La première saison de Tell Me Lies, sortie en 2022, était passée un poil sous les radars avant de se muer en un petit raz de marée populaire s'abattant sur les réseaux sociaux.
Une percée qui s'est vue principalement sur TikTok où le plus souvent, des utilisatrices restent bouche bée face aux 113e cliffhangers du show. La hype s'est ensuite formée, comblant les férus de comptines adolescentes un peu trash.
Et ils sont nombreux et nombreuses. Le site Parrot Analytics a exposé noir sur blanc que l'audimat a explosé. La moyenne était 20,4 fois supérieure à la demande de l'univers sériel américain pour une série diffusée plus tôt outre-Atlantique (en octobre).
La deuxième saison de Tell Me Lies est désormais disponible depuis le 20 novembre en francophonie sur la plateforme Disney+.
Lors de la première saison, on découvrait les aventures d'une équipe de jeunes étudiants et étudiantes à la fac de Baird College (établissement imaginaire), située dans le nord de l’Etat de New York. Ces apprenants et apprenantes flirtent avec les limites, se biturent sans cesse et, surtout, couchent à gogo - le qualificatif de sport national n'est de loin pas usurpé.
Ce premier galop d'essai se résume en une orgie incessante qui s'éternise sur 10 épisodes. On se surprend à appuyer sur avance rapide pour combler les trous béants laissés par un script qui tient sur une page A4, où 15 malheureuses lignes se disputent l'espace.
Plus la série avance, plus on préférerait psalmodier dans un coin en attendant l'Apocalypse.
Qu'elle est usante cette fastidieuse relation entre Stephen DeMarco (Jackson White) et Lucy (Grace Van Patten) qui atteint des sommets de toxicité, entre la poupée fragile (Lucy) et le maître de l'entourloupe (Stephen).
Autour des deux tourtereaux, ce n'est pas mieux: une galerie de personnages chagrins noyant leurs tourments dans la boisson et usant des déguisements dans leurs nombreuses soirées (une belle symbolique) pour déguiser une réalité qui bave l'insécurité.
Mais alors, pourquoi rester? Le spectateur est retenu captif par de multiples secrets dissimulés par les différents personnages. On y verra un accident de voiture, des mommy et daddy issues à la pelle, un championnat de tromperies ridicule. Bref, l'ardoise est salée, si bien qu'on pourrait qualifier les personnages de génération en décomposition qui cherche à recoller les morceaux d'une existence désenchantée.
C'est le gros problème de Tell Me Lies: elle se veut trash et cherche à s'engager sur le même terrain que la série Euphoria. Sauf que tout est naïf, hallucinant d'immaturité.
Après un tel naufrage signé par la créatrice Meaghan Oppenheimer, la saison 2 ne pouvait qu'élever le niveau de crétinisme.
Rebelote, la recette est semblable, avec son format élastique qui s'étire sur ce laps de temps de 8 ans, entre 2008 et 2015, année du mariage entre Bree et Evan.
Le naufrage va-t-il continuer?
Pas tout à fait. Cette saison 2 trouve un semblant de rythme, une vertèbre du moins, pour faire vivre ces personnages dans ce chaos existentiel. Nous passons de 4 parties de jambes en l'air à plus ou moins 2 par épisode. Un bon début. Certains personnages prennent en épaisseur, comme Wrigley (Spencer House), par exemple, le joueur de foot qui s'est blessé et déprime sans piper mots.
Tell Me Lies laisse enfin grandir ses personnages tout en nourrissant cet éternel jeu malsain qui révèle un récit imparfaitement modelé, à l'absence d'éclat.
Meaghan Oppenheimer, qui adapte les bouquins de Carola Lovering, même si elle donne plus de chair, laisse cette ombre décadente mariner. Longtemps, elle ne fait qu'effleurer la psyché de ses personnages à la dérive. Tous, sans exception, se cherchent, dérapent; ils sont bons pour la casse à l'âge de 20 balais.
Or, quand enfin le récit se plaque sur ses personnages, Tell Me Lies raconte enfin quelques chose; une lueur d'espoir, un minime souffle qui survient lors de l'épisode 7 de la saison 2. On y croyait plus.
Les Stephen, Lucy, Bree, Pippa, Wrigley aperçoivent enfin leur véritable reflet, découvrent que la vie est un constant désordre, que la fac ce n'est pas pour la vie. Oh tiens, un semblant d'intelligence pour nos brebis égarées.
Au final, cette bouillie sérielle n'arrive à se défaire d'une trame narrative qui se noie dans une gymnastique des sentiments dérivant en une folie sexuelle pour exciter un audimat friand de galipettes gratuites.
Mais Tell Me Lies semble se départir (un peu) de son immaturité lors des deux derniers épisodes. Si les étudiants de Baird College persévèrent sur ces sentiers, peut-être que la saison 3, si Meaghan Oppenheimer le veut bien (encore un si), lâchera le bac à sable pour la cour des grands.
Tell Me Lies est à découvrir sur la plateforme Disney+.