Changer de blase, c'est rare. Surtout lorsque ça concerne un pays. Et le déclic provient quasi toujours lors d'un changement de régime (Iran, Hongkong...) ou d'une toute fraîche indépendance (Zimbabwe, Serbie...). La décision de l'Etat du Minnesota, elle, n'est pas sans rappeler celle de la Nouvelle-Zélande, en 2015, désireuse d'envoyer balader pour de bon les couleurs britanniques des anciens colons. Comprenez: y a pas d'urgence vitale, mais faudra un jour nettoyer tout ça.
Les habitants de l'Etat du nord des Etats-Unis clament depuis plusieurs décennies leur ras-le-bol «de la représentation raciste des autochtones». Soyons modernes et inclusifs, que diable. Cette année, surprise, ces cris ont été entendus par les autorités et une «Commission de refonte des emblèmes de l'Etat» s'est mise en branle. L'objectif est aussi simple qu'il ne l'est pas: tomber d'accord, d'ici au 1er janvier 2024, sur le drapeau et le sceau qui catapulteront le Minnesota dans le futur.
Si la Nouvelle-Zélande avait misé sur un référendum populaire pour piocher le vainqueur parmi cinq propositions officielles, le Minnesota a cru bon de lancer quelque chose qui ne fonctionne même pas dans un open-space: un appel à projets. Vous savez, ce truc qui prouve surtout que l'être humain a mauvais goût et pas la moindre créativité utile.
Encore une fois (et sans surprise), ça a dérapé.
Cette semaine, la commission a sélectionné, puis dévoilé, plus de 2600 oeuvres des habitants du Minnesota, pour le drapeau, mais aussi le sceau officiel. Une chose est sûre, la population veut retrouver ce qui fait la beauté de son Etat: des lacs, des forêts et des huards, ces oiseaux qui ressemblent comme deux plumes à des canards.
Une partie de la mission semble accomplie:
En réalité, il existe déjà un drapeau alternatif, utilisé par une bonne partie des habitants du Minnesota et que l'on retrouve notamment autour des terrains, les dimanches de match.
Le révérend William Becker, coauteur de ce design, avait même proposé son «North Star Flag» aux autorités, en 1989. Désormais, il fait partie d'un concours, parmi deux milliers de propositions à faire pleurer du sang n'importe quel vexillologue qui se respecte.
Si le processus se déroule comme prévu, en mai 2024, le Minnesota aura un nouvel outfit pour le reste de sa life.
Vous avez du temps à perdre? Voici toutes les propositions à scroller discrètement au bureau >>>>>> Appel à projets