On se croirait presque dans Star Wars, au moment où les chasseurs TIE jaillissent du destroyer stellaire pour assaillir les vaisseaux spaciaux de Luke Skywalker et de ses compagnons de la rébellion. Encore plus fort, l'immense vaisseau-mère d'Independence Day, qui abritait non seulement des ovnis quasi-invisibles, mais également une armée entière d'extraterrestres.
Ce concept de vaisseau-mère destructeur ne fascine pas uniquement les cinéastes, mais également l'industrie militaire chinoise. Avec Jiu Tian, la Chine veut faire de ces fantasmes une réalité, en élevant sa technologie des drones à un autre niveau.
Alors que cela pouvait sembler encore futuriste, un tel appareil a été présenté en novembre dernier au Salon aéronautique de Zhuhai, et doit désormais effectuer son premier vol en juin.
Il s'agit d'un vaisseau-mère sans pilote, qui opère à haute altitude et largue des nuées de petits drones au-dessus du territoire ennemi. Une vidéo de la télévision nationale chinoise CCTV évoque également ses capacités civiles, avec une utilisation possible pour transporter de l'eau et lutter contre les incendies de forêt.
Le nom Jiu Tian signifie «ciel élevé» ou «neuvième ciel», et ce qui le rend vraiment spécial, c'est le fait qu'il peut embarquer une centaine de drones ou se transformer en bombardier et transporter 200 bombes. Sous son fuselage, une structure en nid d'abeille d'où peuvent décoller en vol des drones d'observation ou des engins kamikazes. A cela s'ajoute de l'armement classique, soit jusqu'à 8 missiles extérieurs.
Du point de vue technique, ce nouveau porte-drones volerait jusqu'à 15 000 mètres d'altitude, atteindrait une vitesse de 700km/h et aurait une autonomie en vol de 36 heures.
Pour que tout cela fonctionne, la Chine mise sur une autonomie complète de l'engin. Des essaims entiers seront ainsi pilotés par l'intelligence artificielle, qui s'occupera de gérer la reconnaissance commune et de répartir les tâches entre les aéronefs. Face à cela, une armée adverse incapable de se défendre de manière adéquate sur le champ de bataille, pourrait se retrouver totalement débordée par une telle armada volante.
Dans son livre 7 seconds to die, l'expert militaire américain John Antal décrit comment, lors de la deuxième guerre du Haut-Karabakh, l'Azerbaïdjan a écrasé l'Arménie à l'aide de ses unités de drones. Et la guerre en Ukraine risque bien de confirmer le pronostic de John Antal, qui affirme que le futur champ de bataille sera «saturé de grands essaims de drones».
CCTV a récemment publié des vidéos avec des images de synthèse du Jiu Tian, où l'on voit les flancs de l'avion libérer des drones à ailes et à hélices. Les experts sont unanimes, un tel système est adapté à une attaque surprise massive au-dessus du territoire ennemi, et pourrait tout à fait servir d'arme de première frappe.
Officiellement, Pékin reste muette sur l'utilisation concrète d'un tel système. Mais il est clair qu'avec un vaisseau-mère de drones en état de marche, la Chine se rapproche de la position de leader occupée par les Etats-Unis en matière de technologie militaire. Depuis des années, le groupe d'armement public chinois Avic travaille sur des drones performants destinés au combat.
Selon Ashok Swain, chercheur suédois et professeur à l'université d'Uppsala, la Chine double l'Occident avec ce nouveau développement. Les nouveaux systèmes signalent ainsi notamment la prétention géopolitique de l'Empire du Milieu de Xi Jinping.
Traduit de l'allemand par Joel Espi