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«J'y pense constamment»: Poutine évoque sa succession

«J'y pense constamment»: Poutine évoque son successeur
Vladimir Poutine règne sur la Russie depuis 25 ans.Image: EPA SPUTNIK POOL

«J'y pense constamment»: Poutine évoque sa succession

Depuis 25 ans, Vladimir Poutine occupe les plus hautes fonctions du pays. Alors que les spéculations sur sa succession vont bon train, il se met lui-même à les attiser.
07.05.2025, 05:3907.05.2025, 05:39
Simon Cleven / t-online
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Lorsque Vladimir Poutine s'exprime en public, ses déclarations les plus cruciales sont souvent à trouver dans les nuances ou des remarques apparemment anodines. Il est donc d'autant plus surprenant que le chef du Kremlin s'exprime frontalement sur des sujets sensibles qui le concernent directement.

Compte tenu de son âge avancé (72 ans), les spéculations vont bon train depuis longtemps quant à son, ou ses successeurs potentiels, à la tête de l'Etat russe. Poutine a récemment lui-même jeté de l'huile sur le feu des spéculations.

A l'occasion d'un documentaire consacré à ses 25 ans à la tête du Kremlin, le président russe s'est exprimé de façon plus ou moins claire au sujet de sa succession. «J'y pense constamment», a-t-il lancé au journaliste de la télévision publique russe, dans le film Russie. Kremlin. Poutine. 25 ans.

Mais qui en Russie pourrait donc prétendre à la présidence? A ce sujet, Poutine s'est voulu évasif. Le chef du Kremlin a déclaré:

«Une personne qui ne jouit pas de la confiance de la population n'a pratiquement aucune chance d'accomplir quoi que ce soit de sérieux. C'est absolument fondamental.»
Vladimir Poutine

Il a toutefois dit observer et évaluer en permanence les candidats potentiels, sans révéler de nom.

Poutine dit croire au choix du peuple

Dans le documentaire, Poutine semble accorder une importance particulière à la volonté du peuple. «Quand j'y pense – et j'y pense constamment –, je pense bien sûr qu'il faut trouver une ou, mieux encore, plusieurs personnes capables de gagner la confiance des citoyens du pays afin que le peuple ait le choix», a-t-il affirmé.

«En fin de compte, le choix appartient au peuple, au peuple russe, aux citoyens, aux électeurs»
Vladimir Poutine

Le président semble ainsi aller à l'encontre des évolutions politiques qu'il a mises en place en Russie au cours des dernières décennies, en revêtant le rôle de la personne légitime choisie par le peuple.

Vladimir Poutine a pris pour la première fois sa fonction de président en 2000, après avoir occupé le poste de premier ministre depuis le mois de décembre 1999. Il n'avait alors pas été élu, mais nommé par le président de l'époque, Boris Eltsine. Entre 2008 et 2012, Dmitri Medvedev avait occupé la présidence, tandis que Poutine occupait le poste de premier ministre.

Ce qui ressemblait fort à une mascarade avait des raisons constitutionnelles. A l'époque, un président russe ne pouvait exercer que deux mandats au maximum. En 2012, Poutine est finalement revenu à la présidence, et a fait modifier la Constitution en 2020 pour que ses mandats précédents soient «effacés». Il pourrait ainsi rester au pouvoir jusqu'en 2036.

Tous les scrutins organisés depuis 2012 peuvent être considérés comme des élections fictives, car l'Etat est intervenu de manière croissante dans le processus électoral. Les manipulations, la répression et les modifications législatives en faveur de Poutine sont monnaie courante en Russie.

«Intensifier la concurrence et la rivalité»

Les déclarations de Poutine à la télévision publique ont non seulement alimenté les spéculations au niveau international, mais aussi fait naître des rumeurs en Russie. Ancien conseiller au ministère ukrainien de l'Intérieur, Anton Gerachtchenko a déclaré sur X que Poutine voulait exhorter ses partisans à lui rester fidèles.

«On dirait une sorte de test de loyauté pour le cercle restreint de Poutine, dans le but d'intensifier la concurrence et la rivalité qui s'y mène»

Chroniqueur pour le journal russe Kommersant, Dmitri Drise ne croit pas que Poutine ait déjà trouvé un successeur. Il interprète plutôt les propos du chef du Kremlin comme suit:

«Il n'y a manifestement pas de candidats appropriés aujourd'hui, et qu'on ne sait pas très bien quand ils sortiront de l'ombre. Ce n'est clairement pas possible pour l'instant.»
Dmitri Drise

L'analyste politique Maxim Charov a écrit sur Telegram que Poutine voulait déstabiliser ses adversaires politiques:

«Les allusions de Poutine à propos de plusieurs successeurs et d'une concurrence entre eux visent donc à déstabiliser le parti de la paix, qui se prépare sérieusement à influencer l'opinion publique en faveur d'un cessez-le-feu dans les jours à venir.»
Maxim Charov

Outre son 25e anniversaire au Kremlin, Poutine célèbre également ces jours-ci le 80e anniversaire de la victoire de l'Union soviétique contre l'Allemagne nazie lors de la Seconde Guerre mondiale. De nombreuses célébrations ont lieu dans tout le pays, et le plus grand défilé militaire se tiendra à Moscou. Les chefs d'Etat du monde entier sont invités à y participer. Des défilés de la victoire seront également organisés à Saint-Pétersbourg, Vladivostok et dans d'autres grandes villes du pays.

Traduit de l'allemand par Joel Espi

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