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Chute de Biden: les démocrates sont des lâches

Chute de Biden: les démocrates sont des lâches
Joe Biden n'a bientôt plus de place entre ses omoplates pour accueillir les balles de ses alliés.image: getty, montage: watson
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Les démocrates sont des lâches

Joe Biden n'est pas souffreteux depuis hier. Tout le monde savait. Beaucoup rêvaient secrètement de le poubelliser. Depuis le début. George Clooney, Michael Douglas et les huiles démocrates sont les seuls responsables de la crise politique dans laquelle sont désormais plongés les adversaires d'un Trump qui, lui, savoure en douce sa nouvelle virginité. Inflammable.
11.07.2024, 16:46
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Vous vous souvenez quand le président des Etats-Unis s’était vautré après s'être pris les pieds dans un sac de sable militaire, devant les caméras du monde entier? Quand le président des Etats-Unis a confondu Macron et Mitterrand? L'Egypte et le Mexique? Quand le président des Etats-Unis a bégayé? Toussé? Tangué? Dérapé? Divagué? Oui, vous vous en souvenez, tout le monde s'en souvient.

Depuis seize mois, les preuves de la fragilité de Joe Biden noircissent une liste avec laquelle les décideurs démocrates se sont soigneusement torchés. Jusqu'au débat. Le fameux. Celui qui a servi de prétexte à ses alliés les plus loyaux pour l'aligner enfin devant un peloton d'exécution.

Le président et le sac de sable.

Vidéo: twitter

Rembobinons jusqu'au mois d'octobre 2023. A l'époque, le milliardaire et ses partisans MAGA s'acharnent alors quotidiennement sur l'état de santé mentale et physique de Joe Biden. Une arme très républicaine, suppose-t-on. Des attaques faciles, des balles perdues. Du Trump tout craché.

«L'un des nouveaux sketches comiques de Donald J. Trump lors de ses meetings le montre imitant l'actuel commandant en chef avec une caricature exagérée, se moquant de l'âge du président Biden. Les paupières tombantes et la bouche ouverte, M. Trump bégaie et marmonne. Il plisse les yeux. Ses bras s'agitent. Il traîne les pieds et déambule à pas traînants sur la scène. Un éclat de rire et des applaudissements éclatent dans la foule tandis qu'il feint la confusion.»
Le New York Times, le 30 octobre 2023.

On a longtemps entendu dire que rendre compte des maladresses de Biden faisait le jeu des trumpistes. Que c'était de l'âgisme de bas étage, indigne d'une course à la présidence de la plus grande puissance mondiale. Que le milliardaire orangé n'est pas beaucoup plus jeune. Promis juré, disait-on aussi en haut lieu démocrate: Joe Biden est une bête de scène une fois les caméras débranchées. Désormais, c'est lui qu'on veut débrancher à tout prix.

Dans le même temps, on préférait ignorer la solide crainte des électeurs démocrates au sujet des capacités cognitives de leur unique poulain. Bien sûr, on ne lésinait pas sur les débats, pour se rassurer et souligner en gras l'importance de l'expérience face au dynamisme.

Et puis ça paraissait franchement casse-gueule de désavouer le patron, fût-il sénile, alors qu'il avait été choisi comme un bonbon par des gamins, pour «vaincre Donald Trump» et «sauver la démocratie». Rien que ça. Et que l'unique alternative crédible, Kamala Harris, recroquevillée dans son coin, trop consciente que le parti se serait volontiers débarrassée d'elle depuis longtemps.

Maintenant que la quasi-totalité des ennemis des républicains emprunte le même argumentaire que Donald Trump pour flinguer leur candidat de 81 ans, il est impossible au malheureux Biden de remonter la pente. De faire mentir ce que tout le monde constate depuis trop longtemps. Le cul-de-sac.

Joe Biden, c'est mort. Et sûrement à raison.

Une fois que le robinet à billets sera définitivement verrouillé, il n'aura d'autres choix que de quitter la scène... de la pire des façons. Dans un chaos de clan inédit. Bien loin d'une solide stratégie politique sereine et maîtrisée et dans un empressement qui, cette fois, a toutes les chances de faire le jeu d'un Donald Trump qui cumule les bonnes nouvelles, sans (même) avoir à jeter de l'huile sur le feu démocrate.

Bien sûr, le président s'accroche à son siège inconfortable. Par fierté. Par habitude du pouvoir. Par absence d'une relève rassurante. Ce qui fait de lui un mini-Donald en puissance, l'assaut du Capitole en moins. Bien sûr aussi, il n'est jamais facile de ranger un président en exercice dans le placard, en lui intimant de prendre sa retraite une fois le temps écoulé.

Mais le fait que les huiles démocrates lui tombent dessus publiquement par grosses gouttelettes quotidiennes, aidés par un New York Times qui passe désormais son temps à dénicher des donateurs célèbres prêts à le fusiller sans sommation et en bande désorganisée, ne fait qu'accentuer l'impression de panique générale.

Il aurait fallu le faire plus tôt, mieux armé et sûr de son coup. Pas le 27 juin. Pas au sortir d'un duel inégal face à Trump. Qui plus est en direct, devant des millions de partisans déjà fragilisés et inquiets. Car dans l’esprit des électeurs, qu'importe s'ils approuvent ou non le débarquement du papy de la nation, ce qu'il faut comprendre dans la situation présente, c'est que Joe Biden n’est pas seulement jugé incapable de rempiler, mais que son adversaire, l’autocrate narcissique condamné au pénal, en est bien plus légitime. L'image est terrible.

Et on ne parle même pas de cette balle rouillée, tirée entre les deux omoplates par celui qui se considère toujours comme l'ami du président.

«C'est dévastateur de le dire, mais le Joe Biden avec qui j'étais il y a trois semaines lors de la collecte de fonds n'était pas le Joe "big fucking deal" Biden de 2010»
George Clooney, dans une violente lettre de rupture publiée par le New York Times, mercredi.

Hey, George, qui peut sincèrement se targuer d'être resté le même qu'en 2010? Pourquoi as-tu attendu le torrent de boue et cet étrange appel d'air pour abandonner ton vieux pote? Pourquoi lui as-tu permis d'engranger 30 millions de dollars sans cligner des yeux, il y a trois semaines? Pourquoi ne pas l'avoir retenu par la manche avant qu'il ne trébuche définitivement sur CNN?

Dans la foulée de cette lettre de rupture, Michael Douglas, aussi un big donator de Biden, s'est courageusement rangé du côté de la star du café. Idem pour Peter Welch, premier sénateur démocrate à ouvertement intimer au président de prendre la porte.

Avant les prochains.

En d'autres termes, depuis seize mois et l'annonce de sa candidature, personne n'a moufté. Trois explications possibles.

  1. A l'instar des républicains avec Trump, il manque un capitaine courageux au sommet du parti démocrate.
  2. Les pontes de ce même parti démocrate essaient depuis de longs mois, dans l'ombre, de faire lâcher la barre à Joe Biden, sans succès.
  3. Tout le monde pensait naïvement que les tracas judiciaires du milliardaire républicain allaient leur offrir la Maison-Blanche sur un plateau en argent.

Dans les trois cas, le constat paraît sans appel: les démocrates ont salopé leur campagne présidentielle. En interne, face au président en exercice et sous le regard officiellement médusé de leurs électeurs.

Imaginons seulement: Biden se retire et le remplaçant échoue face à Trump? Biden s'accroche et s'écroule le 5 novembre? La raison de ce fiasco annoncé sera invariablement à trouver dans le maelström actuel. Il est grand temps, pour le parti, de laisser la lâcheté au vestiaire et d'agir en véritable défenseur de la démocratie américaine.

Par cette mise à mort bordélique du candidat Biden, les voilà forcés de remporter la guerre. Plus uniquement pour conserver la Maison-Blanche, mais la face.

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