Neuchâtel a-t-il réellement besoin de plus d'éthylotests que les autres cantons? Berne consomme-t-il vraiment plus de substituts de viande que le Jura? Zurich joue-t-il vraiment plus à la pétanque que Genève?
Ces questions sont celles posées par Galaxus dans sa nouvelle campagne publicitaire diffusée depuis cet été en Suisse. Elles ont été rédigées grâce aux informations sur les produits commandés, puis ont été «mises en relation avec le lieu de résidence, la génération ou le signe astrologique, sur la base des données réelles de notre clientèle», peut-on lire sur le site internet de la plus grande boutique en ligne du pays. Pour rappel: près de la moitié de la population achète chez Galaxus.
Si les affiches font sourire – elles attisent avec humour les querelles entre les villes et les cantons, mais aussi entre les signes astrologiques ou les générations –, elles soulèvent également des interrogations: à quel point Galaxus sait tout de nous? Nos données personnelles sont-elles protégées une fois que l'on a passé commande?
«Nos clients ne doivent pas avoir peur pour la protection de leurs données», assure Tobias Billeter, responsable communication chez Galaxus.
Il précise que les informations laissées par les consommateurs ne sont pas dévoilées dans la campagne d'affichage: «Elles sont anonymisées. C'est légal d'en faire usage de cette façon.» Et de souligner que la boutique en ligne a déjà utilisé ces indications pour imaginer des publicités par le passé.
Cette manière de procéder pourrait-elle surprendre, voire choquer certains, notamment les clients de Galaxus qui voient leurs données exposées? Tobias Billeter répond par la négative. Il poursuit:
Johan Rochel, co-directeur du laboratoire Ethix spécialisé en éthique numérique, «est surpris que l'on soit surpris» de la publicité Galaxus:
Et de rappeler le nombre d'informations laissées par un client qui passe commande sur une boutique en ligne comme Galaxus. «Avant de finaliser un achat, il faut soit créer un compte et fournir nombreux renseignements, soit poursuivre l'achat avec un compte visiteur. Mais là encore, l'adresse et le nom doivent être indiqués.»
Ce qui aurait posé problème en revanche, selon l'expert, c'est une publicité qui aurait mis en avant un seul produit commandé dans un petit village suisse, car la personne concernée aurait pu être identifiable. Il salue dès lors la stratégie choisie par Galaxus, qui ne permet pas de reconnaître les individus derrière les commandes:
Sur le site de Galaxus, une page présente la campagne et les lecteurs sont sollicités pour donner leur avis. Une trentaine de commentaires ont été laissés et la majorité des personnes sont séduites:
Dans le lot, deux lecteurs pointent néanmoins l'utilisation des données clients et s'interrogent. Le premier estime que «la campagne est passionnante du point de vue des données». Le second déclare: