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DEI: la déclaration d'une pompière scandalise à Los Angeles

L'adjointe LAFD à l'Equité Kristine Larson.
L'adjointe LAFD à l'Equité Kristine Larson.image: capture
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Pourquoi la déclaration de cette pompière scandalise aux Etats-Unis

Alors que Los Angeles est traumatisé par ses incendies, une déclaration d'une cheffe pompière semblant minimiser l'importance de la force physique dans son métier, donne du grain à moudre aux trumpistes.
13.01.2025, 18:5217.01.2025, 15:27
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Si vous suivez les incendies de Los Angeles sur les réseaux sociaux, vous aurez sans doute aperçu ces trois lettres: DEI. En Français: Diversité, Equité, Inclusion. Alors que la mégapole californienne connaît ses feux les plus ravageurs de son histoire, l'acronyme DEI fait figure de coupable idéal aux yeux des électeurs trumpistes. Mais rien ne dit qu'il n'agace pas non plus dans le camp démocrate.

Une vidéo fait actuellement un bad buzz – pas pour tout monde, bien sûr. Elle date de 2019. L’on y entend l’adjointe chargée de l’Equité au Département du feu de Los Angeles (LAFD), Kristine Larson, «première femme africaine-américaine à avoir été nommée cheffe de bataillon», dire des choses un peu étranges.

A des situations théoriques – «Une femme est-elle assez forte physiquement pour le métier de pompier?», «Vous ne pourriez pas porter mon mari hors d’un feu» – elle répond:

«Si j’ai à transporter votre mari hors d’un feu, c’est qu’il se trouve au mauvais endroit»
Kristine Larson, chargée de l'Equité au LAFD

Cette réponse, où l’on est amené à comprendre que la réalité doit se conformer à l’idéologie, a quelque chose d’hallucinant si l’on considère de bonne foi que la force physique est ce qui compte avant tout lorsqu’il s’agit de transporter avec ses bras des individus hors d’un brasier.

L'ancienne déclaration de Kristine Larson s'est attiré de nombreuses répliques, certaines pleines d'une ironie féroce, comme celle-ci, sur X, accompagnée de cette légende: «Moi, sortant d'un immeuble en feu quand je vois arriver Kristine Larson et son équipe parce qu'elle a établi qu'elle ne m'aiderait pas.»

«L'identitaire a pris le pas sur le mérite»

Introduit dans les années 2010 aux Etats-Unis, dans le secteur public comme dans le secteur privé, le programme DEI se retrouve – sans jeu de mots – sous le feu des critiques. Cela ne date pas des derniers incendies de Los Angeles. Au LAFD comme ailleurs, le DEI s'est traduit par la mise en œuvre d’une politique de quotas en faveur des identités de genre, de «race» ou de toute autre catégorie jugée minoritaire.

Aurait-on fait fausse route en négligeant l’intérêt général? «Il apparaît que le recrutement au Département du feu de Los Angeles s’est fait sur des bases idéologiques», note Samuel Fitoussi, chroniqueur au Figaro et auteur de Woke fiction: comment l'idéologie change nos films et nos séries (Le Cherche-Midi). Joint par watson, ce critique du wokisme, autrement appelé «politique de l’identité» par le chercheur américain Yascha Mounk, affirme que l'«identitaire, aux Etats-Unis sans doute plus qu'ailleurs, a pris le pas sur le mérite».

«Des gages donnés à l’extrême droite»

Sentant probablement le vent tourner sur la question identitaire, Boeing a décidé, début novembre, de mettre fin à son programme DEI. Pendant ce temps, Donald Trump l’emportait face à Joe Biden. Certains, favorables au DEI, ont vu dans son abandon des «gages donnés à l’extrême droite», une piteuse manœuvre de diversion alors que l’avionneur fait face à la pire crise économique de son histoire.

Cette crise sans précédent a en tous les cas donner des arguments à la direction de l’entreprise face au poids du politiquement correct. «Boeing, comme d’autres grands groupes, a estimé que l’accent mis sur l’identitaire faisait chuter le niveau, au détriment de la recherche de l’excellence», commente Samuel Fitoussi.

Finie, la discrimination positive à l'université

En 2023, un an après avoir supprimé la protection du droit à l'avortement aux Etats-Unis, la Cour suprême abattait «un autre pilier du progressisme» en mettant fin à la discrimination positive dans les universités américaines, relevait à l’époque le journal Les Echos. Approuvé 78 ans plus tôt par cette même juridiction, ce système visait à favoriser l’ascension sociale des Noirs, puis, plus tard, celle des Latinos, à condition que cela n’aboutisse pas à la mise en place de véritables quotas. Mais il y eut des situations jugées iniques, en défaveur, notamment, d’étudiants d’origine asiatique.

«Le pli woke est pris»

A présent qu’ils sont dirigés par Donald Trump, avec Elon Musk en ministre de la nouvelle propagande, les Etats-Unis vont-ils complètement détricoter l’édifice de protection des minorités? Samuel Fitoussi:

«Je ne le pense pas. Il va y avoir un recul avec Trump et Musk, mais le pli woke est pris, il est très présent dans les ressources humaines. L’idéologie du genre est répandue dans les écoles, y compris dans les écoles privées.»

Considéré comme un bastion démocrate, Hollywood, lors de la prochaine cérémonie des Oscars, en mars, voudra peut-être faire acte de résistance au nouveau pouvoir politique, en couvrant de gloire le film de Jacques Audiard, Emilia Pérez, cheffe de cartel mexicain transgenre.

Les animaux de Los Angeles sont aussi victimes des incendies
Video: watson
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