Les Championnats du monde de cyclisme sur route 2025 auront lieu du 21 au 28 septembre à Kigali, au Rwanda. Ce sera la première fois que le continent africain accueillera l’événement et remettra les prestigieux maillots arc-en-ciel.
Cependant, ces Mondiaux préoccupent sur le plan de la sécurité, en raison des tensions persistantes entre le Rwanda et la République démocratique du Congo. Celles-ci se sont intensifiées ces derniers mois dans l’Est de la RDC, une région frontalière du Rwanda, après la prise de Goma par les rebelles du M23, un groupe composé de soldats dissidents de l’armée congolaise.
Ces derniers, accusés de commettre des meurtres, des viols et des crimes de guerre, bénéficient du soutien du gouvernement rwandais dans leur lutte contre les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), selon l’ONU. A l’inverse, Kinshasa appuierait, d'après Kigali, les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), un groupe armé basé en RDC, et composé d’anciens génocidaires hutus ayant fui le Rwanda après le génocide perpétré contre les Tutsi.
Outre le conflit armé aux portes du pays, des doutes subsistent également quant à la capacité du Rwanda – instable économiquement, et classé 117ᵉ à l’indice de démocratie du magazine The Economist – à organiser sereinement les Mondiaux. C’est ainsi que des rumeurs ont vu le jour, évoquant un possible transfert de l’événement en Suisse, où se trouve le siège de l'Union cycliste internationale (UCI).
Toutefois, l'UCI a rapidement mis fin aux spéculations, confirmant que les Championnats du monde auront lieu à Kigali, à quelque 160 kilomètres de la frontière congolaise. «Il n'y a pas de plan B», avait ainsi affirmé David Lappartient, président de l’instance, dans une interview accordée à Cyclingnews en février. Le dirigeant tenait à rassurer.
Début juin, Samson Ndayishimiye, président de la Fédération rwandaise de cyclisme, s’est lui aussi montré positif: «Il n’y a aucune raison de s’inquiéter. Aujourd’hui, à quelques mois de l’événement, je peux confirmer avec certitude que nous sommes là où nous devons être en termes d’organisation, et même au-delà en ce qui concerne l’intérêt manifesté par les pays», a-t-il déclaré auprès de Cycling Weekly, en rappelant que le Rwanda organise chaque année son tour national, avec succès.
Cependant, Ndayishimiye a ajouté être régulièrement contacté par les fédérations nationales, préoccupées par la situation dans la région. Qu'en est-il de Swiss Cycling? «Nous faisons partie des nations participantes et nous faisons confiance à l’UCI, responsable de l’organisation. Mais il est clair que nous suivons également la situation de près et que nous agirons si nous avons l’impression que l’UCI prend une mauvaise décision», confie Franz Gallati, vice-président de la Fédération suisse de cyclisme, contacté par watson. Il précise que le contexte actuel oblige Swiss Cycling à adapter ses préparatifs.
Si la Suisse sera représentée au Rwanda, y enverra-t-elle une délégation complète, à l’instar de la Belgique? Plusieurs fédérations majeures, comme le Danemark, les Pays-Bas ou encore la France, ont déjà annoncé qu’elles feraient le déplacement avec des effectifs réduits, notamment dans les catégorie jeunes, invoquant des contraintes financières.
Ce devrait être également le cas de Swiss Cycling, ce qui tranche avec le dispositif habituel pour ce type de compétition. Le choix est dicté par des raisons financières, mais aussi à cause de la difficulté du parcours, qui ne convient qu’à une minorité de coureurs: les grimpeurs-puncheurs. «Le voyage est très coûteux, cela ne fait aucun doute. Et en même temps, le parcours est très exigeant, il comporte plus de dénivelé que celui de l’année dernière à Zurich. Pour ces raisons, nous ne présenterons probablement pas l’effectif complet dans toutes les catégories. Nous sélectionnerons uniquement les athlètes capables de bien performer sur ce tracé difficile», explique Franz Gallati.
Mais un autre facteur incite Swiss Cycling à envisager un déplacement en comité restreint en Afrique: le calendrier de la saison 2025, avec des Championnats d’Europe programmés immédiatement après les Mondiaux. Une telle proximité est inédite.
Concrètement, un coureur comme Stefan Küng pourrait se ménager pour viser la victoire en France, tant sur le contre-la-montre que sur la course en ligne, surtout que le profil du chrono de Kigali ne favorise guère les spécialistes de l'effort solitaire (quatre côtes et une arrivée en bosse).
Dès lors, que peut-on attendre de l’équipe de Suisse en septembre prochain au Rwanda? «Nous avons plusieurs athlètes qui ont le potentiel de décrocher une médaille, tant dans les équipes féminines que masculines. C’est l’un de nos objectifs», estime Franz Gallati.
Cependant, le panache et les accomplissements priment en interne sur les podiums: «Les performances sont au moins aussi importantes que les résultats. Il se peut que nos athlètes réalisent d’excellentes choses sans pour autant gagner de médailles, car le niveau mondial est de plus en plus élevé». Nous en aurons une nouvelle fois la preuve à Kigali, où seront présents Jonas Vingegaard, Tadej Pogacar et Remco Evenepoel.