En 2002, Danny Boyle (Slumdog Millionaire) révolutionnait la terreur avec 28 jours plus tard et remettait le film de zombies au goût du jour, le genre ayant connu son âge d'or dans les années 1970-1980. Celui-ci s'est rapidement imposé comme un classique du cinéma d'horreur. Avec un budget de 8 millions de dollars, le long-métrage qui a révélé Cillian Murphy (Oppenheimer) en a rapporté 84 millions au box-office.
Un immense succès pour ce petit film d'horreur indépendant qui a mené à une suite, en 2007, intitulée 28 semaines plus tard. Un troisième chapitre devait être réalisé, et les «28 mois plus tard» prévus à l'origine sont devenus «28 ans» suite à plus d'une décennie de bataille avec les studios pour une histoire de droits.
Danny Boyle, et son talentueux scénariste Alex Garland (Civil War, Ex Machina) reprennent donc les choses en mains avec une nouvelle trilogie, dont 28 ans plus tard se présente comme étant le premier volet.
Cela fait près de trente ans que le Virus de la Fureur s’est échappé d’un laboratoire d'armement biologique en Angleterre. Depuis, la Grande-Bretagne a été coupée du reste du monde et un confinement très strict a été mis en place. Laissée pour compte parmi les personnes infectées, une communauté de rescapés s’est réfugiée sur une petite île reliée au continent par une route uniquement accessible lors de la marée basse.
Lorsque le jeune Spike (Alfie Williams), l’un des habitants de l’île, est envoyé pour la première fois en mission sur le continent avec son père Jamie (Aaron Taylor-Johnson), il découvre non seulement que les infectés ont muté, mais qu'il existe d'autres survivants.
Dans l'imaginaire collectif, les morts-vivants marchent en hordes, bras tendus et trainant du pied. Sauf que chez Danny Boyle, ils courent comme des dératés, et il ne faut pas moins d'une minute pour qu'une morsure vous transforme en monstre. Ces zombies hyperactifs ont été l'un des ingrédients à l'origine du succès du film 28 jours plus tard. L'autre facteur, c’est que ce film arrivait de nulle part avec une mise en scène relativement unique et un rendu particulier, puisqu'il a été réalisé entièrement avec une caméra DV, un format numérique utilisé pour la télévision et les reportages.
Le cinéma étant alors majoritairement tourné à la pellicule, le choix de ce format a permis à Danny Boyle de réaliser de belles économies, tout en vidant Londres de sa population pour faire déambuler son acteur le temps d'un tournage très rapide sur le pont de Westminster. Un choix artistique servant la narration, puisque pour Danny Boyle, «l'apocalypse aurait été filmée au caméscope», avait-il déclaré lors d'une interview.
Ce format, audacieux pour l'époque, donnait des allures de film expérimental au premier volet. Une formule que le cinéaste britannique a réitérée aujourd'hui, puisque le smartphone a remplacé le caméscope. Ainsi, le film a été entièrement tourné avec des iPhone 15 Pro Max modifiés pour les besoins du tournage. Ce qui en fait le film plus cher jamais tourné avec un smartphone, car 28 ans plus tard bénéficie du budget relativement confortable de 75 millions de dollars.
Un choix qui s'avère extrêmement payant, car l'usage des caméras miniatures permet de filmer au ras du sol, dans des angles inattendus ou au plus près des personnages, renforçant l'immersion du spectateur, tout en ayant des images parfois d'une beauté à couper le souffle. Un véritable tour de force de mise en scène.
Le final de 28 semaines plus tard, réalisé par l’Espagnol Juan Carlos Fresnadillo, laissait entrevoir que l'épidémie se propageait en Europe. Une quinzaine d'années plus tard, le Brexit et la pandémie de Coronavirus ont motivé Danny Boyle et son scénariste Alex Garland à saisir une autre approche. Au début du film, on apprend que l'infection a finalement été contenue au Royaume-Uni, après avoir été mise en quarantaine et livrée à elle-même pendant que le reste du monde s'éloignait.
Ce récit s'inspire donc en partie du Brexit, soit le retrait du Royaume-Uni de l'Union européenne en 2020. Mais l'accent mis par le film sur la manière dont la civilisation se reconstruirait après un événement apocalyptique a également été largement influencé par la pandémie de Covid-19, comme l'expliquait le cinéaste de 68 ans dans les colonnes du Times.
Avec pour personnage principal un jeune adolescent, 28 ans plus tard prend la forme d'un récit initiatique à hauteur d'enfant, qui découvre la violence du monde en même temps que le spectateur. Un choix qui permet d'autant plus d'y intégrer une dimension émotionnelle forte, notamment dans la relation qu'entretient le jeune Spike avec sa mère, interprétée par l'actrice Jodie Comer (Killing Eve), qui ne manquera pas de faire couler quelques larmes.
28 ans plus tard trouve donc un savant équilibre entre moments de tensions et de répits, où l'émotion côtoie la philosophie, particulièrement avec un très beau monologue sur la mort prononcé par l'immense Ralph Fiennes (Conclave), également au casting. Un film d'horreur qui arrive à être profond, un fait bien trop rare pour ne pas être souligné.
Quant à ceux qui espéraient revoir Cillian Murphy, celui-ci n'est pas dans 28 ans plus tard, bien qu'il soit crédité comme producteur exécutif. Il sera néanmoins bien présent dans les suites prévues. En effet, la réalisatrice Nia DaCosta (Candyman, The Marvels) a été choisie pour réaliser le deuxième volet, un film tourné en même temps que son prédécesseur et qui devrait sortir en salles en janvier 2026. Danny Boyle reviendra ensuite au poste de réalisateur pour le troisième film, qui, selon lui, sera «une histoire de rédemption» centrée sur Jim, le personnage incarné par Cillian Murphy, bouclant ainsi la boucle de ce qui sera désormais une saga.