La Suisse se bouge pour lutter contre les violences envers les femmes
Outil pour aider les pharmacies romandes à détecter la violence domestique dans les couples seniors, projet-pilote de surveillance des auteurs de violence domestique à Genève: outre des chiffres sur la thématique, des démarches concrètes ont été annoncées mardi à l'occasion de la Journée internationale contre les violences faites aux femmes.
Après Berne et Zurich, Genève sera le troisième canton à tester, à partir de janvier, la surveillance active des auteurs de violence domestique grâce au port d'un bracelet électronique, a indiqué le canton mardi.
La conseillère d'Etat en charge du Départements des institutions et du numérique précise: «S'il pénètre dans le périmètre, le bracelet alerte la centrale, qui appelle l'auteur pour lever le doute. Si la personne ne répond pas et ne quitte pas le périmètre, une intervention policière est lancée directement sur les lieux.»
«C'est une mesure de substitution à la détention, pour prévenir une récidive ou une collusion», a ajouté le procureur général Olivier Jornot. Selon lui, la difficulté consiste à établir des périmètres en tenant compte des personnes qui habiteraient dans des lieux proches et qui se déplaceraient beaucoup pour leur travail ainsi que du temps d'intervention de la police.
Personnel des pharmacies
La Conférence romande des bureaux de l'égalité a, elle, annoncé le lancement d'un outil à destination des pharmacies. La formation en ligne propose des clés de détection des violences comme la présence d'hématomes, des troubles émotionnels ou des abus médicamenteux.
Elle propose ensuite un protocole d'intervention basé sur un questionnement, une écoute active et du soutien à la personne, pour l'informer de ses droits et au besoin l'orienter vers une structure adaptée à la situation. Cet outil doit aider les pharmacies à mieux détecter et prendre en charge la violence dans les couples seniors.
des bureaux de l'égalité
Et de rappeler que, selon une étude réalisée par la Haute Ecole de Santé La Source et le senior-lab, le passage à la retraite constitue un moment à risque et peut exacerber une dynamique de violence préexistante ou sous-jacente. Selon des chiffres de l'OFS datant de 2024, 16% des homicides dans le cadre domestique ont pour victimes des femmes de plus de 70 ans.
Chiffres en hausse
«A Genève, une violence sur deux est une violence domestique, c'est un chiffre marquant», a relevé la ministre Nathalie Fontanet, en charge du Département des finances. Et au 31 octobre dernier, 814 interventions avaient déjà été recensées pour 2025, «ce qui laisse présager une augmentation de 50% par rapport à l'année passée», a estimé Carole-Anne Kast.
En Valais aussi, la violence domestique est en hausse. L'an passé, la police est intervenue 457 fois pour ce genre de faits. Cela représente une hausse de 21% par rapport à 2022, selon un rapport publié mardi.
Les violences conjugales représentaient dans ce canton une majorité des cas de violences domestiques en 2024, soit 93% des interventions de la police pour violences domestiques et 72% des victimes de violences domestiques reçues aux unités de médecine des violences (UMV). Les auteurs présumés sont très largement des hommes (85%). Au Tessin, la police est intervenue l'an dernier pas moins de 982 fois pour violence domestique.
Le site Stop Feminizid a recensé 25 féminicides en Suisse entre le 1er janvier et le 9 novembre. Au niveau mondial, quelque 50 000 femmes et filles ont été tuées par un proche en 2024, soit une toutes les dix minutes, a rappelé l'ONU, qui a déploré l'absence de «véritables progrès» dans la lutte contre les féminicides. (mbr/ats)
