Les pieds, c'est moche. Point. Et l'été, voir un défilé permanent de pieds nus dans des claquettes Adidas, des tongs Havaianas, des spartiates en similicuir qui s'effritent, c'est un combat de tous les instants pour ne pas sortir une hache et trancher vos hideux orteils aux ongles incarnés.
L'automne, c'est le moment de ressortir des godasses dignes: Dr. Martens éclatantes, sneakers propres, bottes de cavalière pour les plus téméraires. Des chaussures fermées qui cachent cet horrible durillon qui pousse sur votre petit orteil parce que vous avez trop traîné pieds nus, bande de zadistes.
On l'a déjà dit, mais il nous paraît bon d'insister sur ce point: on peut officiellement dire merde à ces horreurs de tomates-mozza de l’enfer, ces houmous qui ressemblent à de la boue pâteuse, ces salades fraîcheurs qui ne sont que de la bouffe pour lapin anémique.
Il est temps de se faire péter la panse! On peut décemment organiser une raclette party, se faire une soirée chasse, manger des pâtes aux champignons avec plein de crème. Rangez-moi ce vilain tzatziki et ses dips de concombre, bande de fragiles. On veut de la confort food à mille calories l'assiette, merci.
Jusqu'à la mi-octobre, à peu près, vos amis les plus cons les plus désespérés les plus festifs continueront à vous proposer des soirées outdoor. «On commence par un before sur le balcon, on fait des grillades, après on bouge sur une terrasse et on se met une déglingue, yeah!» Pas d’inquiétude, très vite, ces dangereux individus lâcheront l'affaire.
On pourra ainsi passer des week-ends entiers, sans que les propositions ne fassent sauter notre smartphone, en training à remater l'intégrale de Friends ou tous les Matrix enroulé dans une grosse couverture avec notre tendre moitié, notre chat (ou notre désespoir) à bouffer du cake avec un thé.
Non, s'émerveiller devant les couleurs rougeâtres et chatoyantes des arbres, ça n'est pas un truc fleur bleue (rougeâtre, bleu, vous l'avez? Oui, merci.). Ce camaïeu de grenadine, de bordeaux, de corail, de pourpre, ça vous coupe le souffle. Et ça vous tire même une petite larme, si vous êtes ivre (ou déprimé).
Et comme le retour des savates fermées, c'est aussi le moment heureux de l'année où on ressort les belles matières. Genre la laine (ou le cachemire, pour ceux qui ont du flouze). Et les belles pièces, comme le blazer ou le pantalon à pinces. Ciao, le short en jeans qui serre le cul!
Et plus largement, que ce soit à la radio ou dans les propositions de Spotify, on ne subit plus les tubes de l'été ignobles à la Despacito qui nous font saigner des oreilles. On range au fond d'un placard les daubes d'Enrique Iglesias et sa voix de chèvre avec le paddle et le bracelet de cheville avec des coquillages acheté huit euros sur une plage des Baléares.
À la place, on se fait des soirées à la maison où on ressort les vieux sons des années 2000 qui font plaisir, ceux caressant le cœur et l'âme. Selon une enquête menée auprès de moi-même, un petit Crazy In Love de Beyoncé ou un Toxic de Britney Spears balancés vers 23 heures réchauffent plus qu'une chaudière au mazout. #sobriétéénergétique
C'est finiiiii les Spritz, les Hugo et autres mojitos de plagistes qui coûtent un rein et dont on partage une photo floue en story Instagram pour rentabiliser l'investissement. Ciao, les cocktails d'été qui puent autant qu'un kéké qui s'est vidé 100ml de One Million de Paco Rabanne derrière l'oreille.
On peut de nouveau s'envoyer une bonne bouteille de rouge en philosophant sur des sujets sérieux tels que la menace nucléaire, l'inflation ou les cheveux de William, qui tombent aussi sûrement que les feuilles mortes. Et s'il vous reste un fond de rosé, servez-vous-en pour récurer vos sanitaires.
L'automne, c'est le moment idéal pour se taper Harry Potter. Donc les films, ou les livres, pas le gars à lunettes (berk) qui épouse la sœur de son meilleur pote et appelle son fils cadet Albus Severus (bonjour l'intégration à l'école avec un nom pareil, quoi).
Bref, se refaire la saga, c'est voyager dans son imaginaire, dans un château en Ecosse, balayé par les vents, vautré devant un feu de cheminée... D'ailleurs, si vous éteignez le chauffage et la lumière pour économiser l'énergie, vous aurez presque l'impression d'y être, sans bouger de chez vous. Voyager, en 2022, c'est dans la tête. Allez courage, dans moins de 100 jours, c'est Noël.
Notez que c'est le 1er octobre. C'est aussi celui de ma collègue Marie-Adèle, le 2 novembre, mais c'est dans trop longtemps, oubliez ça.