Après plusieurs années de travail et des heures de recherches, menées jour et nuit dans un laboratoire veveysan, Daniel Peter trouve enfin le bon mélange de sucre, de lait et de cacao. Nous sommes en 1875 et ce Willy Wonka suisse vient d'inventer le chocolat au lait.
Pourtant, rien ne le prédisposait à un tel destin. Né en 1936 à Moudon, ce fils de boucher débute sa carrière par un apprentissage chez Madame Clément, une veuve qui possède une épicerie à Vevey dans laquelle se vendent, entre autres, du tabac et des bougies, retrace 24 Heures. L'histoire est cependant déjà en marche: les locaux de l'entreprise se trouvent en face d'un certain Henri Nestlé.
Daniel Peter reprendra les rênes de la boutique quelques années plus tard avec son frère. Seulement voilà: l'expansion du gaz et du pétrole met à mal les affaires de la fratrie. Le Vaudois doit se réinventer et les planètes s'alignent à nouveau: il épouse la fille du chocolatier François-Louis Cailler, puis s'associe avec son beau-père pour créer la société Peter-Cailler et Cie, en 1867.
A 31 ans, l'entrepreneur est convaincu que «le chocolat doit s'implanter dans les foyers». Mais la concurrence de l'époque est rude et il est essentiel de se démarquer. Daniel Peter doit donc trouver la recette qui fera toute la différence.
L'idée, il l'a depuis des années: rendre facilement exportable le chocolat liquide, une boisson à la mode qui a toutefois du mal à voyager. Dans ses carnets, le Veveysan note les détails de chacun de ses essais, qui resteront longtemps des échecs. Jusqu'au jour où il trouve enfin la solution pour créer les fameuses tablettes de chocolat: assécher le lait. Son ancien voisin, Henri Nestlé, lui fournira la poudre lactée, qui sera mélangée avec du sucre blanc et du cacao.
La friandise, commercialisée dès 1876, rencontre un véritable succès. La France ira jusqu'à décerner la médaille d'argent à Daniel Peter lors de l'exposition universelle de Paris. Le public est conquis et les exportations de chocolat suisse bondissent.
Quelques années plus tard, après le décès de François-Louis Cailler, son petit-fils Alexandre-Louis se promène en Gruyère. A la tête de la chocolaterie, il cherche un nouvel endroit pour implanter l'entreprise. Cette dernière ouvrira ses portes à Broc en 1899.
Aujourd'hui, 44 éleveurs de vaches fournissent l'entier de leur production à la chocolaterie Cailler, la plus ancienne en activité dans le pays. Une fierté pour Vincent Maudonnet, l'un des producteurs, qui s'est exprimé au micro de TF1:
Si vous jetez un coup d'oeil, vous verrez que sur les plaques, il est bel et bien mentionné «chocolat au lait des Alpes suisses». Une gourmandise fabriquée selon la recette de Daniel Peter. Celle qui a bel et bien fait toute la différence.