Des mesures de prévention contre les violences domestiques existent dans le canton de Neuchâtel. Elles permettent théoriquement d’empêcher un drame comme celui du triple meurtre de Corcelles qui a coûté la vie à une mère et ses deux filles, tuées à coups de couteau par l'ex-mari et père, un ressortissant algérien titulaire d'un permis C. Divers organismes forment un filet social et sécuritaire auquel des femmes en danger peuvent s'adresser ou vers lequel être orientées.
Il n'est pas rare que le danger encouru recoupe des situations matérielles précaires, comme on le verra dans les cas de divorces ou de ruptures conjugales – la femme tuée à Corcelles était légalement séparée de son ex-mari, le suspect, depuis le mois de juin.
watson a appelé cinq services du canton du Neuchâtel pouvant porter assistance aux femmes en danger et/ou dans le besoin. Sollicité vendredi 22 août à ce propos, le procureur en charge du triple meurtre de Corcelles, Jean-Paul Ros, nous a répondu que «la femme victime bénéficiait de l’aide sociale pour elle et ses deux enfants au moment des faits, ainsi que son ex-conjoint, le suspect».👇
Le canton de Neuchâtel compte 7 GSR. Les GSR sont des services d’écoute, d’information et de conseil. Ce sont eux qui délivrent les prestations sociales sous conditions de revenu. Ils collaborent si besoin avec des organismes privés comme Caritas et le Centre social protestant. Les signaux forts ou signaux faibles témoignant de situations préoccupantes ou alarmantes, entre autres dans le domaine conjugal, peuvent être détectés à l’échelon des GSR, qui alerteront alors les services compétents de prise en charge.
Les prestations sociales versées par les GSR à un foyer de trois personnes, une femme et ses deux enfants séparés de l’ex-conjoint et père, par exemple, sont de 1570 francs au maximum pour un loyer en ville de Neuchâtel, à quoi s'ajoutent 1917 francs pour l’ensemble des trois personnes au titre des moyens de subsistance, explique Raffaele Fasano, chef de l’Office cantonal de l’aide sociale. Ces sommes peuvent être complétées par des prestations dites circonstancielles, relatives, entre autres, à des frais de santé, soit 100 francs par mois pour trois personnes.
En tout, 5000 dossiers d'aide sociale, recouvrant tout type de situation, sont ouverts dans le canton de Neuchâtel, indique Raffaele Fasano.
Le SAVI prend en charge des cas relevant de diverses infractions: violences domestiques, accidents de la route, erreurs médicales, etc.
Le SAVI dispose de deux leviers d’intervention, explique Steve Rufenacht, directeur de la Fondation neuchâteloise pour la coordination de l’action sociale (FAS), elle-même rattachée au Département de la cohésion sociale dirigé par la conseillère d’Etat Florence Nater.
La durée maximale de séjour dans ce centre d'hébergement d'urgence est de trois mois. Il est ouvert aux personnes étrangères, y compris celles en situation irrégulière en Suisse.
Comme indiqué jeudi 21 août au 19h30 de la RTS, la Brigade MPV, rattachée au Département de la sécurité dirigée par la conseillère d’Etat Céline Vara, gère actuellement «une centaine de cas de violence domestique». Elle intervient «une fois par jour».
Interrogée par la radio locale neuchâteloise RTN, Céline Vara «relève qu’avec davantage de ressources, cette brigade pourrait suivre un nombre plus élevé de situations».
Renseignement pris par watson auprès du Ministère public neuchâtelois, un officier de police judiciaire peut prononcer de son propre chef une mesure d'éloignement de dix jours contre un conjoint menaçant. S'il veut aller au-delà des dix jours, il devra en référer au Tribunal des mesures de contrainte et d'application des peines, qui pourra ordonner un éloignement de 30 jours.
Ces périodes d'éloignement ont souvent pour but de permettre à la personne menacée ou se sentant menacée de se mettre à l'abri autant que possible.
L’Orace est l’office qui procède au versement des pensions alimentaires lorsque les personnes censées les verser font défaut. Son chef, Luigi Auteri, l’affirme: «Notre office rencontre assez régulièrement des situations de violences conjugales.»
L’Orace procède en deux temps.
Pour une femme sans ressources avec deux enfants, cette prestation s’élève à 500 francs pour elle et à 500 francs par enfant, soit 1500 francs au total. Cela, pour une durée maximale de 36 mois. «En aucun cas, la personne aidée n’aura à rembourser les prestations fournies par l’Orace. L’office les réclamera en revanche au mauvais payeur», ajoute le directeur de l’Orace.
L’aide financière fournie par l'Orace n’est pas exclusive d’autres prestations sociales. Cela veut dire qu’une personne dans le besoin, ici une femme et ses enfants, peut par ailleurs toucher l’aide sociale au logement et des contributions au paiement de l’assurance maladie.
Parmi les attributions de l’OPFE figure la coordination de la lutte contre les violences domestiques. Cet office chapeaute ainsi le SAVI, le Service d’aide aux victimes. Co-chef de l’OPFE, Thomas Perret passe en revue les prestations fournies dans ce domaine par les pouvoirs publics neuchâtelois.
La lutte contre les féminicides et infanticides a tout d'une course contre la montre.