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Soin des Ukrainiens: Cassis critiqué par ses prédécesseurs

«C'est choquant!»: Cassis critiqué par d'anciens conseillers fédéraux

La guerre en Ukraine ne fait pas que des morts, le nombre de blessés augmente également. Le département des Affaires étrangères d'Ignazio Cassis a refusé une demande de l'Otan à la Suisse d'accueillir des Ukrainiens blessés. Raison invoquée: La neutralité. Qu'en pensent les anciens conseillers fédéraux?
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21.07.2022, 06:29
Anna Wanner et Henry Habegger / ch media
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En principe, les anciens membres du gouvernement se gardent bien de critiquer leurs successeurs. Mais Ruth Dreifuss (PS) et Didier Burkhalter (PLR) ont rompu le silence.

Ils ont été provoqués par l'argumentation du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) sur les raisons pour lesquelles la Suisse ne peut pas accueillir des Ukrainiens blessés ou malades. Ruth Dreifuss et Didier Burkhalter ont expliqué à CH Media pourquoi la Suisse allait bientôt devoir être obligée d'aider les Ukrainiens et de les soigner dans les hôpitaux du pays.

L'élément déclencheur est un article de Tamedia qui a rendu publique, lundi, une décision du DFAE: la Suisse n'accueillera pas de personnes blessées en provenance d'Ukraine. Depuis le début de l'invasion russe contre l'Ukraine, le nombre de morts et de blessés ne cesse d'augmenter.

L'ONU a publié il y a une semaine les estimations les plus récentes, selon lesquelles plus de 5000 personnes ont été tuées et 6520 blessées, dont au moins 962 femmes et 533 enfants.

Der neu gewaehlte Bundesrat Ignazio Cassis, FDP-TI, links, und der scheidende Bundesrat Didier Burkhalter, rechts, feiern nach der Ersatzwahl fuer den Bundesrat durch die Vereinigte Bundesversammlung  ...
Le conseiller fédéral Ignazio Cassis accorde plus d'importance à la neutralité qu'à la tradition humanitaire. Son prédécesseur et collègue du parti libéral-radical, Didier Burkhalter, estime que c'est une erreur.image: KEYSTONE/TI-PRESS

Le DFAE et l'Office fédéral de la santé publique ont dit «non»

Mais la prise en charge des blessés est bloquée, notamment parce que les hôpitaux sont surchargés ou détruits. Par l'intermédiaire du Centre de coordination euro-atlantique de réponse aux catastrophes de l'Otan, qui coordonne l'aide médicale, la Suisse a également reçu une demande en mai pour accueillir des blessés. Les cantons ainsi que les hôpitaux auraient réagi positivement. Mais le DFAE, en collaboration avec l'Office fédéral de la santé publique (OFSP), a décidé de ne pas agir dans ce sens.

Le DFAE déclare à ce sujet que les départements et offices fédéraux concernés ont clarifié si la Suisse pouvait également accueillir des blessés dans ce cas. Son aide et son engagement humanitaire apportait en principe un soutien meilleur et plus efficace sur place que si les patients étaient accueillis en Suisse.

La Suisse a également aidé les Kosovars blessés

Le DFAE fait également valoir des «obstacles liés au droit de la neutralité», car il s'agit de «l'admission de patients militaires» et qu'il n'est guère possible de faire la distinction entre patients civils et militaires.

Interrogée par CH Media, l'ancienne conseillère fédérale Ruth Dreifuss a répondu à cette argumentation de manière très ferme. Elle a expliqué pourquoi la Suisse devait accueillir et traiter les blessés ukrainiens. Tout d'abord: parce que le pays le peut.

Ruth Dreifuss, ancienne conseillere federale et membre de la Commission globale de politique en matiere de drogues, s'exprime lors d'une conference de presse a l'occasion du le local d& ...
L'ancienne conseillère fédérale Ruth Dreifuss (PS).image: keystone

Mais la Confédération a refusé la demande du centre de coordination de l'Otan, bien que celui-ci ne comprenne pas seulement des pays de l'Otan, mais aussi des membres du Partenariat pour la paix. «L'une des raisons pour lesquelles la Suisse a adhéré en 1996 était de participer à des activités humanitaires.»

La socialiste avait elle-même participé à l'aide humanitaire suisse. Lorsque la guerre a éclaté au Kosovo en 1999, elle a promis, dans une déclaration à l'Assemblée fédérale, que la Suisse apporterait son aide.

La réputation d'Henri Dunant et les devoirs de la Suisse

Dreifuss a démonté l'argumentation du DFAE selon laquelle la Suisse, en tant que pays neutre, doit garantir que les soldats traités en Suisse ne retournent pas au combat. Cette exigence est inscrite dans l'article 37 de la Première Convention de Genève. L'ancienne conseillère fédérale a écrit:

«La prise de position du DFAE en tire la conclusion trompeuse que la Suisse serait alors obligée d'interner ces soldats pour les empêcher de rejoindre l'armée ukrainienne»
Ruth Dreifuss, ancienne conseillère fédérale (PS).ch media

Le commentaire de l'article 37 précise que «chaque fois que cela est possible, les puissances neutres devraient envisager d'autres solutions comme, par exemple, l'obligation pour la personne concernée de se présenter régulièrement à un poste de police».

Dreifuss a jugé «particulièrement choquant» l'argument selon lequel on ne peut pas non plus aider les civils parce qu'ils ne se distinguent pas clairement des soldats, certains d'entre eux ayant également pris les armes pour défendre leur pays.

«Le devoir de soigner les malades et les blessés militaires ou civils qui ne peuvent être soignés en raison d'une guerre doit primer sur toute autre considération. N'était-ce pas le message d'Henri Dunant sur le champ de bataille de Solférino?»
Ruth Dreifuss, ancienne conseillère fédérale (PS).ch media

Si les hôpitaux sont prêts à traiter les blessés et les malades ukrainiens, la Confédération ne doit pas seulement leur en donner l'autorisation, a exigé l'ancienne conseillère fédérale. Elle doit organiser «le transfert des malades et des blessés d'un pays martyrisé vers un port sûr où ils pourront être soignés».

Didier Burkhalter, qui a affirmé s'être retiré de la vie politique, s'est voulu moins critique que sa consœur du PS. Il a tout de même également contredit l'argumentation de son ancien département. A savoir que le membre du PLR ne s'est exprimé que par principe, car il ne connaît ni le cadre ni les considérations de la décision.

Il a souligné le fait que la tradition humanitaire soit «respectée dans le monde entier» et que la Suisse se devait de faire de même pour accueillir les personnes blessées. Concrètement, elle devrait rester ouverte à l'accueil de toutes les personnes qui ont besoin de soins, quel que soit leur camp dans la guerre. Il a ajouté que l'accueil des blessés comme celui des réfugiés n'avait «rien à voir avec la neutralité» mais était:

«Une question de considérations humanitaires fondamentales»

En conclusion, Burkhalter se dit convaincu «que le gouvernement suisse doit partager l'essentiel de ces réflexions et qu'il orientera ses prochaines décisions en fonction des principes humanitaires». Car ceux-ci sont en grande partie nés dans notre pays.

(aargauerzeitung.ch)

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