On a visité l'expo la plus flippante de Suisse
A peine arrivée au dernier étage du Kunstmuseum de Bâle que déjà, l'atmosphère se fait plus lugubre. Des images de films d'épouvantes sont projetées contre le mur de l'entrée. Le ton est donné: l'exposition Fantômes – sur les traces du surnaturel assure de respecter ses promesses, au point que j'hésite presque à rebrousser chemin. Soudain, l'horloge d'un clocher retentit en fond et agit comme un coup de pouce invisible. Je prends mon courage à deux mains et avance dans une pièce plongée dans la pénombre.
L'entrée de l'exposition:
A l'étage du bas, un banquet hanté accueille les visiteurs.
Empreintes de l'au-delà
Un fantôme se tient dans le coin, enveloppé d'une fine brume et éclairé par une lumière fantasmagorique. Une vitre trône à ses côtés, permettant aux visiteurs de se transformer en spectre le temps d'un selfie.
Coucou!
Le parcours continue. Sur les murs de la première salle, des tableaux représentant des esprits sont accrochés, à l'image de cette huile sur toile sur laquelle on voit un alpiniste rendre son dernier souffle. A sa droite, son âme qui vient de quitter son corps.
Si l'exposition commence de manière traditionnelle, n'ayez crainte: les œuvres seront de plus en plus perturbantes et «concrètes». Dans la salle suivante, je découvre d'étranges sculptures de deux mains jointes. Elles ont été créées après l'une des séances de spiritisme du médium polonais Franek Kluski, dans le but de laisser une empreinte de ses rencontres avec le surnaturel. A l'instar des dessins automatiques de Milly Canavero: de grandes lignes droites et des formes géométriques, souvent réalisés d'un seul trait, qu'elle considérait comme des messages extraterrestres.
«En temps normal, on ne pourrait pas montrer ce type d'art dans un musée», explique Eva Reifert, curatrice. Car l'art médiumnique est considéré comme de l'art brut, soit des productions de personnes exemptes de culture artistique. En cause?
Un couteau qui se brise tout seul
Les férus de paranormal et autres curieux risquent toutefois d'en vouloir encore plus. Les objets qui auraient été en contact direct avec les esprits devraient étancher leur soif d'étrange.
Une planche de ouija, entre autres, ou un étrange couteau rafistolé par le psychiatre suisse Carl Gustav Jung. Son histoire? Il se serait brisé tout seul dans un fracas, causant la terreur de la sœur et de la mère du médecin. Cette expérience de poltergeist marque le début de ses recherches sur les fantômes comme symbole de conflits intérieurs et de processus inconscients.
Psychose s'invite à Bâle
Autant d'artefacts qui suffisent à me plonger dans une ambiance dérangeante. La preuve: alors que j'observe l'intrigante et délicate installation de Claudia Casarino – des robes qui flottent et symbolisent les traumatismes transmis entre les générations –, un frisson me parcourt l'échine. Je jette un bref coup d'œil en direction de la salle suivante et vois avec effroi qu'une maison tout droit sortie d'un film d'horreur emplit la pièce. Il s'agit d'une reproduction de la bâtisse de Psychose d'Alfred Hitchock.
La voici:
Bah... ça, par exemple! D'ailleurs, histoire d'en remettre une couche, une série de photographies de maisons hantées aux Etats-Unis, capturées par Corinne May Botz, sont accrochées aux murs. Allez, je sors de là rapidement avant de commencer à voir à mon tour des esprits qui me disent quoi dessiner.
Tiens, bizarre. La visite touche à sa fin et je me retrouve plantée au milieu d'une salle vide et blanche. Pourquoi il fait si froid là-dedans? Quelqu'un a oublié d'éteindre la climatisation? Eva Reifert sourit:
L'exposition «Fantômes – sur les traces du surnaturel» a lieu du 20 septembre 2025 au 08 mars 2026 au Kunstmuseum de Bâle.
