La conférence mondiale sur le climat qui s'est ouvert ce lundi à Bakou, en Azerbaïdjan, sera forcément sous le feu des projecteurs... et de la critique. Mais la lutte contre le réchauffement ne se joue pas uniquement lors de ces grands événements. Voici dix initiatives qui vont dans la bonne direction.
Les investissements mondiaux dans les énergies vertes ont augmenté de plus de 50% en cinq ans seulement. Selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE), les flux d'investissement dans les projets liés aux énergies renouvelables s'élèvent à environ deux billions de dollars par an, soit presque deux fois plus que pour le pétrole, le gaz et le charbon. Avant la pandémie, ce rapport était plutôt de un pour un.
Et ce n'est pas tout: sept pays produisent désormais 100% de leur électricité à partir de sources renouvelables: l'Albanie, le Bhoutan, l'Ethiopie, l'Islande, le Népal, le Paraguay et la République démocratique du Congo. Leur énergie provient exclusivement de la géothermie, de l'énergie hydraulique, solaire ou éolienne. La Norvège en est très proche avec 98,38%.
Comme l'a calculé l'AIE, le photovoltaïque permet à lui seul d'éviter désormais environ 1,1 gigatonne d'émissions de CO2 par an. Cela correspond aux émissions de l'ensemble du secteur énergétique japonais. En Suisse, 10% de l'électricité provient aujourd'hui déjà de l'énergie solaire.
Sans stockage, pas de transition énergétique. En effet, il faut s'adapter aux fortes fluctuations de la puissance de production du photovoltaïque et de l'éolien. La solution? Les batteries. Et leur coût a chuté de plus de 90% en moins de quinze ans. Selon l'AIE, il s'agit de l'une des baisses de prix les plus rapides jamais enregistrées pour les technologies vertes. Cela contribue notamment à l'électrification du transport routier.
Le soir du 30 septembre 2024, le Royaume-Uni a fermé sa dernière centrale à charbon, devenant ainsi le premier pays du G7 à le faire. Il dépendait depuis plus de 140 ans de ce combustible bon marché, qui lui fournissait jusqu'en 1990 la majeure partie de l'électricité produite sur son territoire. Le charbon reste très abordable et disponible en de nombreux points du globe - mais il demeure aussi le combustible fossile le plus polluant.
Selon le scénario actuel, la demande de charbon au niveau mondial atteindra son maximum vers 2025. Pour le pétrole et le gaz, il faudra attendre la fin de la décennie.
Le vélo a pris le pas sur la voiture dans la capitale française, selon une étude de l'institut Paris Région. Elle révèle que les habitants préfèrent pédaler pour se déplacer dans la ville. C'est ce que montre une analyse GPS dans laquelle ont été intégrées les données de plus de 3300 Parisiens.
Les véhicules particulièrement polluants seront interdits à partir de 2025 dans la ville lumière. Lors d'un vote en février dernier, la population a également approuvé une proposition visant à tripler les tarifs de stationnement pour les gros véhicules comme les SUV. Paris souhaite aussi dépenser 250 millions d'euros pour améliorer ses infrastructures cyclables d'ici 2026. Le but est de parvenir à du «100% vélo».
Avec le changement climatique, les périodes de chaleur deviennent plus fréquentes, plus longues et plus extrêmes. Les villes sont particulièrement touchées, à cause de leur densité de surfaces bâties et vitrées, qui se réchauffent davantage. Les toits réfléchissants permettent de lutter contre ce phénomène. Aux Etats-Unis, New York y a recours depuis longtemps et a peint en blanc plus de dix millions de mètres carrés de toits depuis 2010. Selon le programme NYC CoolRoofs, une surface blanchie de 2500 mètres carrés réduit l'empreinte carbone de la ville d'une tonne de CO2 par an.
Pour renforcer cet effet, une équipe de chercheurs dirigée par l'ingénieur Xiulin Ruan de l'université de Purdue a développé au cours des dix dernières années une peinture blanche spéciale. Elle contient une forte concentration de sulfate de baryum - et peut abaisser la température des surfaces extérieures de plus de 4,5 degrés en dessous de la température ambiante. C'est ce qu'ont rapporté les scientifiques à la revue spécialisée ACS Applied Materials & Interfaces.
La ville du nord de l'Allemagne ne mise pas sur le blanc, mais sur le vert. En 2014, Hambourg a adopté une «stratégie des toits verts», débloquant trois millions d'euros pour la végétalisation de cette partie des bâtiments. Grâce à une évaporation constante de l'humidité, la mesure permet non seulement de lutter contre l'effet d'îlot de chaleur urbain, mais aussi d'atténuer les conséquences d'événements pluvieux extrêmes. En effet, l'eau de pluie y est mieux retenue, ce qui contribue à désengorger les canalisations. Selon l'Office fédéral de la protection de la nature, Hambourg compte actuellement deux kilomètres carrés de surfaces végétalisées.
Ce qui constitue par ailleurs un hotspot pour la biodiversité, comme l'ont prouvé des biologistes: dans le cadre d'un relevé systématique, ils y ont trouvé plus de 235 coléoptères, dont beaucoup figurent sur la liste d'espèces menacées.
La capitale danoise fait depuis longtemps figure de pionnière en matière de protection du climat. Et pour cause: elle est parvenue à réduire son empreinte carbone du secteur alimentaire de près de 20% entre 2018 et 2022. L'alimentation fait partie des principales sources d'émissions liées à la consommation dans les villes. En collaboration avec un nutritionniste, la métropole a par exemple élaboré près d'un millier de recettes respectueuses du climat à préparer dans des cuisines collectives. Des menus végétariens sont par ailleurs obligatoires pendant les grands événements, lors desquels le gaspillage alimentaire doit être limité.
Avec Copenhague, treize autres villes dans le monde se sont engagées à mettre en place une stratégie alimentaire durable, en imposant notamment des menus conformes dans les cantines scolaires.
Les océans stockent énormément de carbone. Un professeur d'ingénierie à l'université de Californie, Gaurav Sant, veut en tirer parti pour éliminer le CO2. Pour ce faire, il a fondé la start-up Equatic, finaliste du prix Earthshot 2024. Lancé par le prince William et doté de cinq millions de livres sterling au total, le concours récompense des projets exceptionnels de protection de l'environnement.
Equatic mise sur une technologie qui transforme le CO2 dissous dans l'eau salée en carbonate solide et stable. Le gaz à effet de serre s'y retrouve ainsi piégé pendant au moins 10 000 ans. Un processus qui s'apparente à ce que font les molusques qui construisent leurs coquilles. Après des projets pilotes prometteurs, Equatic construit actuellement à Singapour une grande installation qui, à partir de 2025, devrait permettre d'extraire chaque jour dix tonnes de CO2 de l'eau de mer et de l'atmosphère - l'équivalent des émissions de 850 personnes.
Le pape François a annoncé cet été que la Cité du Vatican serait à l'avenir entièrement approvisionnée en électricité solaire. Dans une lettre, le chef de l'Eglise catholique a chargé les organes compétents du tout petit Etat de coopérer avec les autorités italiennes. Objectif: construire une installation photovoltaïque sur un terrain situé au nord de Rome et appartenant au Vatican en tant que zone extraterritoriale. Cette installation devrait fournir de l'électricité à l'ensemble du Saint-Siège. Qui n'en est d'ailleurs pas à sa première mesure: sous le pape François, il avait déjà conclu un partenariat avec VW pour une flotte de voitures entièrement électriques.
En 2021, le groupe pop-rock britannique Coldplay avait annoncé un plan en douze points visant à réduire de 50% l'empreinte carbone de ses tournées. Les musiciens ont récemment présenté leurs chiffres: selon eux, les émissions de la tournée Music of the Spheres ont même diminué de 59% par concert par rapport à la précédente. L'Environmental Solutions Initiative du célèbre Massachusetts Institute of Technology (MIT) a vérifié et confirmé ces données.
Pour y arriver, le groupe a par exemple utilisé des batteries rechargées par des installations solaires, avec des générateurs à l'huile de friture et des vélos électriques. Les fans ont également apporté leur pierre à l'édifice: ils ont sauté sur des pistes de danse capables de produire de l'électricité grâce à un «sol cinétique». Un arbre a aussi été planté pour chaque billet vendu.
Traduit et adapté par Valentine Zenker