Le FBI est tombé sur «plus de mille bouteilles d'huile pour bébé» en perquisitionnant la propriété de Sean «Diddy» Combs. Cette information, dévoilée par les autorités peu après l'arrestation du rappeur à New York il y a dix jours, continue de faire le tour du monde. Incompréhension, dégoût, colère et moquerie accompagnent souvent les réactions face à ce gros détail de l'acte d'accusation, dont on sait désormais qu'il concerne les frasques sexuelles du rappeur.
Alors que Diddy attend son procès derrière les barreaux de la prison de Brooklyn, une personnalité en particulier a été marquée par la quantité d'huile pour bébé retrouvée chez l'accusé de 54 ans: 50 Cent.
C'est simple, le rappeur derrière le tube In da Club ne s'en remet pas, au point d'en rajouter régulièrement une couche sur les réseaux sociaux. Après avoir affirmé, ironiquement, qu'il n'a «pas 1 000 bouteilles de lubrifiant à la maison», il s'est payé la tête de Diddy cette semaine, en publiant une (fausse) bouteille d'huile pour bébé.
Coming soon! LOL 😆 pic.twitter.com/VeHPJvnFof
— 50cent (@50cent) September 25, 2024
Pourquoi un tel acharnement de la part de 50 Cent? Il faut savoir que le bad boy, rappeur, businessman et désormais producteur de télévision, est un provocateur de compétition et notamment sur les réseaux sociaux. Mais c'est aussi un homme qui a un intérêt certain à faire monter la sauce autour de «l'affaire Diddy», car il prépare un documentaire sur les actes d'accusation qui ont jeté Sean Combs en prison. Quand la nouvelle a été officialisée, 50 Cent en a remis une couche sur la plateforme X:
Si on ne connait pas encore la date de sortie de cette dernière obsession, on a son titre (de travail), sa réalisatrice et sa piste d'atterrissage: le documentaire sortira sur Netflix et Alexandria Stapleton sera derrière la caméra. Pour Curtis James Jackson III (le vrai nom de 50 Cent), ce documentaire doit redonner «de la voix aux personnes qui n'en ont pas».
Autrement dit, les victimes de Sean Combs. Sa boîte de prod, G-Unit, a déjà promis que «tous les bénéfices seraient reversés aux victimes d’agressions sexuelles et de viols».
On raconte aussi que le rappeur est comme fou dans la salle de montage, motivé comme jamais. Deux raisons expliquent cette efficacité. Non seulement 50 Cent aimerait rapidement disculper le milieu du rap et prouver que tout le monde n'est pas «comme Sean Diddy Combs», mais les deux poids lourds du hip-hop new-yorkais sont également en brouille depuis une bonne vingtaine d'années.
Comme toute guerre qui prend vie dans le music business, leur histoire est opaque et sinueuse. Les deux stars, qui ont partagé le même manager, Chris Lighty, se sont retrouvées plus d'une fois sur la même scène, ont foiré plusieurs gros contrats ensemble et la rumeur voudrait que 50 Cent ait écrit plusieurs morceaux pour Diddy, pour se remettre dans le coup après s'être pris neuf balles dans le thorax en 2000, lors d'une fusillade.
Or, s'ils ont, chacun à leur manière, bouleversé le monde du rap dès le début des années nonante, ça n'a jamais été le grand amour. Et, comme toujours dans le hip-hop, c'est par morceaux interposés qu'ils se sont souvent crêpés l'ego.
Et Curtis James Jackson III a toujours été celui qui s'est montré le plus bruyant quand il s'agissait d'esquinter la réputation du rival. Des petites blagues innocentes (et plutôt drôles, aux accusations de meurtre. En 2006, 50 Cent va suggérer que l'ennemi Diddy a quelque chose à voir avec l'assassinat du célèbre rappeur new-yorkais The Notorious B.I.G. Et c'est une nouvelle fois sur un couplet que ça se passe: «Qui a tiré sur Biggie Smalls? / On ne les a pas arrêtés / Ils vont tous nous tuer / Man Puffy sait qui a frappé ce niggar».
Pour les connaisseurs, cette montée d'agressivité serait due à un deal raté, un an plus tôt. En 2005, 50 Cent a failli accueillir le rappeur Mase dans son label. Alors que cet ancien pasteur a passé la majeure partie de sa carrière sous la houlette de Diddy, le mercato aurait méchamment foiré. Plus tard, 50 Cent évoquera la gourmandise de son rival, qui «ne voulait pas lâcher le jeune Mase pour moins de deux millions de dollars».
En 2016, la langue bien pendue de 50 Cent ira jusqu'à prétendre que Diddy a payé pour faire assassiner un autre monstre du hip-hop: 2Pac. Mais il avouera lui-même que son cerveau s'exprime parfois sans réfléchir:
Vingt ans d'une guerre tentaculaire que Diddy tentera parfois de désamorcer, comme en 2018 quand il jurait que «je n'ai rien contre Fif. Il m'aime. Vous pensez vraiment que c'est de la haine entre lui et moi?». Haine ou non, aujourd'hui 50 Cent n'est pas le seul à en vouloir à Sean Combs: des dizaines de plaignantes et le ministère public comptent bien l'envoyer le reste de sa vie derrière les barreaux.
Et le documentaire que le producteur cabotin est en train de fignoler pourrait bien faire exploser quelques affaires inédites.