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Swiss désavantage les employés et candidats romands

Swiss veut des pilotes germanophones et elle a du mal à en trouver
Swiss recherche actuellement de nouveaux pilotes pour ses projets de croissance.

Swiss refuse de changer une règle qui désavantage les Romands

La filiale de Lufthansa veut engager 100 pilotes cette année. Tous devront maîtriser l'allemand. Cette exigence est-elle vraiment justifiée? La question divise les acteurs du secteur.
13.03.2025, 05:3013.03.2025, 05:30
Benjamin Weinmann / ch media
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Ce dérapage avait fait la une des journaux en 2018. Un pilote de Swiss perdait son sang-froid lors d'un échange sur une fréquence ouverte avec la tour de contrôle. Il s'était alors mis à jurer comme un charretier, se plaignant de retards «à gerber» à l'aéroport de Kloten. En Suisse allemand. Car on ne jure guère en français dans le cockpit de la compagnie, où sont majoritairement assis des Suisses allemands et des Allemands.

Et cette situation ne doit rien au hasard. En effet, pour postuler chez Swiss tout comme chez Edelweiss, il faut maîtriser la langue de Goethe. «Cela désavantage une grande partie des Helvètes qui postulent auprès des deux plus grandes compagnies d'un pays plurilingue», juge un initié. Un Suisse alémanique ou un Allemand ne doit donc apprendre qu'une seule langue, l'anglais.

«Un Romand ou un Tessinois doit en revanche en connaître deux, l'anglais et l'allemand»

Selon la même source, c'est l'une des raisons de la croissance constante du nombre de pilotes allemands et autrichiens:

«Il faut ainsi accepter qu'il ne s'agit pas de deux compagnies suisses, mais suisses alémaniques»

La question revient aujourd'hui sur la table puisque Swiss cherche actuellement à recruter pour anticiper une croissance annoncée. Cette recherche pourrait être facilitée par la suppression de l'obligation de parler allemand.

180 nouveaux pilotes en 2023 et 2024

Aeropers, l'association des pilotes de Swiss, a dernièrement vivement critiqué l'organisation interne. Fin 2024, son président Clemens Kopetz écrivait dans le magazine interne: «La situation des effectifs est tendue». La charge de travail des pilotes augmente. Une grande frustration se fait sentir parmi eux. Et:

«Le pic reste à venir! J'ai pourtant l'impression que nous sommes déjà épuisés et à bout de souffle au bord de la route, alors que ça ne fait que commencer».

Selon la porte-parole de Swiss, Silvia Exer-Kuhn, 1361 pilotes travaillaient à la fin de l'année dernière pour la filiale de Lufthansa. En 2024, 80 membres de cockpit ont été engagés et 100 autres seront recrutés cette année. Le directeur de Swiss, Jens Fehlinger, a récemment reconnu que la recherche de personnel de cabine s'avérait moins exigeante que celle de pilotes.

Ceux-ci pourraient-ils donc être accueillis à l'avenir par un «Bonjour» plutôt que par un «Grüezi»?

«Nous maintenons l'obligation de l'allemand pour l'instant. Nous voulons ainsi éviter d'éventuels malentendus ou ambiguïtés dans la communication avec les membres du cockpit».
Silvia Exer-Kuhn

Il faut a minima un niveau B2. Le cursus des élèves-pilotes compterait désormais davantage de cours de langue.

Pas d'obligation pour l'équipage genevois

Mais Silvia Exer-Kuhn admet aussi que ce pré-requis n'est pas gravé dans le marbre. Il est «régulièrement revu». Après tout, de nombreuses entreprises suisses actives à l'international privilégient aujourd'hui l'anglais, et les Cantons se prononcent de plus en plus en faveur de l'anglais en première langue, plutôt que le français, à l'école primaire.

Et qu'en est-il de la critique selon laquelle Swiss serait avant tout alémanique? En effet, la compagnie n'exploite pas de base à Genève pour ses pilotes francophones. Exer-Kuhn affirme qu'elle se considère comme une compagnie nationale, avec des valeurs et des standards de qualité qui vont avec. Swiss se montre toutefois plus flexible pour l'équipage en cabine: les employés qui volent au départ de Genève ne doivent maîtriser que le français et l'anglais. Et depuis Zurich, seuls l'anglais et l'allemand sont exigés. Les autres langues sont rémunérées 50 francs par mois.

Selon la porte-parole, environ deux tiers des pilotes de l'entreprise ont un passeport à croix blanche. Près de 30% sont originaires d'Allemagne. Leur part a massivement augmenté en douze ans. Ils ne représentaient que 11% en 2013 et 1% en 2007.

L'association Aeropers - également basée à Kloten - doute qu'il soit réellement opportun d'assouplir les exigences quant à la maîtrise de l'allemand. Cela élargirait sans doute le cercle des candidatures, explique le porte-parole Thomas Steffen. Et on pourrait tout à fait imaginer travailler en anglais. Mais cela aurait une influence sur la sécurité aérienne.

«Lorsqu'il faut communiquer efficacement et clairement, spécialement en cas d'urgence, il est très utile que les pilotes puissent résoudre les problèmes entre eux dans leur langue maternelle»
Thomas Steffen.

En ce qui concerne la situation du personnel, Aeropers ne considère pas les compétences linguistiques comme le premier critère. Mieux vaut privilégier d'abord des conditions de travail compétitives.

Traduit et adapté par Valentine Zenker

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