On a goûté le dessert qui fait fondre toute la Romandie
Une odeur de sucre et de beurre flotte dans l’air de ce café lausannois situé juste en dessous de la gare. Autour d’un grand plan de travail immaculé, une mère et sa fille déposent avec minutie des roses en crème sur de minuscules gâteaux ronds. Bienvenue dans l’un des ateliers de bento cake de Valérie, pâtissière autodidacte installée à Lausanne depuis un an.
Nés en Corée du Sud au milieu des années 2010, les bento cakes ont débarqué en Suisse il y a un peu plus d’un an. Ces petites douceurs tirent leur nom du mot japonais «bento», qui désigne un repas individuel préparé dans une boîte compartimentée, souvent soigneusement présenté et esthétique.
Comme un bento classique, ces gâteaux sont pensés pour une seule personne ou un petit nombre, soigneusement décorés et joliment présentés dans de petites boîtes.
Les boîtes ne doivent pas dépasser cette taille 👇
Sur Instagram, le mot-clé #bentocake cumule aujourd’hui plus de trois millions de vues et les vidéos de décoration minutieuse continuent de se multiplier. En Suisse romande, plusieurs ateliers ont vu le jour, notamment à Lausanne, Genève ou Neuchâtel, avec des séances facturées entre 90 et 150 francs par personne.
Plus qu’une simple tendance sucrée, le bento cake est devenu un véritable phénomène esthétique porté par une génération qui découvre la pâtisserie comme un loisir à partager en ligne.
Cette vidéo cumule plus de 300 000 vues 👇
«Ce n’est pas très rentable»
Valérie, 30 ans, propose des ateliers de bento cakes depuis début 2024. Ancienne employée de Nespresso, elle a tout quitté pour vivre de sa passion: «Ça fait quinze ans que je me forme toute seule. La seule formation que j'ai eue dans le domaine, c'est la patente de restauration pour ouvrir mon café. J’adore toucher à tout, bricoler, créer.»
Pendant le Covid, elle commence à publier ses créations sur Instagram. Très vite, les likes s’accumulent et la demande aussi. Lauréate du concours Cook’n'Show à Genève en 2019, elle se lance finalement à plein temps dans la pâtisserie fin 2024. Dans son atelier, tout a été rénové à la main, avec l’aide d’amis. Aujourd’hui, elle enchaîne 15 à 20 commandes de gâteaux par semaine, tout en animant des ateliers participatifs.
Les bento cakes, conçus pour deux personnes, se vendent à partir de 40 francs. Valérie reconnaît que leur confection demande du temps et reste peu rentable. «Leur format est pour deux à trois personnes maximum, donc le prix reste conséquent. Ce n’est pas très rentable, mais la demande explose. En Suisse romande, on en voit de plus en plus!», explique-t-elle.
Une activité familiale
Parmi les participantes du jour, Wathsana, 49 ans, et sa fille Maliwan, 15 ans, concentrées sur la finition de leur petit gâteau. «Ma fille adore les pâtisseries, alors j’ai voulu lui offrir cet atelier pour qu’elle peaufine sa technique et apprenne des astuces», raconte la mère, sourire aux lèvres. Maliwan, de son côté, est conquise:
Pour Wathsana, cette rencontre avec Valérie s’est faite presque par hasard. La connaissant grâce à son ancien travail, elle a suivi la pâtissière sur les réseaux sociaux après sa reconversion professionnelle. «J’ai vu son évolution, j’avais envie de la soutenir et de participer à un atelier. En plus, c’est dans la région, alors c’était parfait.»
Entre les couleurs vives des glaçages, les petites décorations à disposer avec précision et les formes à imaginer, chaque étape devient ludique. C’est un plaisir simple et immédiat: on s’amuse, on expérimente et on voit sa propre imagination prendre forme sur notre mini-gâteau.
À la table voisine, Julie, 41 ans, peaufine un glaçage pastel. Socio-esthéticienne et conseillère en image, elle est arrivée de Paris il y a un an.
«A Paris, il y a plein de layer cakes, qui ressemblent aux gâteaux de mariage, mais à Lausanne, c’est plus rare.» Amatrice de pâtisserie, elle cherchait d’abord un lieu pour en déguster… avant de se mettre à en créer. «Et puis j’adore manger les gâteaux», ajoute-t-elle en rigolant.
De la Corée à la Suisse romande, le chemin du bento cake illustre bien la puissance des réseaux sociaux. Ces gâteaux miniatures, colorés et personnalisables, se prêtent parfaitement aux vidéos de décoration en accéléré qui envahissent les fils TikTok.
En atelier, ils deviennent un moment de partage et de détente. Valérie le confirme:
Dans son petit atelier, Valérie savoure chaque minute de sa journée: «Le matin, je me réveille et je n’ai pas l’impression de travailler. C'est ça que j'aime depuis que je me suis lancée.»
