Il nous a menti mais c'est pour notre bien. Et pour le sien, surtout. Damso est de retour avec un nouvel album que l'on n'attendait pas. Dans un style - ou plutôt des styles pluriels - qu'on n'imaginait pas.
Le nom du disque? J'ai menti - un titre qui joue sur la corde de l'ironie, si l'on prend en compte que l'artiste avait annoncé qu'il reviendrait avec un dernier projet, BĒYĀH, prévu pour le 30 mai 2025. Avant de tirer sa révérence. Damso nous avait même laissé entendre qu'il allait se barrer en camping-car, «never to be seen again» (ou du moins, pas avant l'année prochaine) sur la place musicale. Mais voilà, la prière d'un fan s'est fait entendre:
Quatre ans après son dernier album, le Belge de 32 ans avait besoin d'accélérer la cadence. Pas par caprice, mais par une nécessité profonde. William Kalubi Mwamba de son vrai nom avait de toute évidence besoin de cracher de l'intime. De dégorger des vérités. Et de coucher des indigestions sur papier.
Au cœur de cette nouvelle ère, Damso parle notamment de décès de gens proches de lui. Des disparitions qui ont généré en lui une grosse prise de conscience. «On part seul», explique-t-il notamment au Parisien. Il est donc important de «vivre pour soi».
«J'parle peu mais quand j'l'ouvre c'est pour dire ce que je pense d'eux», chantait-il à l'époque déjà. Et cette fois, l'enfant de Kinshasa ne ment pas. Il parle peu, mais quand il le fait, c'est pour se livrer entièrement, comme dans cette rare interview accordée au Parisien, et publiée ce vendredi matin.
Dans celle-ci, il dissèque aussi bien les textes de son nouvel album que sa santé mentale: mort, dépression, autisme, soit des thèmes très sérieux qui ont jalonné sa trajectoire, parfois depuis l'enfance. «J’ai été tellement sombre par moments que j’aurais préféré ne pas exister», confie-t-il. «Mais les moments de déprime sont moins nombreux qu’avant, c’est comme un microclimat.»
Dans le titre Damsautiste, le rappeur belgo-congolais évoque le fait d'être Asperger, «à ce qu'il paraît». «On m'a dit depuis très longtemps que j'étais Asperger, mais de façon péjorative», se souvient-il.
Ce nouvel album se lit donc comme une véritable thérapie:
Une profondeur qui fait écho à la complexité stylistique de cette nouvelle galette, entre collaborations, rap brut, afrobeat, sons «exotisants» et expérimentaux, qui a effrayé plus d'un fan:
Gros coup de coeur sur le son hypnotique Tout Tenter, en featuring avec Angèle. Ce coup de foudre musical a débuté en 2017, lorsque Damso invite Angèle, alors âgée de 21 ans, à assurer ses premières parties, lors de sa tournée Ipséité. S'ensuit leur premier duo Silence, puis Démons, en 2021, certifié single de diamant.
Une alchimie qui se confirme d'année en année. Comme l'a confirmé Damso à Paris Match Belgique:
Une dernière question nous taraude tout de même: BĒYĀH sera-t-il vraiment (vraiment) son dernier album?
«Arrêter la musique me permettrait de redevenir élève, de tester d’autres choses, comme le design. Mais si je sors un album intitulé J’ai menti, je peux faire aussi J’ai encore menti», conclut Damso. On attend le prochain mensonge avec plaisir, donc.