L’automne approche et l’heure est à l’épouvante avec The Conjuring: Last Rites (ou Conjuring: L’Heure du Jugement en français), quatrième volet qui vient conclure la saga horrifique lancée en 2013 avec le très angoissant film original, réalisé par James Wan.
Fort de ce succès, une multitude de spin-offs ont été mis en chantier, mettant en scène les éléments démoniaques déjà aperçus dans les films principaux, tels que La Nonne ou la poupée maudite Annabelle. Si les deux premiers volets, Conjuring: Les Dossiers Warren et Conjuring 2: Le Cas Enfield ont atteint des sommets en matière de tension et de qualité, on ne peut malheureusement pas en dire autant de tout ce qui a suivi.
Cependant, autant dire que cet univers a su trouver son public, puisque l’univers cinématographique de Conjuring, qui compte dix films, a rapporté près de 2,4 milliards de dollars au box-office mondial, faisant de cette franchise la plus rentable de l’histoire du cinéma d’horreur.
The Conjuring: L’Heure du Jugement a démarré très fort, avec déjà 183 millions de dollars engrangés, se hissant en tête du box-office américain et signant par la même occasion le meilleur lancement de la franchise. Cette année, aucun autre film d’horreur n’a fait mieux, dépassant ainsi Destination Finale: Bloodlines et la très bonne surprise estivale, Weapons (Evanouis en vf).
Si vous n’êtes pas à jour avec la franchise Conjuring, celle-ci s’inspire de «vraies» affaires traitées par les célèbres chasseurs de fantômes Ed et Lorraine Warren (incarnés par les impeccables Patrick Wilson et Vera Farmiga) dans les années 1970 et 1980.
Lui, démonologue; elle, médium. Ensemble, ils se sont impliqués dans de nombreuses affaires supposées de possessions, d’exorcismes et de poltergeists qu’ils auraient aidé à résoudre. Auteurs de plusieurs ouvrages, ils ont accumulé dans la cave de leur résidence un grand nombre d’objets liés aux phénomènes paranormaux sur lesquels ils enquêtaient.
Dans ce dernier volet, Ed et Lorraine Warren affrontent l’un des cas les plus violents de leur carrière : l’affaire Smurl. En 1986, une famille de Pennsylvanie est terrorisée par une entité brutale, qui joue avec ses victimes à travers des apparitions monstrueuses et des attaques physiques.
Ce cas démoniaque remonte aux origines de la carrière des Warren, puisqu’il implique un miroir maudit auquel ils avaient été confrontés dans leur jeunesse, un objet maléfique qui avait failli coûter la vie à leur fille Judy (Mia Tomlinson) à sa naissance et qui, bien des années plus tard, se retrouve dans la demeure de la famille Smurl.
Ce Conjuring n°4 s’inspire librement de l’affaire Smurl, qui se serait réellement déroulée entre 1974 et 1989, en Pennsylvanie. La trame principale est éclipsée par une histoire parallèle: Judy Warren (Mia Tomlinson), devenue adulte, est elle aussi confrontée aux visions terrifiantes de sa mère médium. Ed et Lorraine Warren, désormais vieillissants, songent à raccrocher les gants… jusqu’à ce que passé et présent se rejoignent pour un dernier frisson.
Un dernier frisson qui dure tout de même 2h15 et qui vous vaudra autant de bâillements que de jumpscares. Ce n’est donc pas vos nerfs que le film va mettre à rude épreuve, mais bien votre patience : ces allers-retours multiples entre la vie familiale des Warren et le martyre de la famille Smurl ont le don de faire tomber toute tension dramatique.
Rassurez-vous, le film parvient tout de même à créer quelques moments oppressants - mais on est loin de la tension épouvantable du premier opus (que j’avais vu dans l’avion à l’époque et qui m’avait véritablement terrorisé). S’ajoute à cela un poids religieux parfois un peu daté, au point qu’il suffirait de ne pas être croyant pour ne jamais être hanté.
Conjuring: L’Heure du Jugement s’avère davantage un prétexte pour offrir une conclusion pleine de bons sentiments à une saga s’étalant sur une décennie qu’une véritable histoire de hantise. Les Warren ne devraient, en théorie, plus réapparaître à l’écran, et ce dernier volet ressemble avant tout à un hommage à ce couple qui a contribué à démocratiser le paranormal.
Mais l’industrie du cinéma, fidèle à elle-même, est plutôt du genre à capitaliser jusqu’à la moelle: il est donc fort probable que le flambeau soit transmis à leur fille Judy, accompagnée de son futur mari, relégué au rôle de second couteau dans le métrage. On vous voit venir, Warner Bros.
Un film pour les fans, donc. Pour les cinéphiles, en revanche, on vous conseillera plutôt de vous tourner vers Sirāt, de l’Espagnol Olivier Laxe, qui sort également ce mercredi 10 septembre. Lauréat du Prix du Jury au dernier Festival de Cannes, ce film d’aventures routier en plein désert marocain s’avère être une expérience véritablement anxiogène et psychédélique, dont on ne ressort pas indemne. Quitte à ressentir de la tension, autant qu'elle soit de qualité.
(«Conjuring: L’Heure du Jugement» est sorti dans le salle romande le 10 septembre 2025. Durée: 2h15.)