La date d'une élection législative anticipée en Allemagne, qui a fait l'objet de plusieurs jours de bras de fer, a été approuvée par le principal parti d'opposition, les conservateurs de la CDU/CSU, des sources proches du parti social-démocrate du chancelier Olaf Scholz.
Le chancelier devrait poser le 16 décembre la question de confiance au Bundestag, la chambre basse du parlement. Le vote des députés aura lieu deux jours après le dépôt de la motion, selon la même source. Celui-ci pourrait bien décider de désavouer Olaf Scholz.
Le calendrier offre un peu de visibilité au pays qui se débat dans une grave crise industrielle et s'inquiète des répercussions pour son commerce et sa sécurité de l'élection du républicain Donald Trump comme président aux États-Unis.
La coalition formée depuis fin 2021 par le SPD d'Olaf Scholz, les Verts et le libéraux avait volé en éclat mercredi soir après le limogeage du ministre des Finances libéral Christian Lindner, en raison de profonds désaccords sur la politique économique.
La rupture brutale de la coalition tripartite a plongé la première économie européenne dans une crise inédite. Le chancelier, désormais à la tête d'un gouvernement minoritaire avec les écologistes, avait dans un premier temps fixé le vote de confiance le 15 janvier en vue d'un scrutin en mars.
Mais pressé de toutes parts d'accélérer la cadence, l'impopulaire dirigeant avait alors fait marche arrière et confié le soin de fixer la date aux groupes parlementaires des conservateurs de la CDU/CSU, premier parti d'opposition largement en tête dans les sondages d'opinion, et de son parti social-démocrate (SPD).
Une fois qu'Olaf Scholz aura perdu la confiance aux députés du Bundestag, la chambre basse du parlement – un scénario quasi-inévitable étant donné qu'il ne dispose plus d'une majorité, le président allemand Frank-Walter Steinmeier aura trois semaines jours pour dissoudre la chambre.
Puis selon la procédure, de nouvelles élections doivent avoir lieu dans un délai de 60 jours. Le président a mené depuis lundi des consultations avec des responsables de partis pour trouver une date adéquate.
La directrice fédérale des élections, Ruth Brand, a dit mardi ne pas s'opposer à une élection anticipée avant mars, jugeant la tenue d'un scrutin réalisable «en toute sécurité juridique», lors d'une audition devant la commission de contrôle des élections du Bundestag.
Les partis n'ont pas attendu un accord sur une date des élections pour lancer leur campagne. En première ligne, les conservateurs avec le chef de file Friedrich Merz, formation qui caracole actuellement en tête actuellement dans les sondages d'opinion avec quelque 32%, qui pressait le chancelier d'ouvrir la voie à des élections rapides.
Même si les conservateurs l'emportent, la constitution d'un gouvernement ne s'annonce pas aisée, si l'on en croit les derniers sondages publiés après la rupture du gouvernement.
Friedrich Merz voudrait éviter une coalition à trois, mais les scores des autres partis ne le permettraient pas à ce stade, avec un SPD à 15,5%, des Verts à 11,5%, et un FDP, tout juste à 5%. Les conservateurs excluent par ailleurs toute alliance avec l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) le parti d'extrême-droite, crédité de 19,5% dans le dernier sondage de l'institut Insa.
Olaf Scholz, en dépit de sa dégringolade dans les sondages de popularité, entend de son côté mener la campagne du SPD, alors que son ministre de la Défense Boris Pistorius est de loin l'homme politique le plus populaire en Allemagne
(ats)