Le 3 avril, la Suisse prenait connaissance avec stupéfaction des droits de douane que les Etats-Unis entendaient infliger à notre pays. Certes, ils sont (un peu) revenus en arrière, mais pour combien de temps, et avec quelle garantie? La politique commerciale états-unienne actuelle s’inscrit dans une tendance (de plus en plus protectionniste), vers un affaiblissement du multilatéralisme, et vers une fragmentation de l’économie mondiale.
Mais le problème avec tout ça c’est qu’une guerre commerciale, ça n’a jamais enrichi une population. Ça n’a jamais augmenté le pouvoir d’achat des gens, au contraire ça le diminue. Ainsi, cette nouvelle politique, si on peut l’appeler ainsi, des Etats-Unis, représente un grand défi pour une économie ouverte et tournée vers les exportations, comme l’est l’économie suisse.
A la lumière de ces récentes évolutions, la Suisse doit bien sûr réagir, mais avec discernement et sans précipitation. Il conviendra d’être attentif à ne pas jouer la facilité, au détriment de la stabilité de l’entier du système économique suisse.
D’aucuns appellent par exemple de leurs vœux la mise en place d’une politique industrielle par le biais de subventions, pour aider nos entreprises. Si une telle politique peut sembler sympathique à première vue, elle n’est en rien pérenne.
Comment expliquer, par exemple, aux verriers en Suisse, que la Confédération ne les a pas soutenus suite à la fermeture de Vetropack, alors que peu après une majorité du Parlement a voté une «Lex Gerlafingen» pour venir en aide aux aciéries? Les verreries seraient-elles moins importantes que les aciéries? Et qui va payer ces subventions? Non, le subventionnement des entreprises n’est pas une solution juste et pérenne. C’est du protectionnisme sectoriel qui se fait au détriment des autres secteurs économiques de notre propre pays.
En revanche, il y a 3 axes sur lesquels nous devons agir pour maintenir une économie saine, une économie qui puisse payer nos salaires:
S’agissant des conditions cadres, nous devons veiller à ne pas constamment augmenter les charges salariales et la bureaucratie. La Suisse est un pays qui connaît des charges salariales relativement faibles en comparaison internationale, il faut tout faire pour que ça le reste. Nous avons également une bureaucratie plus faible en comparaison avec nos voisins, mais là aussi la tendance va dans la mauvaise direction. Certes, on ne pourra jamais se passer totalement d’administration, et c’est bien normal.
Ceci dit, que ce soient nos agriculteurs, nos PME, nos indépendants, toutes et tous souffrent de bureaucratie. Rien que pour nos PME, la bureaucratie leur a coûté plus de 6 milliards de francs par an, ces dernières années. Et ce chiffre ne comprend ni les agriculteurs, ni les indépendants. 6 milliards par an: c’est trop. Et les politiques qui mènent à tant de bureaucratie ne sont pas gage d’une politique efficace.
La Suisse doit également activement poursuivre ses efforts en vue de la conclusion des accords bilatéraux avec l’Union européenne. Nous partageons avec l’Union Européenne non seulement un même continent, mais aussi des valeurs similaires, un même tissu économique, et des objectifs de sécurité qui sont, par la force des choses, intimement liés.
Or avec la conclusion des accords bilatéraux, la Suisse pourra consolider sa position dans le commerce international, garantir ses accès au marché européens, et donner aux entreprises exportatrices la possibilité de planifier leurs activités de manière sûre et pérenne.
Les développements actuels montrent l’importance pour la Suisse de développer toujours plus son réseau d’accords de libre-échange avec d’autres partenaires commerciaux, tout en défendant ses intérêts. Ceci contribue à diversifier davantage nos relations commerciales et à éviter de mettre tous nos œufs dans le même panier. En outre, cela nous permet également de mener des dialogues avec un nombre maximum de pays possibles, ce qui constitue toujours un avantage diplomatique important, notamment en temps de crise.
En conclusion, si les nouveaux droits de douane que l’administration états-unienne a voulu imposer au monde en général, et à la Suisse en particulier, nous ont bel et bien secoués, ils ne nous ont pas anéantis. Il s’agit à présent d’utiliser toutes les possibilités d’action dont nous disposons. Ainsi, nous pourrons sortir la tête haute de cette crise, tant sur le plan économique que diplomatique, tout en restant fidèle à nos valeurs.