Qu'on ait ou non vécu les maltraitances subies par le personnage principal de son premier film présenté à Cannes, «être une femme est une expérience très violente» qui a guidé les premiers pas de réalisatrice de Kristen Stewart.
La star de la saga Twilight, devenue figure du cinéma indépendant, s'est battue pendant huit ans pour ée faire exister. Il est tiré des mémoires de la nageuse américaine Lidia Yuknavitch dans lesquels elle raconte sa survie aux abus endurés durant son enfance.
Au lendemain de la présentation dans la section Un certain regard de The Chronology of Water, samedi 17 mai, Kristen Stewart confie:
Que Lidia Yuknavitch soit «capable de prendre des choses vraiment laides, de les traiter, et de produire quelque chose avec lequel on peut vivre, quelque chose qui a réellement de la joie est inspirant», ajoute l'actrice devenue réalisatrice.
Le livre – «hilarant d'une manière enivrante et excitée, comme si nous racontions des secrets» – est «un véritable canot de sauvetage», poursuit celle qui a également écrit le scénario.
«Être une femme est une expérience très violente», constate aussi Kristen Stewart, «même si vous ne vivez pas le genre d'expérience extrême que nous décrivons dans le film ou que Lidia a endurée et dont elle s'est magnifiquement sortie».
La star insiste sur le fait qu'il n'y a pas de parallèles autobiographiques qui l'ont attirée vers le livre.
«Je n'ai pas besoin d'avoir été agressée par mon père pour comprendre ce que cela signifie d'être dépouillée, d'avoir ma voix étouffée, et de ne pas me faire confiance. Il faut beaucoup d'années pour que cela disparaisse», souligne Kristen Stewart.
«Je pense que ce film résonne avec quiconque est ouvert et saigne, ce qui représente 50% de la population», poursuit-elle, ajoutant n'avoir jamais été tentée d'incarner elle-même Lidia Yuknavitch.
C'est l'actrice britannique Imogen Poots – «la meilleure de notre génération», selon la réalisatrice – qui joue ce rôle. La cinéaste ne manque pas d'éloge pour la décrire:
Pour Kristen Stewart, l'énergie fiévreuse de The Chronology of Water est «un muscle rose qui palpite» et dans lequel Imogen Poots a puisé pour livrer à l'écran la bataille féroce mais souvent chaotique de Yuknavitch afin de se reconstruire et de trouver le plaisir et le bonheur.
La cinéaste a également choisi Earl, le fils du chanteur Nick Cave, pour incarner le premier mari de la nageuse et Kim Gordon, du groupe de rock Sonic Youth, comme compagne dominatrice.
Le livre de Lidia Yuknavitch, également intitulé The Chronology of Water, «médite en quelque sorte sur ce que l'art peut faire pour vous après que des gens ont fait des choses à votre corps – le viol et le vol, l'arrachement du désir. C'est une expérience très féminine», conclut la réalisatrice.
Pour elle, l'art et l'écriture ont aidé l'autrice, connue aussi pour sa conférence TED virale «La beauté d'être marginal», à se libérer et à trouver une peau dans laquelle elle pouvait vivre.
«Seules les histoires que nous nous racontons nous maintiennent en vie», complète Kristen Stewart, et Lidia Yuknavitch a découvert que le seul moyen de reprendre son désir était de «le personnaliser... et de redéployer les choses qui vous ont été données pour que vous puissiez les posséder».
«Je ne dramatise pas mais, en tant que femmes, nous sommes des secrets ambulants», termine la réalisatrice, qui a «hâte de faire dix autres films».