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Comment la guerre en Ukraine a impacté la Suisse en 2022

Comment la guerre en Ukraine a impacté la Suisse en 2022

Cette année a encore été une année de crise. La guerre en Ukraine, la crise climatique et l'inflation ont secoué le pays et soulevé quelques incertitudes, dans le paysage politique suisse, mais aussi chez les citoyens. Rétrospective.
27.12.2022, 18:56
Maja Briner / ch media
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Après deux années de crise dues au Covid, la Suisse espérait retrouver une forme de normalité et de calme pour l'année 2022. Mais il en a été tout autrement. Le 24 février dernier, la Russie a attaqué l'Ukraine, déclenchant ainsi une guerre en Europe qui a également fortement marqué la politique suisse et à différents niveaux tant positifs que négatifs.

La solidarité de la Suisse

La guerre en Ukraine, arrivée brutalement, a suscité une grande consternation certes, mais aussi une grande solidarité en Suisse, qui se poursuit encore aujourd'hui. La Confédération a accueilli environ 70 000 réfugiés ukrainiens avec le «statut de protection S» au début du conflit. De plus, l'engagement de la population civile a été important, car nombreux ont été accueilli par des particuliers.

Le Conseil fédéral, inquiet, a rapidement condamné l'attaque russe. «Aujourd'hui est un jour triste, comme nous n'en avons pas vu depuis longtemps. Un jour comme nous ne voulions plus jamais en voir» avait déclaré Ignazio Cassis, président de la Confédération le 24 février dernier.

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Dans la vieille ville d'Arbon, Thurgovie, des drapeaux ukrainiens avec une colombe de la paix sont accrochés.image: AZ/Reto Martin

La sécurité au centre des préoccupations

Avec la guerre, d'autres thématiques sont soudain passées au premier plan. «En l'espace de quelques jours, les priorités et les préoccupations ont changé», se souvient le conseiller national Franz Grüter (UDC). A commencer par la politique de sécurité qui a suscité un nouvel intérêt chez les Suisses, notamment avec l'augmentation des demandes concernant les abris antiatomiques souvent moqués auparavant.

Sur le plan politique, deux mesures remarquables ont été prises par la Confédération:

  • Premièrement, la ministre de la Défense Viola Amherd a publiquement suggéré aux initiateurs de retirer leur initiative populaire contre les avions de combat F-35 — «une première», selon Claude Longchamp, observateur politique expérimenté.
  • Dans un deuxième temps, le Parlement a massivement augmenté le budget de l'armée, qui devrait s'élever à au moins 1% du produit intérieur brut d'ici 2030 pour passer de 5,3 milliards à environ 9,4 milliards. Une augmentation aussi importante n'aurait pas trouvé de majorité sans la guerre en Ukraine.

La Suisse craint le black-out

Vladimir Poutine ayant fermé le robinet du gaz, la Suisse craint pour son approvisionnement énergétique, rendant sa dépendance vis-à-vis de l'étranger plus évidente que jamais. De nombreuses mesures et conseils ont été communiqués aux citoyens. «Dans un premier temps, il y a eu de la fébrilité et de l'incertitude», explique Longchamp, «puis une certaine stratégie s'est dessinée».

Une réserve de force hydraulique a été mise en place par le Conseil fédéral et l'installation de la centrale à gaz de Birr a été lancée. Malgré une certaine décontraction, les experts appellent à la prudence pour cet hiver, car la Russie pourrait ne pas fournir de gaz à l'Europe pour l'année 2023/2024.

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L'approvisionnement en énergie est un sujet qui préoccupe les politiques.image: keystone

Sous pression, la politique accélère le mouvement

Le Parlement se met lui aussi en mode turbo pour accélérer le développement des énergies renouvelables. L'offensive solaire, par exemple, est votée par les deux chambres en une seule session. Irène Kälin, présidente du Conseil national pour 2021/22, s'est réjouie de cette décision. «Bien que nous ayons tendance à avoir des structures lentes, nous pouvons agir rapidement en situation de crise», avait-elle déclaré. D'autres font toutefois remarquer qu'il ne faut pas s'habituer aux procédures extraordinaires à la va-vite.

La Suisse cherche sa place dans le monde et la trouve en Europe

C'est l'une des questions politiques les plus importantes dans notre pays après le début de la guerre: la Suisse doit-elle adopter les sanctions de l'UE contre la Russie? Après quelques tergiversations, des critiques et la pression des différents partis, mais aussi des citoyens, le Conseil fédéral s'est finalement aligné à l'UE. Cette décision a toutefois irrité l'UDC, qui a estimé que cette mesure signifiait la fin de la neutralité suisse. Ce qui a amené le doyen de l'UDC, Christoph Blocher, a lancé une initiative sur la neutralité.

En adoptant les sanctions, la Suisse s'est rangée du côté de l'Occident, même si, pour des raisons de neutralité, elle ne livre pas d'armes et empêche leur transmission, du moins sur le territoire suisse. Face aux tendances autoritaires de la Chine, le pays s'est à nouveau concentré davantage sur l'Europe.

La hausse des prix inquiète, mais la politique freine

La hausse des prix de l'électricité, des primes d'assurance maladie et de l'inflation provoque une certaine fébrilité sur la scène politique. Les revendications sont nombreuses: réduire le prix de l'essence, augmenter les rentes AVS et les réductions de primes, atténuer les prix élevés de l'énergie. Jusqu'à présent, l'activisme politique s'est largement essoufflé, notamment parce que les pires craintes ne se sont pas concrétisées et que l'inflation est nettement plus faible qu'à l'étranger. Le débat devrait se poursuivre en 2023, car cette hausse des prix a un impact sur le porte-monnaie des citoyens, et en particulier ceux à faibles revenus.

La recherche de compromis fonctionne mieux que par le passé

Lors de la pandémie de Covid, le ton est parfois monté, surtout du côté de l'UDC, qui s'est insurgé contre la prétendue «dictature» du Conseil fédéral. En 2022, les débats ont été en grande partie plus conciliants. Malgré la plus grande vague de réfugiés depuis la Seconde Guerre mondiale, l'UDC se garde bien, dans sa grande majorité, de faire monter la température contre les Ukrainiens en quête de protection. Et selon le politologue Claude Longchamp, la Suisse trouve plus facilement de compromis «que par le passé».

Die neu gewaehlten Bundesraete Elisabeth Baume-Schneider SP-JU, links, und Albert Roesti, SVP-BE, freuen sich zusammen nach der Ersatzwahl in den Bundesrat durch die Vereinigte Bundesversammlung, am M ...
L'élection du Conseil fédéral se déroule elle aussi sans perturbations, à l'image de l'élection des nouveaux conseillers fédéraux Elisabeth Baume-Schneider (PS) et Albert Rösti (UDC).image: keystone

Mais les choses pourraient changer avec les élections nationales l'an prochain. Le politologue Claude Longchamp ose un premier pronostic. Selon lui, «la vague verte montre des signes d'essoufflement», notamment à cause de la guerre en Ukraine. Alors qu'en 2019, le changement climatique était à l'ordre du jour, il s'agit maintenant de trouver des solutions, et là, les Verts libéraux ont un avantage. «Ils ont plus de chances de proposer des compromis susceptibles de réunir une majorité», conclut-il.

Les jeunes manquent de confiance

La pandémie, puis la guerre en Ukraine, sans oublier la crise climatique, ont suscité de grandes inquiétudes chez la jeune génération. «La politique établie réagit avec confiance aux défis. Les jeunes, en revanche, envisagent le futur avec pessimisme», a rétorqué Claude Longchamp. Selon le baromètre de la jeunesse, les plus jeunes n'ont jamais autant manqué de confiance en eux et en l'avenir. A tel point qu'il est possible «qu'une génération de crise se dessine». Une situation qui pourrait avoir des conséquences politiques: dans les années 1980, le mouvement vert est né de cette situation.

La Suisse, finalement pas si mal

Malgré toutes les perspectives sombres et les incertitudes, la Suisse se porte très bien en comparaison avec d'autres pays. En tant que présidente du Conseil national en 2022, Irène Kälin a participé à plusieurs rencontres à l'étranger et s'est également rendue en Ukraine. Ce qui lui a permis «d'apprécier davantage notre démocratie et la chance que nous avons par rapport à d'autres pays».

Irene Kaelin, President of the Swiss National Assembly, center, surrounded by members of the Ukrainian military, leaves the Hostomel airfield near Kiev, Ukraine, which was destroyed by Russian invader ...
Irène Kälin lors de sa visite en Ukraine fin avril 2022.image: keystone
Un nouveau foyer pour des enfants ukrainiens
Video: watson
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