Les personnes avec qui vous parlez de streaming vous répondent peut-être qu'ils n'ont que Netflix et que ça ne sert à rien de leur parler d'un film ou d'une série sur une autre plateforme. Tel un talisman, Netflix profite d'une popularité acquise au fil des années grâce à une arrivée très rapide dans les foyers helvétiques que rien ne parait contrer. Le slogan «Netflix & Chill» a participé à faire infuser dans l'esprit des gens cette idée que seule Netflix existe.
Ted Sarandos, co-CEO de la plateforme au logo rouge, ne boudait pas son plaisir au moment d'afficher les chiffres affolants de la marque: 13 millions de nouveaux abonnés au dernier trimestre 2023, un bénéfice net de 5,4 milliards de dollars sur l’année, en hausse de 20%, pour un chiffre d’affaires de près de 34 milliards.
Grâce à ses 260 millions d'abonnés dans le monde, Netflix est le roi du streaming. Mais il s'agirait de se désintoxiquer.
Malgré les bouses et les productions formatées, le leader du divertissement en ligne continue sa moisson couronnée de milliards de dollars. A contrario, Apple TV peine à décoller. Selon les derniers chiffres, on parle de 75 millions de clients dont seuls 25 millions d’entre eux sont de «vrais» abonnés, comprenez ceux qui consomment les contenus.
L'ancien directeur éditorial de The Hollywood Reporter et fondateur du média Puck, Matthieu Belloni, relayait le rapport mensuel de Nielsen sur l'audience du streaming qui montrait qu'Apple TV+ représentait 0,29% de l'audience. En résumé, personne ne regarde Apple.
La plateforme à la pomme surfe sur une excellente ligne, particulièrement dans le registre sériel. A l'instar de la récente série Slow Horses, Apple s'applique à miser sur des programmes audacieux et investit sur le long terme, signant des histoires s'étalant sur plusieurs saisons.
Outre Slow Horses portée par Gary Oldman, d'autres shows s'inscrivent dans la durée, offrant une histoire complète et non bâclée. For All Mankind, Servant, The Morning Show, Ted Lasso ou encore la (trop) méconnue Dickinson, relecture délurée de l'existence de la poétesse Emily Dickinson, sont des arguments pour faire pencher l'opinion populaire. Ajoutez au menu Severance, véritable hit pour la plateforme, qui offrira une deuxième saison très attendue le 17 janvier 2025.
La foire des mini-séries n'est pas en reste, c'est peut-être le meilleur argument d'Apple TV. On pense aux séries Defending Jacob, Black Bird, Dark Matter, Shining Girls, Sugar, Lessons in Chemistry sont là pour vous faire changer d'avis et cramer votre vie sociale. Le tout, piloté par des noms prestigieux.
Récemment encore, d'autres projets ont fleuri et convaincu: Présumé Innocent ou encore Sunny ont emballé le public - nous, en tout cas.
Pour les fadas de sport, Dynasty est un bijou narratif retraçant les 20 ans qui ont façonné l'équipe de football américain des New England Patriots. Dix épisodes et dix touchdown: un récit virtuose qui analyse en profondeurs les tribulations d'une franchise au parfum de scandales et de victoires. Même si vous n'aimez pas le football américain, difficile de ne pas goûter au festin.
Côté film, même si le service de streaming présente une liste un peu maigre, des atouts sont à faire valoir. Entre Napoléon et Killers of the Flower Moon, les deux gros poissons du patron Tim Cook, d'autres métrages (Causeway ou Swan Song, en passant par Tetris) méritent toute notre attention. En attendant Wolfs (avec George Clooney et Brad Pitt) et F1 (encore avec Brad Pitt), le choix est restreint, mais la qualité est là.
Or, malgré les noms prestigieux et le calibre des contenus, la critique incessante d'un catalogue pas aussi fourni comparé au rival Netflix revient fréquemment. Sauf que c'est ce même argument qui fait la différence: Netflix produit en quantité industrielle, piétinant la qualité de ses productions.
Ce trop large éventail de choix souffre d'un formatage: après une énième série documentaire true crime et une télé-réalité synonyme de mélasse indigeste, l'abonné aura peut-être la chance de tomber sur un bon film ou une série de qualité comme Ripley, Acharnés ou Le Problème à trois corps, malheureusement trop rares dans le catalogue.
Les signatures des grands auteurs et auteures vont le plus souvent vers Apple, un terreau, semble-t-il, fertile pour créer, contrairement à Netflix qui voit certains showrunners quitter le navire, comme Mike Flanagan, à l'origine de nombreuses très bonnes séries. Alfonso Cuaron, lui, a opté pour Apple pour diffuser sa nouvelle création, par exemple.
Certes, changer ses habitudes prend du temps. Mais ne plus se tourner vers Netflix et changer de crèmerie pour voyager chez Apple TV sera peut-être l'une de vos riches idées de l'année, surtout que l'abonnement coûte moins cher du côté d'Apple.