Avant, quand je voyais des gens courir avec une poussette, je me disais que ça avait l'air sympa, que les enfants devaient trouver ça marrant et que c'était un joli moment de partage parent-enfant. Mais ça, c'était avant. Désormais maman d'une fille de 1 an et 10 mois, ma perception a radicalement changé.
J'ai acheté une poussette de sport, c'est-à-dire à trois roues, parce que la course à pied, c'est mon sport de prédilection. Je cours depuis toujours. J'ai fait mon premier semi-marathon à l'âge de 20 ans et aujourd'hui, à 36 ans, j'ai plusieurs marathons et trails de montagne au compteur. Il était donc évident que j'achète ce type de brouette.
Le marché de la poussette de sport est assez maigre en Suisse: les grandes marques sont Thule, aussi connue pour ses tentes de camping, Hauck, Cybex et c'est à peu près tout. Mon choix s'est porté sur une Cybex modèle Zeno One Box, car ce petit bolide combine plusieurs activités: course, vélo et carrément ski de fond ou peau de phoque, une activité que je pratique en hiver.
Et les accessoires sont importants. Pour la course à pied, on peut soit pousser bébé, soit le tirer grâce à un kit mains libres, un genre de bras articulé qui coûte tout de même 200 balles. Bref, si on achète tout le bazar, ça revient à environ 1500 francs.
Sur Instagram et TikTok, l'engin fait rêver. On voit des Fit Moms courir (que dis-je, voler!) tout sourire avec leur poussette fuselée, comme si c'était presque plus facile avec bébé que sans. Sauf que ces nanas sont des influenceuses sport. Elles ont des cuisses de vaches d'Hérens et les abdos d'Aquaman. En plus, les vidéos qu'on voit sur les réseaux ne durent que quelques secondes durant lesquels je suspecte les enfants d'avoir été drogués avec du pain ou des biscuits.
@daniellehartruns Run+Pull Journey with the kids in tow #GenshinImpact32 #running #momtok #fitmom #fittok #cardioworkout #fitpregnancy #fitnessjourney #transformation #fitgirls #lfg ♬ love on the brain sped up - xxtristanxo
Quand j'ai mis ma fille dans ladite poussette pour la première fois, j'ai vite déchanté: «C'est lourd!». Le bidule pèse 14 kilos. Avec mon enfant dedans, ça fait environ 25 kilos.
D'abord, le bras articulé s'attache à la ceinture, mais on ne sait pas s'il faut le mettre sur le ventre ou sur les hanches. Dans les deux cas, ça gêne, surtout si on vient d'avaler un chili con carne.
Je me suis rapidement rendu compte qu'il fallait éviter d'utiliser cette chariotte du diable en campagne sur des terrains vallonnés. En montée, j'avais l'impression de tirer un âne mort. Il m'était presque impossible de courir. Je me sentais comme ces passionnés de crossfit qui tirent des pneus de tracteur. En descente, on a tout le poids dans le dos et les hanches et, justement, la ceinture tourne sur elle-même, donnant cette sensation désagréable que la poussette va tomber.
Sans parler de l'enfant qui n'a pas du tout envie d'être là et qui, pour ne rien arranger, hurle: «MAAAAAARCHE! MAAAARCHE!» Traduction: «S'il te plait maman, je souhaiterais marcher si tu n'y vois pas d'inconvénient». Heureusement, Dieu, c'est-à-dire Apple, a créé la fonction de réduction active du bruit sur les AirPods.
J'ai aussi testé la poussette sans le bras articulé et j'ai vite compris que c'était un peu comme choisir entre la peste et le choléra.
Les avant-bras prennent cher, le dos également, car une fois de plus, dans les montées, on se retrouve à pousser l'équivalent d'un tonneau de vin. Pour vous donner une petite idée de mon état de fatigue, je cours normalement quatre fois par semaine. Avec la poussette, je n'arrive à courir qu'une seule fois et j'ai de la peine à y trouver du plaisir.
Désormais, j'ai une solution. Ça s'appelle «papa garde bébé quand maman court» et c'est très efficace.