Ce mercredi, l'entreprise suisse se félicitait de son succès. Elle ne communique plus le nombre exact d'usagers, mais il y en aurait «bien plus de 5 millions». La progression a donc ralenti et, dix ans après le lancement, l'application semble avoir atteint tous ses potentiels utilisateurs.
Mais leur nombre ne révèle pas grand-chose à lui seul. On ne peut pas comparer une personne qui verse une fois par mois de l'argent de poche à ses enfants et une autre, qui twinte presque tous les jours à la caisse. C'est pourquoi le nombre de transactions ou leur fréquence importe davantage au moment de tirer un bilan:
Ce qui représente 31% de plus que l'année précédente. En 2024, 75% des paiements ont eu lieu dans le commerce, 25% entre des particuliers.
«C'est dans les magasins que l'on constate la plus forte croissance», explique un porte-parole. Cela s'explique en partie par le widget sur smartphone qui simplifie l'opération, et par l'intégration de cartes de fidélité comme la Supercard de Coop et la Cumulus de Migros.
L'entreprise affirme également avoir «fortement progressé» en ce qui concerne le e-commerce. Digitec Galaxus confirme un attrait grandissant pour Twint dans les boutiques en ligne: «La part pour ce moyen de paiement a augmenté chez nous en 2024», explique un porte-parole. Une année auparavant, Twint représentait déjà plus d'un paiement sur trois chez Galaxus, alors qu'en 2018, ce chiffre n'atteignait que 13%.
L'année dernière, 25% des transactions ont eu lieu entre amis ou au sein de la famille. Les transferts aux caisses des magasins, aux marchés à la ferme, sur des boutiques en ligne et autres, importantes pour Twint, ont représenté 75%. A titre de comparaison ce chiffre n'atteignait que 65% en 2022. La société ne touche une commission - entre 0,4 et 1,5% - que sur ces paiements commerciaux. Les frais, et pas seulement pour l'application, sont un sujet qui fâche.
De manière générale, on observe un usage toujours plus diversifié: en 2024 par exemple, les domaines de la mobilité et des transports publics ont comptabilisé environ 77 millions d'opérations. L'année dernière, les utilisateurs ont en outre récupéré environ «11 millions de francs parce qu'ils ont pu payer leur temps de stationnement à l'avance et à la minute près grâce à Twint».
Un autre élément souligne à quel point la population s'est emparée de l'outil: plus de 40 000 associations et organisations d'utilité publique l'utilisent, pour collecter des dons, les frais d'adhésion ou lors d'événements.
Mais il manque toujours une fonction pourtant réclamée de longue date par les clients: le paiement sans contact au terminal de caisse. L'an dernier et sous la pression de l'UE, Apple a dû ouvrir sa technologie NFC (réd: Near Field Communication) sur iPhone à d'autres applications pour du sans contact. Mais uniquement dans l'Espace économique européen (EEE), et donc pas en Suisse. Alors qu'en Norvège, l'application Vipps sert d'alternative à Apple Pay, en Suisse, il faut encore attendre. Car Apple continue de bloquer la NFC ici afin de protéger son outil de la concurrence. Ce à quoi Twint répond:
L'année passée, la Commission suisse de la concurrence (Comco) misait sur le fait qu'Apple appliquerait dans notre pays les mêmes règles que dans les autres pays européens. Ce n'est pas le cas jusqu'à présent. «La Comco continue à espérer, mais elle ferait mieux de passer à l'offensive», demandait déjà la Stiftung für Konsumentenschutz (réd: l'équivalent alémanique de la FRC) en juillet dernier. Car:
Outre Twint et Apple, il faudrait, toujours selon l'organisation, d'autres prestataires d'envergure pour secouer le marché suisse.
Twint affirme «offrir à la Suisse une certaine indépendance vis-à-vis des groupes de paiement mondiaux et des géants de la technologie avec leurs "wallets"». L'application est effectivement parvenue à s'imposer jusqu'à présent face aux groupes étrangers. Même s'ils ont gagné un peu de terrain.
Twint reste leader dans son domaine. Mais selon le Swiss Payment Monitor 2024 des hautes écoles de la ZHAW et de l'Université de Saint-Gall, il perd des parts de marché au profit des grands noms de la tech. Il n'en demeure pas moins que la Suisse dispose de sa propre solution de paiement mobile, ce que des nations bien plus étendues n'ont pas réussi à faire. En Allemagne, ce sont des groupes américains comme PayPal, Apple ou Google qui se disputent le marché.
A l'inverse, Twint a fait son trou en Suisse. 81% des magasins physiques la proposent, et 84% des enseignes en ligne.
Inconvénient majeur ou mineur, c'est selon: le service n'est disponible que sur le territoire.
Il est en outre déjà possible de «payer avec Twint sur de nombreuses plateformes internationales comme Airbnb, Booking ou Zalando».
(Traduit de l'allemand par Valentine Zenker)