Depuis aussi longtemps qu'elle s'en souvienne, la psychothérapeute suisse Virna Signorelli s'intéresse à la vie après la mort. Des questionnements qui se sont intensifiés à l'adolescence suite au décès de sa meilleure amie et qui ont influencé sa pratique thérapeutique. L'une de ses spécialisations? La thérapie CIAM (communication induite après la mort), qui cible les mémoires traumatiques des individus grâce aux mouvements oculaires. Un procédé que l'experte utilise pour aider ses patients à surmonter un deuil difficile et qui permettrait à certains d'entrer en contact avec la personne décédée.
Comment aidez-vous vos patients à entrer en contact avec le défunt?
Virna Signorelli: La plupart du temps, je propose cette méthode à un moment donné de la thérapie. J'explique qu'elle permet avant tout d'apaiser la douleur du deuil. Durant la séance, le patient se concentre sur le souvenir difficile, suit le mouvement de mes doigts et entre dans un état de réceptivité. Il en ressort après quelques minutes, m'explique comment il se sent, et on recommence. Au bout d'un moment, quelque chose lâche.
Certaines personnes ont l'impression qu'elles sont entrées en contact avec l'être décédé. D'autres, en revanche, estiment qu'il ne s'agit que de leur imagination. C'est au patient de décider. Dans les deux cas, l'important est qu'il guérisse.
Comment expliquez-vous qu'un contact avec le défunt puisse se produire?
Les outils de la thérapie CIAM permettent d'apaiser la personne et de la faire entrer dans un état de réceptivité. Il est ainsi possible que le défunt puisse envoyer un message. C'est une question d'ondes, de niveau de vibrations, je ne sais pas... Vous savez, dans de nombreuses cultures, en Asie ou en Amérique du Sud par exemple, les morts font partie des vivants. On ne les sollicite pas, on considère simplement qu'ils sont dans l'autre monde.
Ce type de communication est réservé aux chamans ou aux médiums. Mais ce ne sont que des humains qui ont simplement développé cette capacité. Ça s'apprend.
Les patients n'ont pas peur durant les séances?
Non. Si c'est le cas, nous en discutons. Mais je pense qu'en général, ces personnes font preuve d'une ouverture sur ces questions. D'ailleurs, lorsqu'elles sont en deuil et que j'évoque la possibilité d'entrer en contact avec le défunt, elles disent «oui». Et puis, quand un contact se produit, c'est tellement beau. Il n'y a aucune frayeur. La peur provient de notre culture, de nos représentations religieuses de la mort.
Avec la thérapie CIAM, est-ce que le thérapeute peut induire les visions des patients?
Non, car contrairement à l'hypnose, les techniques utilisées n'induisent rien. Lors des séances, je demande simplement aux gens de rester attentifs, de lâcher leurs pensées.
Comment les défunts apparaissent-ils?
Ils se présentent toujours plus jeunes, en bonne santé, dans les meilleures années de leur vie, souvent habillés en blanc, apaisés et souriants. Ils répètent généralement les mêmes messages: «Je t’aime, tout va bien, ne sois pas triste.»
Le contact avec le défunt se produit-il à chaque fois?
Non. En particulier si le patient a trop d'attente, est cartésien ou ne se laisse pas surprendre. La douleur liée à la perte de l'être cher peut aussi bloquer cette communication. Mais l'objectif premier de cette thérapie reste l'apaisement du deuil. Et s'il y a un contact, c'est la cerise sur le gâteau.
Est-ce que vous voyez ou ressentez certaines choses lors des séances?
Parfois, je sens quelque chose d'énergétique dans la pièce, mais je n'en parle pas au patient. Ça m'est également arrivé d'avoir des petits flashs. A la fin de la séance, je demande à la personne si elle souhaite que je lui dise ce que j'ai vu.
Aujourd'hui, comment sont perçues ces thérapies spirituelles, comme celle que vous pratiquez?
J'observe une grande évolution. Il y a 35 ans, lorsque j'ai commencé à m'intéresser à la question de la vie après la mort, on ne parlait que très peu de toutes ces choses. Maintenant, en revanche, je forme des collègues sur ces techniques et ce sujet. Ils sont soulagés de pouvoir parler de cela avec d'autres professionnels du domaine qui partagent cette ouverture.
Les patients sont quant à eux mieux accueillis par les professionnels et ils ont plus de facilité à parler de ces phénomènes, qui sont d'ailleurs de plus en plus étudiés. De nombreuses hypothèses, avancées notamment par des neuroscientifiques, supposent qu'il existe une grande conscience en dehors du corps, du cerveau, qui peut voyager.