L'idée des Jeunes Socialistes a tout pour saborder la Suisse
Il paraît qu’en Suisse, on naît avec une montre au poignet et un compte en banque déjà bien rempli. Cliché? Evidemment. Mais certains y croient encore dur comme fer. Les Jeunes Socialistes, par exemple. Leur initiative «Pour l’avenir» se présente comme un nouveau paradigme censé nous mener vers une transition climatique «socialement juste».
Leur carburant? Un impôt fédéral de 50% sur toutes les successions et donations dépassant 50 millions. Sur le papier, l’idée paraît séduisante. Dans la réalité, le titre devrait plutôt être «Pour le départ»: départ des grands contribuables, départ des entreprises, départ des emplois et, pour finir, départ de recettes fiscales.
Et elles le feront. Or, ces dernières ne sont pas de simples passagers. Aujourd’hui, 1% des contribuables paie près de 40% de l’impôt fédéral direct. Si ces piliers fiscaux quittent le navire, qui se retrouvera à la barre? La classe moyenne. Ainsi, l’impôt «contre les riches» risque de devenir un fardeau pour tous les autres, avec plus d’impôts pour certains et moins de prestations de qualité pour tous. Une illustration parfaite du tourbillon idéologique qui finit par faire couler le navire tout entier.
Franc-Parler
Chaque dimanche matin, watson invite des personnalités romandes à commenter l'actu ou, au contraire, à mettre en lumière un thème qui n'y est pas assez représenté. Au casting: Nicolas Feuz (écrivain), Anne Challandes (Union Suisse des Paysans), Roger Nordmann (conseiller stratégique, ex-PS), Damien Cottier (PLR), Céline Weber (Vert'Libéraux), Karin Perraudin (Groupe Mutuel, ex-PDC), Samuel Bendahan (PS), Claude Ansermoz (ex-rédacteur en chef de 24 Heures), Ivan Slatkine (président de la FER) et la loutre de QoQa.
Et pendant ce temps, à l’horizon, d’autres ports ouvrent leurs quais aux grandes fortunes, sans impôt sur la succession ou sur la fortune. Résultat: non seulement nous risquons de perdre les passagers déjà à bord, mais nous dissuadons aussi ceux qui songeraient à accoster. Un autogoal magistral pour notre attractivité, jetée par-dessus bord. Le Conseil fédéral a lui-même hissé le drapeau rouge en soulignant que cette initiative installe une insécurité juridique tangible et fissure, par conséquent, l’image de la Suisse, jusque-là phare de stabilité.
Mais le danger ne s’arrête pas là. L’initiative frappe en plein cœur la quille de notre économie: les entreprises familiales. Rappelons que 80% des entreprises suisses sont familiales et que près de la moitié d’entre elles prévoient une succession au sein de la famille. Et que vaut une entreprise dans les faits? Des machines, des biens immobiliers, des brevets et du savoir-faire. Pas des millions dormant sur un compte en banque, dans un coffre ou sous un matelas.
Avec un impôt confiscatoire de 50%, les héritiers n’auraient qu’une issue: vendre. Pas une voile, pas un morceau de mât, mais tout le bateau. A qui? A des fonds étrangers qui ne connaissent qu’un cap: le rendement à court terme. Et pour les employés, la traversée se termine rarement par une promotion, mais par un carton de départ. Beau progrès pour l’ancrage régional, l’emploi local et l’avenir, n’est-ce pas?
Et le climat dans tout ça? Le paradoxe est presque comique. L’objectif affiché est de financer la transition écologique. Noble cause, personne n’en doute. Mais en étranglant les entrepreneurs, on les prive précisément des moyens d’innover, de décarboner et d’investir dans des solutions durables. Conséquence: moins d’investissements, moins d’innovation et donc moins de développement durable. Une massue fiscale brandie au nom de l’écologie, qui finit par ralentir la transition écologique.
Soyons francs: taxer les héritages en Suisse à 50% ne sauvera pas la planète. Mais cela risque bel et bien de faire chavirer le pays. En détruisant l’esprit d’entreprise, en asséchant les finances publiques, en fragilisant nos PME comme les fleurons de notre économie, c’est tout un modèle de prospérité éprouvé qui se retrouve renversé par la houle.
Derrière le vernis écologique, il ne reste donc qu’une épave idéologique qui vise à dresser les générations les unes contre les autres, à opposer les riches contre les plus démunis et à fragiliser l’économie privée et donc notre prospérité. A force de vouloir corriger des injustices supposées, on finit par créer de nouvelles inégalités avec des emplois supprimés, des entreprises vendues à l’étranger et une classe moyenne noyée dans la tempête fiscale.
Oui, le climat mérite des mesures fortes. Mais certainement pas au prix du naufrage de nos entreprises familiales et de l’exode de nos contribuables. En politique comme en économie, on ne bâtit pas l’avenir en sciant la branche sur laquelle on est assis. Le 30 novembre, il faudra hisser les voiles du bon sens: seul un NON clair et ferme permettra à la Suisse de maintenir son cap et de protéger réellement son avenir. La tempête idéologique peut bien souffler, le navire suisse doit rester à flot.
Depuis 2015, il est le Président de la Fédération des Entreprises Romandes qui compte plus de 47 000 membres dans les cantons de Genève, du Valais, de Fribourg, de Neuchâtel et du Jura. Il est également vice-Président de la CIEPP, institution de prévoyance à but non lucratif regroupant près de 50 000 affiliés.