On entend souvent que les générations Y et Z sont paresseuses, mais exigeantes au travail. Autrement dit, qu’elles souhaitent travailler peu tout en gagnant beaucoup.
Une nouvelle étude publiée par AXA Assurances sur le marché de l'emploi des PME a examiné dans quelle mesure ces préjugés à l'égard des jeunes générations étaient effectivement valables. Le résultat devrait en surprendre plus d'un.
Tout d'abord, l'étude a constaté que la pénurie de main-d'œuvre qualifiée reste un problème majeur pour les PME suisses en 2024. Plus de 40% ont indiqué que c'était là le plus grand défi. De nombreuses petites et moyennes entreprises ressentent le manque de main-d’œuvre qualifiée dans le comportement de leurs employés.
C'est ce que font les PME selon l'étude, avec des solutions telles que l'offre d'une plus grande flexibilité dans le taux d'occupation et le temps de travail: environ la moitié de toutes les entreprises interrogées (48%) ont ainsi indiqué qu'elles proposeraient plus de postes à temps partiel en 2024 afin de pouvoir recruter suffisamment de collaborateurs. 47% offrent plus de flexibilité dans l'organisation, comme le travail à domicile ou le temps de travail basé sur la confiance.
Jusque-là, on pouvait s'y attendre. Mais l'étude montre aussi que le préjugé selon lequel c'est surtout la jeune génération qui accorde une grande importance à des choses comme l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée et qui veut exclusivement le «beurre et l'argent du beurre» ne serait que partiellement vrai.
Une comparaison entre les générations montre que les jeunes travailleurs (moins de 30 ans) n’auraient pas des exigences plus élevées que les générations plus âgées (plus de 30 ans). Souvent, cette jeune génération en aurait même de plus modestes – c'est du moins ainsi que leurs employeurs les perçoivent.
Un tiers des employeurs interrogés ont déclaré que l'épanouissement personnel était plus important pour la jeune génération que pour la génération plus âgée. Cependant, 22% d'entre eux ont affirmé l’inverse.
L'étude montre aussi que les générations plus âgées auraient plus ou moins les mêmes exigences. Ainsi, selon les employeurs, un équilibre sain entre vie professionnelle et vie privée, des modèles de temps de travail flexibles ainsi que des hiérarchies horizontales auraient pratiquement la même importance pour les deux groupes d'âge.
Selon les PME, la différence la plus nette concerne le salaire comme facteur de décision. Les résultats montrent que les générations plus âgées accorderaient plus d'importance à la rémunération que les jeunes générations (50% contre 24%). Les travailleurs plus âgés attendraient donc une plus grande reconnaissance matérielle de leur travail que les générations Y et Z.
Selon les indications des PME, les aspects immatériels tels que l'estime (54% contre 15%), l'esprit d'équipe (46% contre 13%) et le savoir-vivre (34% contre 12%) seraient également plus souvent exigés par la génération plus âgée.
Contrairement à la perception collective, les résultats des PME interrogées montrent donc que les jeunes collaborateurs demanderaient moins de contrepartie pour leur engagement.
L'étude confirme toutefois le cliché des «jeunes paresseux» sur un point. Les entreprises interrogées indiquent, en effet, que ce sont plutôt les jeunes qui en feraient le moins et qui se contenteraient de «faire le job». La jeune génération se montrerait donc moins responsable et moins disposée à fournir des prestations que ses collègues plus âgés.
Il existe de grandes différences dans l'évaluation de la loyauté envers l'entreprise.
Pour finir, l'enquête a voulu savoir si la jeune génération était plus sujette à des problèmes de santé mentale. Une majorité de PME (53%) ne constate aucune différence entre les groupes d'âge sur ce point. Les maladies psychiques auraient donc un impact sur la vie professionnelle indépendamment des générations.
Traduit et adapté de l'allemand par Léon Dietrich