Les perspectives de l'économie américaine s'assombrissent
Une série d'indicateurs publiée mardi a brossé un paysage inquiétant sur l'état de l'économie américaine, entre prix à la production qui persistent à la hausse et confiance des consommateurs en chute, leurs dépenses s'ajustant en conséquence.
Certes, certaines données sont en retard. A cause de la paralysie budgétaire («shutdown») qui a bloqué l'état fédéral pendant 42 jours en octobre et novembre, un certain nombre d'indicateurs sont publiés plusieurs semaines après la date prévue initialement et prises avec des pincettes par les marchés, qui les jugent à juste titre datés.
Mais comme un certain nombre d'indicateurs plus récents ne seront finalement pas publiés, du fait d'une absence de collecte de données durant le «shutdown», ceux disponibles pointent vers une économie américaine qui semble ralentir un peu plus.
Prudence des consommateurs
«Les ventes au détail faibles de septembre montrent que les consommateurs se montrent de plus en plus prudents», a ainsi signalé dans une note la cheffe-économiste de Nationwide, Kathy Bostjancic.
Conséquence, si elles ont légèrement augmenté en septembre (+0,2%), les ventes au détail restent en réalité stables une fois mises de côté les ventes de carburant, qui ont fortement poussé cet indice. «Si l'on exclut la vente de carburant, les ventes en septembre sont quasi stables sur un mois, ce qui pointe vers un ralentissement des dépenses des consommateurs», ont alerté dans une note les analystes de briefing.com.
Une prudence qui n'est pas sans raison: la confiance des consommateurs a continué de reculer au mois de novembre (-6,8 points à 88,7), après une baisse en octobre, et reste désespérément faible concernant la vision qu'ils ont du futur de l'économie américaine, selon l'indice mesurant la confiance des consommateurs, publié par l'association professionnelle Conference Board.
Le sous-indice dédié aux anticipations est tombé à 63,2 points (-8,6 sur un mois), enchaînant ainsi un dixième mois sous la barre des 80 points, ce qui est considéré comme un signe potentiel de récession à venir.
«Les trois composantes du sous-indice concernant les anticipations sont en baisse en novembre», a détaillé la cheffe économiste du Conference Board, Dana Peterson, citée dans le communiqué.
Risque d'inflation persistant
Parmi les causes, la crainte de voir l'inflation persister à un niveau élevé puisque les Américains s'attendent à la voir atteindre 4,8% sur un an. En la matière, la réaccélération de l'indice des prix à la production (PPI) au mois de septembre ne donne pas matière à calmer leurs inquiétudes, avec une hausse de 0,3% observée, qui entraîne une hausse de 2,7% en rythme annuel, en accélération par rapport à août (+2,6%).
Car la hausse des prix à la production est souvent un indice d'une hausse à venir des prix à la consommation finaux et donc de l'inflation. «L'élément essentiel est que l'inflation, au niveau des grossistes, persiste, comme le montrent les prix de l'alimentaire, ce qui explique pourquoi de nombreux consommateurs, qui voient les prix augmenter ensuite dans les rayons, n'ont pas le sentiment que l'inflation est sous contrôle», ont relevé les analystes de briefing.com.
L'alimentation a, en effet, connu en septembre une hausse des prix plus marquée, à 1,1% sur un mois et 4% sur un an, alors que le pouvoir d'achat, en particulier sur les produits alimentaires, reste un sujet majeur pour les Américains, tout particulièrement en cette période de Thanksgiving. Le président Donald Trump en a fait un de ses principaux arguments en matière de politique économique.
Durant le «shutdown» le plus long de l'histoire des Etats-Unis (du 1er octobre au 12 novembre), les ministères américains ont retardé une série de publications de données macroéconomiques importantes, qui sont désormais dévoilées avec plusieurs semaines de retard par rapport à la date initiale, en décalage avec l'état de l'économie actuelle.
Plusieurs indicateurs essentiels concernant octobre, tels que le chômage ou l'indice des prix à la consommation (CPI) ont même vu leur publication annulée, les services statistiques n'ayant pas été en mesure de collecter les données brutes nécessaires. Les estimations préliminaires pour le produit intérieur brut (PIB) du troisième trimestre ne seront également pas connues et son estimation finale a d'ores et déjà été retardée à mi-décembre. (mbr/ats)
