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Bruxelles: pourquoi cette crèche de Noël est une bêtise

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Pourquoi cette crèche de Noël est une bêtise

La nouvelle crèche de Noël sur la Grand-Place de Bruxelles, avec ses personnages sans visage, suscite une monstre polémique. Quitte à prôner le recyclage, il aurait mieux valu garder l'ancienne.
05.12.2025, 18:5605.12.2025, 18:56

Les Genevois ont leurs Genferei, les Belges ont leurs carabistouilles – les lecteurs d'Asterix savent. L’affaire de la crèche de Noël de la Grand-Place de Bruxelles en est assurément une, de carabistouille. Les Bruxellois n’en ont pas cru leurs yeux en découvrant, fin novembre, à côté du traditionnel sapin fraîchement coupé, la nouvelle crèche remplaçant l’ancienne après vingt-cinq ans de service.

Est-ce une raison pour s'en débarrasser? Un clou par-ci, une nouvelle toile de jute par là, un coup de bleu sur la Vierge, et le tour est joué. Ce n’est pas du tout ce que qui a été fait.

«Fins de stock ou matières recyclées»

Le renouvellement de la crèche a donné naissance à une œuvre très «ateliers du monde», d’apparence simple, modeste, pour tout dire effacée. Un peu trop peut-être. Son nom: «Etoffes de la Nativité». Elle est la réalisation d’une artiste d'origine allemande, Victoria-Maria Geyer, victorieuse d’un concours lancé par Brussels Major Events, l'organisateur du marché de Noël de la ville.

Depuis, c’est la bronca chez ceux qui ne goûtent pas au concept des personnages de chiffon grandeur nature, «habillés de lins, satins et velours issus de fins de stock ou de matières recyclées», le tout emballé si l’on peut dire dans un jeu de rideaux blancs étrangement façon harem.

Illustration picture shows the Christmas nativity scene at the Brussels Grand-Place/ Grote Markt, Monday 01 December 2025. Since the unveiling last Friday, the nativity scene titled 'Fabrics of t ...
Crèche de Noël, Bruxelles.Image: BELGA MAG

Privés de visages

Ce ne sont pas tant les habits qui surprennent que les visages des protagonistes. Car de visages, il n’y en a pas. En guise de figures, des patchworks qui rappellent les vieux treillis de l’armée suisse et leurs motifs camouflage. Des faces impersonnelles, où chacun, quelle que soit sa couleur de peau, son origine et finalement sa religion, ou son absence de religion, est appelé à se projeter.

Fini, la crèche européo-centrée, bienvenue à la crèche «inclusive», volonté de l’artiste, approuvée par les commanditaires et même l’évêché local. Vrai qu’on quitte le tableau de la Renaissance italienne pour l’évocation orientale, sûrement plus proche des tenues vestimentaires de l’époque en lointaine Judée. La conceptrice a affirmé que l'idée de départ était de «valoriser le passé culturel textile belge». Les goûts, les couleurs, direz-vous. Oui, et on peut trouver des qualités et une certaine beauté à cette installation.

Le problème, comme on dit, n'est pas là.

«Soumission»

Le fait est que la crèche était à peine installée qu’une monstre polémique a éclaté. Certains ont cru percevoir dans ces visages effacés une «soumission» du christianisme à l’islam le plus rigoriste. D’autres, au contraire, ont salué une main tendue à la diversité. Rien de bien neuf dans ce débat sans issue.

Crèche de Noël, Bruxelles.
Crèche de Noël, Bruxelles. image: capture

Le reproche est ailleurs que dans un hypothétique assujettissement à une autre religion. Il est dans ce sentiment de voir disparaître des traditions qui font du bien à tout le monde et du mal à personne. Il est dans l’illusion qu’on accueillera l’autre d’autant mieux qu’on renoncera progressivement à soi et à son propre visage – les musulmans n'ont jamais demandé le retrait des santons de Provence ou la fermeture des stands de glühwein.

Enfin, le reproche est dans cet abandon de repères et de rituels dont on a tant besoin «dans un monde qui change»: cela va de la visite hebdomadaire à la baraque à frites au retour de la crèche de Noël en décembre avec ses personnages réalistes. En termes identitaires, on ne peut pas dire que ce soit beaucoup demandé.

Un footballeur s'en mêle

Exprimant le «sentiment populaire», l’international belge Thomas Meunier, qui joue en Ligue 1 française à Lille, a tweeté, face à la crèche «inclusive»: «On touche le fond.» Il s’est fait traiter de raciste. Mais il a reçu aussi beaucoup de soutien. Comme on pouvait s’y attendre, la situation s’est envenimée, la ville de Bruxelles a renforcé la sécurité autour de la crèche, le maire appelle à descendre dans les tours.

Cette histoire de Noël nous apprend que ce n’est pas parce que nous avons abandonné, parfois avec soulagement, des pans entiers de traditions, que nous ne tenons pas au peu d'entre elles qui demeurent. Comme à la prunelle de nos yeux.

Ils ont 621 sapins chez eux
Video: watson
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