Divertissement
Séries

Tell Me Lies: la saison 2 est aussi immature que malsaine

Tell Me Lies saison 2 prend un poil d'hauteur.
Dans la nouvelle saison de la série phénomène Tell Me Lies, Lucy et Stephen continuent à se tourner autour. Image: Hulu

Cette série phénomène est aussi immature que malsaine

Tell Me Lies, visible sur la plateforme Disney+, est un succès outre-Atlantique et sa popularité a débordé en Europe. La deuxième saison vient de sortir chez nous, le 20 novembre. L'occasion d'analyser un phénomène qui conjugue le vide de l'adolescence.
22.11.2024, 16:5323.11.2024, 11:55
Plus de «Divertissement»

La première saison de Tell Me Lies, sortie en 2022, était passée un poil sous les radars avant de se muer en un petit raz de marée populaire s'abattant sur les réseaux sociaux.

Une percée qui s'est vue principalement sur TikTok où le plus souvent, des utilisatrices restent bouche bée face aux 113e cliffhangers du show. La hype s'est ensuite formée, comblant les férus de comptines adolescentes un peu trash.

Et ils sont nombreux et nombreuses. Le site Parrot Analytics a exposé noir sur blanc que l'audimat a explosé. La moyenne était 20,4 fois supérieure à la demande de l'univers sériel américain pour une série diffusée plus tôt outre-Atlantique (en octobre).

La deuxième saison de Tell Me Lies est désormais disponible depuis le 20 novembre en francophonie sur la plateforme Disney+.

Coucher est un sport national dans Tell Me Lies

Lors de la première saison, on découvrait les aventures d'une équipe de jeunes étudiants et étudiantes à la fac de Baird College (établissement imaginaire), située dans le nord de l’Etat de New York. Ces apprenants et apprenantes flirtent avec les limites, se biturent sans cesse et, surtout, couchent à gogo - le qualificatif de sport national n'est de loin pas usurpé.

Ce premier galop d'essai se résume en une orgie incessante qui s'éternise sur 10 épisodes. On se surprend à appuyer sur avance rapide pour combler les trous béants laissés par un script qui tient sur une page A4, où 15 malheureuses lignes se disputent l'espace.

Plus la série avance, plus on préférerait psalmodier dans un coin en attendant l'Apocalypse.

Qu'elle est usante cette fastidieuse relation entre Stephen DeMarco (Jackson White) et Lucy (Grace Van Patten) qui atteint des sommets de toxicité, entre la poupée fragile (Lucy) et le maître de l'entourloupe (Stephen).

Autour des deux tourtereaux, ce n'est pas mieux: une galerie de personnages chagrins noyant leurs tourments dans la boisson et usant des déguisements dans leurs nombreuses soirées (une belle symbolique) pour déguiser une réalité qui bave l'insécurité.

Mais alors, pourquoi rester? Le spectateur est retenu captif par de multiples secrets dissimulés par les différents personnages. On y verra un accident de voiture, des mommy et daddy issues à la pelle, un championnat de tromperies ridicule. Bref, l'ardoise est salée, si bien qu'on pourrait qualifier les personnages de génération en décomposition qui cherche à recoller les morceaux d'une existence désenchantée.

C'est le gros problème de Tell Me Lies: elle se veut trash et cherche à s'engager sur le même terrain que la série Euphoria. Sauf que tout est naïf, hallucinant d'immaturité.

Une saison 2 qui prend un poil en maturité

Après un tel naufrage signé par la créatrice Meaghan Oppenheimer, la saison 2 ne pouvait qu'élever le niveau de crétinisme.

Rebelote, la recette est semblable, avec son format élastique qui s'étire sur ce laps de temps de 8 ans, entre 2008 et 2015, année du mariage entre Bree et Evan.

Le naufrage va-t-il continuer?

Pas tout à fait. Cette saison 2 trouve un semblant de rythme, une vertèbre du moins, pour faire vivre ces personnages dans ce chaos existentiel. Nous passons de 4 parties de jambes en l'air à plus ou moins 2 par épisode. Un bon début. Certains personnages prennent en épaisseur, comme Wrigley (Spencer House), par exemple, le joueur de foot qui s'est blessé et déprime sans piper mots.

Tell Me Lies laisse enfin grandir ses personnages tout en nourrissant cet éternel jeu malsain qui révèle un récit imparfaitement modelé, à l'absence d'éclat.

Meaghan Oppenheimer, qui adapte les bouquins de Carola Lovering, même si elle donne plus de chair, laisse cette ombre décadente mariner. Longtemps, elle ne fait qu'effleurer la psyché de ses personnages à la dérive. Tous, sans exception, se cherchent, dérapent; ils sont bons pour la casse à l'âge de 20 balais.

Or, quand enfin le récit se plaque sur ses personnages, Tell Me Lies raconte enfin quelques chose; une lueur d'espoir, un minime souffle qui survient lors de l'épisode 7 de la saison 2. On y croyait plus.

Le miroir déformant que chacun des personnages contemplaient devient (enfin) clair et net.

Les Stephen, Lucy, Bree, Pippa, Wrigley aperçoivent enfin leur véritable reflet, découvrent que la vie est un constant désordre, que la fac ce n'est pas pour la vie. Oh tiens, un semblant d'intelligence pour nos brebis égarées.

Spencer House joue Wrigley dans la série Tell Me Lies.
Wrigley (Spencer House).Image: Disney

Au final, cette bouillie sérielle n'arrive à se défaire d'une trame narrative qui se noie dans une gymnastique des sentiments dérivant en une folie sexuelle pour exciter un audimat friand de galipettes gratuites.

Mais Tell Me Lies semble se départir (un peu) de son immaturité lors des deux derniers épisodes. Si les étudiants de Baird College persévèrent sur ces sentiers, peut-être que la saison 3, si Meaghan Oppenheimer le veut bien (encore un si), lâchera le bac à sable pour la cour des grands.

Tell Me Lies est à découvrir sur la plateforme Disney+.

Tell Me Lies, Saison 2

Vidéo: watson
Les coulisses de la série Monsters sur Netflix
1 / 6
Les coulisses de la série Monsters sur Netflix
Les coulisses de la série Monsters sur Netflix
source: monsters_mc_202_20240205_dsc_3750.nef
partager sur Facebookpartager sur X
On a critiqué la série RTS «En haute mer»
Video: watson
Ceci pourrait également vous intéresser:
0 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
Qui est Theodora, la chanteuse qui affole la Toile en parlant de fesses?
C'est le phénomène du moment. Theodora, son look déjanté et sa chanson Kongolese sous BBL ont pris d'assaut nos réseaux. On fait le point sur cette artiste parisienne qui a déserté les sages bancs de l'ENS pour renverser les plateformes de streaming.

Ces paroles ne vous disent rien? Il faut croire que vous n'êtes pas sur TikTok. Ou alors, que votre algorithme a prohibé toute nouvelle tendance musicale qui frise un chouïa le code, en expurgeant des mots comme «fiak» («fesses» en langage familier), «seins» ou encore «BBL» (le «Brazilian Butt Lift» renvoie à une opération visant à agrandir ou remodeler les fesses).

L’article