Migros dit oui le 24 novembre. Oui à l'extension de l'autoroute. Pour pouvoir remplir son mandat d'approvisionnement, elle a besoin d'une infrastructure de transport performante, affirme le détaillant dans la dernière édition de son Migros Magazine.
Un message électoral qui est accompagné de la promesse que Migros – indépendamment du résultat de la votation – «continuera à accélérer son engagement en faveur du transport de marchandises par le rail». Les pages du magazine abritent également une interview du ministre des Transports, Albert Rösti, qui, au nom du Conseil fédéral, plaide aussi pour le oui.
Migros a toujours été active sur le plan politique. Son fondateur, Gottlieb Duttweiler, a même lancé son propre parti, le Landesring der Unabhängigen (LdU), en réponse à son combat avec les autorités pour ouvrir de nouveaux magasins. Il a lui-même été conseiller national, puis conseiller aux Etats.
Mais depuis l'ère de Fabrice Zumbrunnen, qui a dirigé le groupe de 2018 à 2023, Migros s'est retirée de la politique et a réduit son lobbying. L'ancien patron du groupe ne s'était ainsi pas mêlé des débats concernant l'ouverture des magasins ou les réformes agricoles. Migros, qui était autrefois une voix importante sous la coupole du Palais fédéral, s'est pratiquement tue, du moins vis-à-vis de l'extérieur.
Elle est donc de retour. Et plus directement que jamais. Par le passé, Migros publiait rarement des consignes de vote concrètes de sa propre initiative - sauf si elle faisait partie d'un comité de vote, comme pour les heures d'ouverture des magasins dans les gares lors de la votation de novembre 2005. Migros s'est également impliquée activement lors de la votation référendaire contre le prix unique du livre en 2012 ou en 2014 contre l'initiative populaire des restaurateurs pour des taux de TVA plus bas dans les restaurants.
Aujourd'hui, Migros s'engage donc pour l'extension de l'autoroute. Son chef de la communication, Christian Dorer, avait déjà annoncé à Persönlich au début de l'été que Migros-Magazin redeviendrait «plus politique», «ce qui est en effet dans l'ADN de Migros».
Interrogée à ce sujet, Migros précise qu'elle donne ses consignes de vote «lorsqu'elle est directement concernée». C'est ce qu'elle a fait par le passé.
Migros veut donc à nouveau faire entendre sa voix, comme elle le souligne. «Nous le ferons davantage à l'avenir en fonction des thèmes abordés.»
Il est rare que des entreprises s'expriment sur des questions de vote concrètes dans notre pays. Migros n'est pas la seule. Mais la plupart du temps, les entreprises se limitent à des questions de politique sociale. Le fabricant de glaces Ben & Jerry's a par exemple soutenu le «mariage pour tous» en 2021. L'entreprise américaine, connue pour son engagement en faveur de la communauté LGBTQ, avait déjà pris position en 2021 contre une initiative du PDC, l'ancêtre du parti centriste, qui voulait consacrer le mariage comme une alliance entre un homme et une femme.
Il y a quatre ans, le vendeur de meubles suédois Ikea s'est rangé derrière une initiative pour un congé de paternité national. La même année, le géant américain des boissons Coca-Cola a fait de la publicité sur des bouteilles pour le renforcement de la loi anti-discrimination en Suisse.
Actuellement, la caisse maladie CSS se prononce en faveur d'un financement uniforme des prestations ambulatoires et hospitalières dans le domaine de la santé (Efas). Il y a trois ans, Dieter Vranckx, alors patron de la compagnie aérienne Swiss, avait critiqué la conception de la loi sur le CO2.
(Traduit et adapté par Chiara Lecca)