Cette semaine, le New York Times s'inquiétait en avance de la lourde tâche qui attend les scrutateurs. En cause, le changement d'habitude de beaucoup d'Américains, qui votent désormais par correspondance, avec le retard que ça suppose au moment de compter les points, le 5 novembre. Selon le journal, il «est probable qu'il n'y aura pas de vainqueur clair et immédiat le soir du scrutin et que les premiers résultats pourraient donner une fausse impression».
Et ce, dans plusieurs Etats clés.
Un flou artistique qui sera évidemment à l'avantage de celui qui a déjà plus ou moins prévu de remettre en cause les résultats du scrutin. Donald Trump, armé de sa centaine de juristes et d'une base qui, on le sait trop bien, est prête à tout pour défendre son sauveur, n'est aucunement disposé à perdre face à la démocrate Kamala Harris.
Absurde, vous dites? Pas tant que cela. Dimanche, le milliardaire a apparemment réchappé à une nouvelle tentative d'assassinat, neuf semaines après avoir été visé par une balle lors d'un meeting désormais historique, en Pennsylvanie. Un homme s'est glissé dans les buissons du golf de Donald Trump, le canon d'un AK-47 en direction du green, dans l'objectif présumé de lui régler son compte. «Et de deux, les amis!», comme l'a très justement balancé son fils, Don Jr., quelques minutes après l'incident.
Depuis le début de cette campagne pas comme les autres, le candidat républicain mise sur tout, sauf la politique, pour remporter ce qui ressemble aujourd'hui à une guerre. Bien sûr, il parvient à accrocher les ultra-conservateurs, certains ouvriers et certaines familles rurales, avec la promesse d'un pays nettoyé de ses migrants et d'un pouvoir d'achat ressuscité.
Cependant, le gras de son discours va quotidiennement piocher dans une violence personnelle et une radicalité qui rend le dialogue politique impossible. Même lorsqu'il balance, gratuitement sur son réseau social, qu'il «hait Taylor Swift», depuis qu'elle a décidé de voter démocrate.
Une violence qui s'est déjà retournée deux fois contre lui en deux mois. A quand la suivante? Une violence, aussi, qui s'abat sur des Haïtiens accusés de manger les chiens et les chats des habitants de Springfield, dans l'Ohio. Pour ne citer qu’eux. En soufflant sur les braises en permanence, Trump joue évidemment avec le feu, croyant ainsi nourrir son discours, mais également avec sa propre vie.
Trump a transformé le premier attentat à son endroit en un joujou marketing et politique. Aujourd'hui doublement rescapé, le milliardaire sait que ses multiples survies sont un levier important dans les sondages. C'est un peu le serpent qui se mord la queue, mais avec une grenade au fond de la gorge.
Si personne ne mérite de mourir pour des idées politiques, la survie du candidat MAGA est désormais une étrange garantie, mais une garantie quand même, d'un certain maintien de l'appareil démocratique. Jusqu'au 5 novembre prochain, pour le bien de l'Amérique, Donald Trump n’a pas le droit de mourir.