Ils sont les auteurs d'une série de meurtres en Californie à la fin des années 1960. A sa tête, Charles Manson est devenu une triste facette d'un pays qui a vu son acmé avec l'assassinat de Sharon Tate, la femme de Roman Polanski, le 9 août 1969.
«Comment a-t-il appris à laver le cerveau de ces enfants», lâche d'emblée un intervenant. Cette manipulation, cette manière d'embarquer dans son délire meurtrier. Ces jeunes, plus ou moins influençables, consommateurs de drogue et adorateurs d'une existence libérée, que Manson (décédé en 2017) a réussi à manipuler en s’imposant comme un leader charismatique à leurs yeux innocents.
Une question revient sur la table rapidement dans Chaos: les meurtres de la famille Manson: pourquoi cette affaire reste-t-elle si célèbre et pourquoi obsède-t-elle les gens?
Le procureur en charge de l'affaire de Charles Manson, Stephen Kay répond: «Les Etats-Unis aiment avoir peur, ils aiment les films d'horreur». Et d'enchaîner en affublant d'un surnom Charles Manson:
De ce point de vue, rien de neuf. Inutile de reprendre le profil psychologique du personnage que des journalistes, enquêteurs ou autres obsédés du personnage ont décortiqué de long en large. On retrouve sur les différentes archives (plusieurs n'ont jamais été montrées) des phrases telles qu'«il savait amadouer les gens»; «il était extrêmement charismatique»; «il était magnétique».
Sauf qu'Errol Morris, le réalisateur à la barre de documentaire, s'appuie sur un bouquin de Tom O'Neill. Pour ce dernier, rien n'est vrai et il est catégorique:
Avec cette phrase pivot, Netflix ne verserait-il pas un poil dans les théories conspirationnistes? Pourquoi? Rien n'est avéré.
O'Neill se concentre sur le programme clandestin de la CIA connu sous le nom de MKUltra, lancé en 1953 et qui a duré 20 ans. Cette opération avait pour but d'espionner les citoyens et expérimenter des initiatives visant à contrôler les esprits.
Aux prises avec ces relents complotistes où s'entrochoquent diverses théories fumeuses, c'est un roman policier (inavéré) aux images d'archives barrés de rouge qui se déroule sous nos yeux. On sentirait même les frémissements et les pulsations des complotistes grimper en flèche à force de discussions et affirmations de l'auteur de Chaos: Charles Manson, the CIA, and the Secret History of the Sixties.
Si les dires de Tom O'Neill frisent le complotisme, la pirouette du film rappelle que cette fascination quasi morbide du hippie au regard habité, tient plus de la manipulation mentale qu'aux meurtres perpétrés.
Comment ces gamins ont pu succomber aux entourloupes de Charles Manson? En avançant, les paroles entendues insistent sur des individus au cerveau nettoyé par Manson. Ils avouent même, des années plus tard, avoir de la peine à se détacher du gourou, la figure du musicien raté restant prégnante dans leur esprit - comme transformé à jamais en disciples malléables pour mieux nourrir un culte du chaos basé sur la haine et l'insécurité.
Toujours est-il que Chaos: Les meurtres de la famille Manson est un bon exemple de documentaire qui s'imbrique dans le moule Netflix - comprenez par-là que le résultat est intéressant et joliment narré.
Errol Morris creuse et joue au ping-pong entre de nombreux interlocuteurs, déroulant le fil narratif d'un drame qui serait marqué du sceau de la CIA.
Outre les théories de Tom O'Neill, peut-être que la voix de Bobby Beausoleil, un jeune musicien dont le chemin a croisé celui de Manson, serait la clef de cette question qui obsède notre écrivain-enquêteur. Il confirme que les motivations de Charles Manson étaient plus banales qu'on ne le pense. Et si le hippie maléfique n'était qu'une simple simple ordure? La réponse vous appartient.
«Chaos: les meurtres de la famille Manson» est à découvrir sur Netflix depuis le 7 mars.