Finley, 17 ans et trans, estime que l'UDC soutient une «décision stupide»
Qui suis-je? Et qui ai-je envie de devenir? Finley Berger*, 17 ans, a parfois du mal à trouver les mots pour dire ce qu'il traverse. Dans ces moments, il se tourne vers sa tablette et dessine. L'art, confie-t-il, l'aide à apprivoiser ce qui est difficile.
C'est aussi pour cela qu'il a choisi de réaliser un autoportrait plutôt que de poser pour une photo destinée à illustrer cet article.
Finley a déjà traversé bien des épreuves. Ce jeune Suisse n'a accepté de raconter son histoire qu'à condition de rester anonyme. Un récit qui tourne autour de deux pronoms: «elle» et «il».
Finley est né fille. Mais très tôt déjà, il sent que quelque chose ne va pas, comme il le formule lui-même. Il ne se sent pas à sa place, pas bien dans son corps.
C'est à l'école primaire, notamment en découvrant des vidéos sur les réseaux sociaux, qu'il commence à comprendre ce qui lui arrive: il est transgenre. Il ne se sent donc pas appartenir au sexe qui lui a été attribué à la naissance.
Les personnes transgenres deviennent un enjeu politique
Depuis quelques mois, les jeunes comme Finley se retrouvent au cœur d'un débat politique. Début juillet, la directrice de la santé zurichoise, Natalie Rickli (UDC), a appelé publiquement la Confédération à interdire au niveau national les opérations de changement de sexe chez les mineurs.
Son collègue bernois Pierre-Alain Schnegg, également membre de l'UDC, a aussitôt soutenu cette revendication. La conseillère nationale UDC Nina Fehr Düsel entend désormais la porter devant le Parlement.
Ces responsables politiques se disent préoccupés par l'augmentation des opérations de changement de sexe observé depuis quelques années. Il faut toutefois préciser qu'une infime minorité concerne des mineurs: en 2023, 555 interventions de ce type ont été pratiquées en Suisse, dont seulement 34 chez des patients de moins de 18 ans.
Il s'agit presque toujours de mastectomies. En 2023, aucune opération génitale n'a été réalisée sur des mineurs. L'augmentation marquée du nombre de chirurgies mammaires, y compris chez des personnes transgenres adultes, explique en grande partie la forte progression des interventions de changement de sexe observé ces dernières années.
Une interdiction serait «une décision stupide»
Finley suit de près ces débats, qui l'inquiètent. Il reproche aux responsables politiques de faire de la politique sur le dos d'une toute petite minorité de jeunes.
Il dit craindre que cela n'entraîne davantage de suicides parmi les personnes concernées. Au début de l'année, l'adolescent a changé de nom et de sexe. Il ne souhaite pas révéler le nom qu'il portait auparavant en tant que fille.
Il a également réfléchi à une hormonothérapie et à une éventuelle opération. Le fait que son corps présente des caractéristiques sexuelles féminines le préoccupe beaucoup. Finley a une silhouette menue et de courts cheveux bruns. Pendant l'entretien, il serre dans ses mains une petite souris en peluche, qu'il a amenée comme «soutien émotionnel».
Mais même si un traitement hormonal ou, dans certaines conditions, une opération étaient aujourd'hui légalement possibles, Finley ne peut y recourir pour le moment — uniquement pour des raisons financières, dit-il. Ces soins sont en principe couverts par l'assurance de base, mais ne sont pas gratuits en raison de la franchise et du reste à charge. Or Finley, qui effectue un apprentissage dans une imprimerie, dispose de ressources limitées.
«Je ne veux rien précipiter»
Il ne peut pas non plus compter sur le soutien de ses parents. Même s'il n'a pas abordé le sujet de manière explicite, son père lui fait régulièrement comprendre qu'il n'accepte pas sa transition vers le genre masculin.
Ses parents sont également opposés aux thérapies, raison pour laquelle il n'en suit aucune, même s'il le souhaiterait. Son cas illustre à quel point la situation peut être difficile pour ces jeunes lorsque l'entourage ne soutient pas leur désir de transition.
Finley aimerait avoir plus de soutien, comme cela transpire clairement au cours de la conversation. Des gens qui le comprennent et l'acceptent.
Il souhaiterait également être accompagné pour prendre les bonnes décisions. L'idée de commencer un traitement à la testostérone, voire de subir une mastectomie, lui fait peur: que se passerait-il s'il ne se reconnaissait plus dans son nouveau corps?
«Je prends mon temps, je ne veux rien précipiter», affirme Finley. Et malgré tous ses doutes et ses combats intérieurs, il le dit: «Je crois que mon moi plus jeune serait fier de moi.»
*Nom d'emprunt
Traduit et adapté par Noëline Flippe
