Vous savez ce que la nouvelle «it girl» du monde de l'industrie musicale a, que Nicki Minaj rêve d'obtenir depuis belle lurette? Un Grammy. En effet, l'interprète de Super Bass, malgré son omniprésence et sa longévité sur la scène rap, ainsi que de nombreuses nominations, n'a jamais été graciée du précieux trophée.
Même Miley Cyrus, en empochant cette année les deux premiers Gramophones de sa carrière, a quitté le club des «sans grawards» dont font partie Nicki, Björk, Snoop Dogg, ou encore Katy Perry. Tyla Laura Seetha, semble-t-il, n'aura jamais eu le temps d'en faire partie.
Youngest African to receive a Grammy pic.twitter.com/RevP1KECYE
— Tyla (@Tyllaaaaaaa) February 7, 2024
Débarquée tel un ovni dans le star-system made in USA, la chanteuse sud-africaine de 22 ans a de quoi faire grincer ses ainés des dents. Pas de parrain dans le business de la musique ni de marraine célèbre pour offrir un pont d'or à celle qui venait de passer son bac en 2019. Mais de l'huile de coude, alors qu'elle publie ses propres tracks sur son compte Instagram, qu'elle se charge seule d'envoyer à des pontes du monde musical, de Drake à DJ Khaled. Des missives digitales qui resteront lettre morte, mais qui lui permettront de se faire repérer par son manager actuel.
Un petit coup d'oeil à sa chaîne YouTube au million d'abonnés suffit à brosser la fulgurance de son parcours: deux vidéos datant d'une dizaine d'années, dans lesquelles elle s'essaie sur une cover de Fall, de Jutin Bieber, tandis que le reste de ses productions remontent à trois ans.
Malgré le fait qu'elle semble tout juste sortie de l'oeuf, la native de Johannesbourg a de nombreux atouts dans sa manche. Une voix de miel aux accents soul, un visage aussi angélique que celui de la regrettée Aaliyah, une lèvre qui a le don de se soulever en une moue mutine, et enfin, un corps gracile qu'elle manie comme une arme, à la façon d'une Ciara plus badine et aérienne: voilà le cocktail explosif qui a littéralement mis le feu au Billboard Hot 100 des Etats-Unis, dès le mois de juillet de l'année dernière.
Sans oublier son voluptueux déhanché – déjà légendaire – qui a rendu fou tout TikTok sur une trend à se casser le dos, et que nombre d'aficionados de choré' 2.0, du simple quidam à Zara Larsson, ont tenté de reproduire devant leur smartphone. Pendant plusieurs semaines, il n'était en effet pas possible d'ouvrir l'appli possédée par ByteDance sans tomber sur des danseurs en herbe s'aspergeant d'eau en remuant le popotin.
Une jolie revanche sur la vie pour celle qui est issue d'une fratrie nombreuse (cinq enfants), et pour qui le glamour des tapis rouges fait partie d'un autre monde. La voie artistique? Une chimère pour sa famille aux origines mixtes (Tyla a des racines zouloues, irlandaises, indiennes, mauriciennes), et qui table sur une éducation stricte.
Très tôt, Tyla met de côté ses fantasmes de paillettes. Elle revient à des activités plus terre à terre, rassure son clan en parlant d'une carrière dans l’ingénierie minière, et vend parfois de vieux vêtements au coin de la rue en compagnie de sa mère, active au foyer.
Mais la jeune Sud-Africaine finit par être dévorée par sa passion. Comme le relaie le média numéro.com:
A force d'investir toutes les scènes qui lui sont données, la jeune femme finit par devenir une performeuse hors pair - aussi fluide qu'infatigable – qui enchaine des chorégraphies avec le naturel déconcertant d'une Cassie.
Un talent qui finira par taper dans l'oeil d'un grand de la scène rap aux Etats-Unis, Chris Brown. Celui-ci finit même par proposer à la jeune artiste d'assurer ses premières parties, en 2023, à l’02 Arena. Une consécration pour l'enfant de Johannesburg, certes, mais un gros challenge également:
«Breezy» (le surnom de Chris Brown) ne se contente pas de jeter sa jeune pupille en pâture au grand public. Il lui montre quelques ficelles du métier, notamment «comment gérer une scène», nous apprend le média newstoriesafrica. Des bases qu'elle a su brillamment faire fructifier:
En arrachant de façon inattendue un Gramophone dans la catégorie Best African Music Performance, Tyla confirme son statut de phénomène. En une toute petite année, celle qui avait marqué ses premiers gros points en performant lors de l'afterparty Dolce & Gabbana à la Semaine de la mode de Milan, a réussi à se creuser un trou honorable dans le milieu. Et dimanche soir, elle n'a laissé que des miettes aux artistes pourtant confirmés qui rivalisaient dans sa catégorie, de Burna Boy à Davido.
En une petite poignée de titres, de Been Thinking au récent Truth or Dare, celle qui a été surnommée la «princesse de l'Amapiano» par le très prestigieux média Pitchfork, s'est imposée dans de nombreuses playlists.
L'Amapiano, elle en est devenue l'un des visages bien identifiables. Né en 2012 en Afrique du Sud, ce style de musique encore inconnu du grand public voici deux ans hybride des sonorités issues du jazz et du deep house en des rythmes hypnotiques et entêtants. Tyla y a apposé sa propre signature, en introduisant une touche plus urbaine, et en y distillant des sons pop et R’n’B. Le titre water a été produit par l'excellent producteur anglo-ghanéen, Sammy Soso, qui y a ajouté ses fibres d'afrobeat.
Les nombreux médias qui la comparent à Rihanna? Pas très impressionnants pour Tyla, qui dit se battre dans sa propre catégorie, le «popiano».
Avec Water, Tyla porte haut les couleurs et l'énergie de son Afrique du Sud natale.
Ses racines, d'ailleurs, sont le moteur principal de sa réussite. « Je suis très fière et honorée de représenter mon pays, L’Afrique du Sud» déclarait Tyla, avec son accent chantant, sur le sofa de Jennifer Hudson. La vingtenaire a même fait savoir qu'elle comptait faire rayonner les couleurs de ses terres à l'international:
Tyla
— 🍎 Jenna 🇿🇦 🇷🇺 🇵🇸 (@jenna_original) November 28, 2023
Keeping her accent... 😁 especially "Yoh" pic.twitter.com/V5wLlY9Gtu
Tyla a de l'ambition, et il y a fort à parier qu'elle ne compte pas s'arrêter en si bon chemin. En attendant, ses fans peuvent se jeter sur les billets de sa première tournée, le Tyla Tour, qui débutera le 21 mars à Oslo, et s’achèvera le 28 mai à Minneapolis. Ses fidèles du continent africain devront, cependant, patienter, puisque la star a concentré ses dates entre l'Europe et les Etats-Unis.
‘TYLA’ tour 🐅🤍
— Tyla (@Tyllaaaaaaa) December 5, 2023
Album drops top of the year and I’m coming to your city! https://t.co/iGMryvTVu8 pic.twitter.com/uwj5f9NMe8