Mardi, les Etats-Unis se choisiront un 47e président. Et tous les regards sont désormais tournés sur les Etats clés, de la Pennsylvanie au Wisconsin. Comme on ne fait rien comme les autres, watson a choisi de se perdre volontairement dans le Nebraska, là où les démocrates sont les plus motivés à terrasser Trump.
On n'arrête pas de vous le rabâcher. La course à la Maison-Blanche est tellement serrée que certains experts redoutent l'égalité parfaite, une fois Donald Trump et Kamala Harris sur la ligne d'arrivée. Ce scénario fait frémir les deux camps. La faute à un collège électoral composé de 538 membres, que l'on peut bêtement diviser par deux.
Un tel cas de figure ne s'est pas présenté depuis le 19e siècle, mais la Constitution américaine a déjà tout prévu. Dans le cas où Trump et Harris récolteraient chacun 269 grands électeurs, le président serait élu par la Chambre des représentants, alors que le Sénat se chargerait du vice-président. (Oui, en théorie, un outsider peut donc débouler de nulle part.)
Le principe? «Chaque Etat, quelle que soit la taille de sa délégation, disposerait d’une voix», rappelle le média NPR. Une configuration qui offrirait un avantage automatique à Donald Trump, sachant que les républicains contrôlent 26 des 50 délégations. Autant dire qu'un gigantesque chaos politique est à craindre.
Cette égalité parfaite braque les projecteurs sur une région qui n'est pourtant pas un swing state: le Nebraska. Le Nebraska, c'est ni plus ni moins l'un des deux Etats (avec le Maine) à diviser les votes de son collège électoral. Pour faire simple: chaque district dispose d'un grand électeur. Et c'est capital parce que cet Etat, considéré comme l'un des plus républicains du pays, abrite une enclave qui fait de la résistance: le 2nd Congressional District, dans lequel se déploie la ville d'Omaha.
Et le défi est si grand que watson y a déposé ses bagages pour suivre la fin de la course à la Maison-Blanche.
Rendez-vous compte: la ville la plus peuplée de l'Etat se transforme parfois en point bleu dans un océan de rouge, avec le pouvoir d'élire le candidat démocrate à elle toute seule. Si, si. Comme ce fut le cas en 2008 pour Obama ou en 2020 pour Biden, le blue dot se transforme à nouveau en invité surprise (et perturbateur) de cette élection présidentielle.
Cette année, les démocrates croient très fort au point bleu. Les derniers sondages donnent Kamala Harris largement vainqueur de ce district de tous les dangers. Un élan que l'on doit à un couple qui passe désormais ses journées à peindre des points bleus à la bombe, sur des panneaux électoraux, pour ensuite les distribuer à leurs voisins d'une région qui compte près d'un million d'habitants. Et on a forcément rencontré Jason Brown et Ruth Huebner-Brown, le couple de démocrates le plus célèbre du pays.
L'hystérie est telle que Facebook ou Reddit sont tombés amoureux du phénomène et, il y a quelques semaines, les électeurs démocrates d'Omaha sont allés jusqu'à offrir leur corps, dans un parc de la ville, pour élargir le petit point le plus déterminant de l'élection présidentielle américaine.
We thank everyone who helped organize the human blue dot! Much love to the @NebDouglasDems for this cool video.
— Nebraska Democratic Party (@NebraskaDems) October 22, 2024
Help protect the blue dot by mailing back your early ballot, voting in person, or making a plan to vote on Nov 5th.
Visit our Voting Center! https://t.co/whKsU12zsI pic.twitter.com/cfgCVSBtGX
Sans surprise, les conservateurs voient d'un très mauvais œil l'exception électorale du Nebraska, tentant régulièrement de mettre fin à cette division des votes qui affaiblit le candidat républicain. En avril dernier, Donald Trump et le commentateur Charlie Kirk ont déployé les grands moyens pour tenter de convaincre les législateurs de l'Etat de «revenir à un système à un tour».
Sans succès, puisque l'Assemblée législative du Nebraska, qui ne compte qu'une seule chambre (oui, cet Etat ne fait rien comme les autres), n'a pas adopté le projet de loi. Furieux, les trumpistes du district se sont alors vengés comme ils pouvaient, redoublant d'efforts dans la décoration de leur maison, au point de faire pousser des points rouges coiffés d'une mèche blonde.
Things getting very Yellow Switch Palace in Omaha. 👀https://t.co/TafUh9XQvJ @ExpatLitJ @Darth__mall pic.twitter.com/sDUGCuNl3e
— A Good Man, and Thorough (@DFitzgerraldo) October 22, 2024
Ces prochaines heures, Omaha va aimanter toutes les tensions et les espoirs. Une ville surnommée «Obamaha» en 2008, qui est forcément devenue «Kamaha» ce week-end.
Suffisant pour faire élire la vice-présidente? Le suspens est total. D'ici là, l'ambiance est hystérique dans la région. La motivation et la détermination de ce sympathique couple du Nebraska, devenu de véritables stars, se sont depuis étendus dans le reste du pays, où les points bleus deviennent le signe de ralliement des électeurs démocrates qui n'abandonneront pas la bataille après l'élection.