'affiche dès lors à l'écran: Google. Oui, car pour aller plus loin, il faut accepter les conditions d'utilisation du géant américain.
Qu'est-ce que tout cela signifie? Éléments de réponse.
Pour Carmela Troncoso, professeure associée en sécurité et protection de la vie privée à l'EPFL, «ce que cela veut dire exactement et quelles données personnelles sont réellement collectées reste obscure». Elle précise également que, selon de récentes recherches menées à ce sujet, les comptes liés aux appareils contiennent beaucoup plus d'informations sur les utilisateurs que ce qui est initialement annoncé.
Cités par le Tages-Anzeiger, plusieurs clients ont fait part de leur inquiétude face à la nouvelle mise à jour et craignent pour leurs données personnelles. «Je comprends que Google soulève des craintes et que certains puissent être mécontents car ils ont choisi une marque suisse, basée en Suisse, et qu'ils auraient souhaité que cela reste ainsi», souligne la professeure de l'EPFL.
Changer ses conditions d'utilisation et rendre obligatoire leur acceptation n'est cependant pas nouveau. Une «mode critique de nos jours», poursuit l'experte, qui concède que la décision de Swisscom est «controversée»:
Swisscom assure néanmoins que les données récoltées sont anonymes. De quoi rassurer? «Google est connu pour utiliser une anonymisation peu idéale», répond Carmela Troncoso, car elle permet tout de même d'établir le profil des utilisateurs et d'éventuellement retrouver leur identité.
«La confiance de nos clients est au cœur de nos préoccupations», affirme Alicia Richon, porte-parole de Swisscom, assurant que l'entreprise de télécommunication n'envoie pas de données à Google lors de l'utilisation normale de la télévision.
Et de toutefois confirmer que le géant américain peut bel et bien collecter des données telles que la localisation approximative ou les identifiants des appareils lorsque l'utilisateur est actif dans l'écosystème Google, c'est-à-dire s'il utilise des applications comme YouTube.
«Google ne peut cependant pas tirer de conclusions sur le client à partir de ces données et ne reçoit de Swisscom ni données d'utilisation ni autres données client», répond Alicia Richon, précisant que des données telles que la localisation peuvent être désactivées ultérieurement.
Quant à la modification du contrat, Swisscom déclare qu'il n'y a aucun changement, car la télévision peut être utilisée sans se connecter à Google. Et d'ajouter:
De manière générale, «la situation juridique interpelle», pointe le Tages-Anzeiger. En effet, selon la loi sur les télécommunications, les exploitants de réseaux peuvent traiter les données des clients sans leur consentement uniquement dans des cas exceptionnels. L'Office fédéral de la communication ne peut cependant pas contrôler la manière dont les exploitants de réseaux transmettent les données et n'intervient que s'il y a une infraction à la loi sur les télécommunications.