Une pop douce-amère, ou peut-être un brin acidulée, un look à la Audrey Hepburn, mais une Audrey qui arbore une aura étonnamment rock et un brin rebelle; il est difficile de mettre l'artiste suisse Lily Claire dans une seule case.
Lily Claire, ce sont avant tout des mélodies mélancoliques, en français, qui se lovent merveilleusement bien au creux de notre été incertain. Ce vendredi 12 juillet, la chanteuse de 29 ans originaire de Zurich tâtera pour la première fois du public romand, en se produisant sur la scène du Super Bock, au Monteux Jazz Festival, dès 19 heures. Rencontre au bout du fil.
watson: En écoutant les paroles de vos chansons, on se rend compte que vous savez manier l'humour. Vous avez quelques punchlines décalées et moqueuses qui tranchent avec votre look sage. Expliquez-nous... Je cite:
Lily Claire: Je trouvais juste cela marrant. L’histoire de l'ascenseur, dans la chanson Mal au coeur, c’est au sujet de mon ex-copain, qui me trouvait un peu fainéante. Ça m’a inspiré cette chanson. Après la rupture, j'ai décidé d'écrire pour clore ce chapitre avec lui.
Vous vous moquiez de lui?
Non, ce n’était pas méchant. En fait, je ne voulais pas juste écrire une chanson de déprime.
Je ne voulais surtout pas exprimer l’idée que j’étais en train de mourir pour un garçon, et que lui était de bonne humeur.
Bon, du coup, êtes-vous fainéante? On veut savoir!
Il faut avouer que je n’aime pas beaucoup le sport. Mais je ne pense pas être fainéante, non!
L’humour, c’est important, pour vous?
Je pense surtout qu’il est important de pouvoir se moquer de soi-même. Toute ma famille partage cet état d’esprit. Dans ma vie ou sur scène, en revanche, j’essaie de ne pas trop faire de blagues. Il faut dire que ça ne colle pas trop avec l’univers Lily Claire.
L'univers Lily Claire? Il faut nous dire de qui il s'agit...
C’est une artiste qui aime beaucoup les chansons romantiques et mélancoliques. A voir ses habits, on peut dire qu’elle aime beaucoup les années 1960. Elle s’inspire volontiers de Françoise Hardy, qu’elle admire beaucoup.
C’est vrai qu’on voit que vous aimez le vintage. Du coup, vous êtes une fan des friperies?
J’achète beaucoup dans les brocantes. Mais je fouille surtout dans les armoires de ma grand-mère.
Comment on devient artiste - surtout en Suisse? On se lève, un jour, et on décide que c’est notre voie?
Honnêtement, ce n'était pas un choix évident, parce que je suis plutôt timide. Pour moi, ça a été un chemin assez long. J’ai débuté avec de petites vidéos, que je publiais sur Instagram. C’est comme ça qu’un producteur m’a trouvée.
Un producteur vous a repérée?
C’était un chanteur suisse, Benjamin Amaru. Il avait déjà du succès, et il m’a demandé si je voulais participer à l’un de ses projets. J’ai ensuite rencontré son producteur.
Et ensuite, qu’est-ce qui s’est passé?
Moi, je ne me sentais pas sûre, je ne savais pas si j’avais assez de talent. Je suis allée dans son studio, et j’ai commencé à écrire. On a produit des chansons. Je lui ai montré mes textes, et des mélodies, que je présentais à la guitare.
A quel âge avez-vous commencé à poster vos productions en ligne?
Je crois que c’était il y a cinq ou six ans. Mais j’ai toujours chanté, et à 15 ans, je me suis acheté ma première guitare. Après avoir fait beaucoup de baby-sitting, pour économiser de l’argent. J’ai appris à jouer grâce à des tutos sur YouTube.
Vous arrivez à vivre de la musique?
Non, pas encore.
Comment vous joignez les deux bouts, en dehors de votre passion, du coup?
Avant, j’étais hôtesse de l’air chez Swiss. Maintenant, je travaille comme éducatrice de la petite enfance dans une crèche.
A priori, il n'y a pas grand-chose de similaire entre une hôtesse de l'air et un artiste.
(rires) Peut-être la tête dans les nuages…
Quels sont les événements dont vous êtes fière?
J’ai été primée «Best Talent» sur SRF3. J’ai également de merveilleux souvenirs de concerts, et de festivals, notamment Stars in Town, à Schaffhouse.
Vous serez tout bientôt au Montreux Jazz…
Oui, c'est demain, vendredi 12 juillet, un jour après mon anniversaire, sur la scène du Super Bock, dès 19 heures. Je serai également aux Docks, à Lausanne, en ouverture d’Ayo, le 8 octobre.
C’est votre premier concert en Romandie?
Oui, c'est une grosse première!
Vous ne connaissez pas encore le public lémanique?
Non! pas encore. Mais j’ai hâte de le découvrir, et de profiter de chaque instant en compagnie de mon groupe.
Flamme, c’est votre dernier clip. Il a été tourné à Marseille. Pourquoi?
C’est une histoire de belle rencontre. Un photographe qui m'était inconnu m'a écrit sur Instagram. Il avait écouté mes chansons, et m'a invitée à tourner dans sa ville, à Marseille. Je me suis dit: "bon d’accord!" Et ça s’est fait sur un coup de tête; il a tout filmé. Je lui ai partagé ma vision, et c’est lui qui a écrit l’histoire visuelle autour de la chanson. On a fini par se trouver.
Et de quoi parle la chanson Flamme?
Elle parle des peurs surmontées, et de la beauté qui en résulte.
Qu’est-ce que la Suisse peut apporter à une artiste comme vous?
Beaucoup! La Suisse n’est pas trop grande. J’espère donc un jour voir tout de mon pays, et rencontrer un nouveau public pour ma musique.