Beware: vous entrez ici dans un monde rempli de spoilers et de jugements. Enjoy.
Vous aimez les tapisseries criardes, les corsets trop serrés et les nobles British qui font touche-pipi dans des calèches? Si vous vous êtes envoyé les deux premières saisons des Bridgerton comme une assiette de scones à la confiture, ainsi que la première partie de la troisième saison, on peut en déduire que oui.
Souvenez-vous de Daphné Bridgerton et de Simon Basset, le duc de Hastings, s'en donnant à cœur joie dans la bibliothèque, qui se sont mariés pour de vrai après s'être courtisés pour de faux. Plus récemment, rappelez-vous d'Anthony Bridgerton et de Kate Sharma, d'abord amants, puisque le vicomte prévoyait initialement d'épouser la petite sœur de sa future épouse. Et Lady Whistledown, l'ancêtre de Gossip Girl qui, au milieu de toute cette tension, souffle le chaud et le froid avec ses écrits, faisant tourner les ragots de la Couronne.
C'était le bon vieux temps.
Car dans cette troisième saison, c'est au tour de Penelope Featherington et de Colin Bridgerton de titiller les fans de coquineries à la sauce aristocrate anglaise vintage. Un duo, dans la première partie en tout cas, aussi excitant qu'un pneu crevé. Leur mariage, dans la partie 2, nous donnera-t-il davantage des papillons dans le ventre?
Cette première partie nous avait laissé sur notre faim dans la calèche qui ramenait Colin et Penelope après un énième bal. Certes, dans les dernières minutes de l'épisode 4, les téléspectateurs amorphes et endormis que nous sommes avions eu droit à une scène de sexe. De quoi rouvrir une paupière, et hausser un sourcil. Car s'il y a bien quelque chose qui nous avait frappé, que dis-je, qui nous avait heurté en pleine poire avec la puissance d'un scone lâché du haut d'une tour, c'était le manque d'alchimie entre eux deux. Pas de passion. Pas d'excitation. Rien, nada.
Malheureusement, force est de constater que, dans les épisodes fraîchement sortis du four, l'alchimie n'a pas pris. Ils essaient, pourtant. Dès le premier épisode, on ne nous fait poireauter qu'un petit quart d'heure avant d'envoyer la sauce. La scène dure six minutes. Colin enlace Penelope, avant de l'aider à défaire ses cheveux, et son corset. Puis, zépartiiii.
Fun fact: c'est à ce moment-là du visionnage que mon boss est entré dans mon bureau.
Pensez-vous que l'un, ou l'autre, ou ma collègue assise en face de moi s'est senti mal à l'aise? Que nenni. Car le jeu d'acteurs était aussi crédible que lorsque votre pote bourré veut rejouer la scène «je suis le roi du monde» dans Titanic.
Nous disons donc: six minutes aussi excitantes que si l'on avait maté des petits vieux faire l'amour. Encore qu'un couple qui fête ses 62 ans de mariage peut au moins (en tout cas, on l'espère) se targuer de bien se connaître. La main peut être un peu tremblante, l'élan moins tonique, mais le regard est toujours vif, la passion est encore là. (Dites oui, pitié).
Avec Penelope et Colin, «follement amoureux» et dans la fleur de l'âge, non. C'est mou. Y aurait-il un quelconque malaise entre les deux acteurs, Nicola Coughlan et Luke Newton?
Pourtant, feindre une passion folle et dévorante, c'est ce qu'ont réussi à faire leurs prédécesseurs dans les deux premières saisons, tout particulièrement, Simone Ashley et Jonathan Bailey, alias Kate et Anthony Bridgerton. A.K.A. la réincarnation de la tension sexuelle. On est contents de les apercevoir de temps en temps pour réhausser le niveau.
Outre une passion inexistante sous la couette, c'est l'ensemble du couple formé par Colin et Penelope qui manque de crédibilité. On croit volontiers à leur amitié, beaucoup moins à leur romance.
Pour l'amour, la passion, les galipettes, on repassera. Mais cette saison s'articule également autour du double jeu de Penelope Featherington, alias Lady Whistledown, celle qui écrit de folles histoires sur la haute société. Un rôle que la jeune chroniqueuse de l'ombre affectionne tout particulièrement, alors que sous la Régence anglaise, les femmes sont cantonnées à leurs fonctions d'épouses et de mères.
Mais après plusieurs années de chroniques endiablées, la nouvelle Madame Bridgerton est tiraillée entre le pouvoir que lui procure ses écrits et l'éventualité de raccrocher la plume afin de ne pas salir le nom de son époux.
C'est finalement la récompense promise par la reine pour quiconque permettra de dévoiler l'identité de Lady Whistledown qui précipite sa fin... Jusqu'à ce qu'une autre jeune femme lui vole sa place pour les 5000 livres sterling promises. Furax, Penelope défend son honneur en reprenant du service, mais elle finit par se faire démasquer dans une allée sombre... par son propre mari. So shocking.
A la fin de cette troisième saison, Netflix nous fait du Netflix: lors du 23439743ème bal, devant une assemblée médusée et contrainte par la reine Charlotte, la jeune femme tombe le masque. Penelope explique qu'elle a chroniqué sur la bonne société, car c'était sa façon à elle «d'exister, de ne pas être invisible, etc etc». Un féminisme trop binaire pour qu'on ait envie d'y croire. Cette partie du scénario n'est pas bien écrite, elle est même un peu trop caricaturale. Dommage.
Si la saison trois avait dû se cantonner à la bancale histoire entre Penelope Featherington et Colin Bridgerton, elle aurait duré moins longtemps qu'une pub pour de la lessive. Heureusement, les scénaristes ont jugé bon d'ajouter d'autres intrigues dans l'intrigue.
Ainsi, Benedict Bridgerton, l'un des hommes de la fratrie, se découvre une passion pour une veuve, qui lui présente «un ami à elle». Tout ce petit monde s'envoie joyeusement en l'air en s'interrogeant sur le pourquoi du comment la société impose tant de règles.
On suit aussi les aventures de Cressida Cowper, la nouvelle meilleure amie so girly d'Eloïse Bridgerton, qui a coupé les ponts avec Penelope en fin de saison 2. Une amitié un peu cousue de fil blanc, jusqu'à ce que le personnage de Cressida montre une profondeur qu'on ne lui avait pas connue jusque-là.
C'est d'ailleurs elle qui décide de tenter le tout pour le tout et de se dénoncer comme étant Lady Whistledown. Ceci afin de s'éviter un mariage arrangé avec un homme ayant trois fois son âge et «malheureusement une santé de fer».
Les apparitions de Kate et Anthony font également partie des choses qui nous tiennent malgré tout éveillé devant cette série, d'autant plus que leur passion, leur complicité et leur amour ne sont plus à démontrer. Un amour si grand qu'il finit par être à l'origine d'une heureuse nouvelle... Idem pour les sœurs de Penelope, d'ailleurs. On n'oublie pas Francesca Bridgerton, qui finit elle aussi par convoyer peu après son frère Colin.
D'ailleurs, outre LE couple sur lequel Netflix met le paquet, c'est peut-être le doux mélange de toutes ces histoires qui fait que La Chronique des Bridgerton a ce petit goût de reviens-y. Un mariage, un deuxième, quelques trahisons, des réconciliations, deux ou trois histoires de sexe à deux ou à trois, des bébés, encore des bébés, une reine qui s'ennuie, de l'argent, des héritiers, des déshérités, des nobles stressés, des serviteurs décomplexés, le tout dans une désuète atmosphère so British.
Voilà trois saisons déjà que la série nous tient malgré tout en haleine. Des Bridgerton qui, tantôt nous font hausser un sourcil, tantôt nous attendrissent. Jusqu'à la prochaine saison des mariages. Vivement.