On a pourtant cherché. Rien. Même ChatGPT a fait chou blanc. Trump n'est jamais apparu avec une arme chargée à la main. Il n'a jamais été filmé en train de dégommer des canettes de bière «woke», des faisans en campagne ou des éléphants en Afrique, comme ses deux fils ou la plupart de ses apôtres. La gouverneure MAGA du Dakota du Sud a flingué son chien à bout portant et s'amuse avec un lance-flammes dans son jardin? Donald Trump se contente de faire mumuse avec les pistolets à son effigie, pour flatter la testostérone de ses électeurs.
Alors quand on apprend que la police new-yorkaise doit confisquer les joujoux personnels du candidat républicain, on pouffe doucement. En a-t-il seulement? C'est compliqué. Les médias américains considèrent qu'il en possédait trois jusqu'à peu. Et notamment...
Alors que le département de police de la ville de New York s'apprête à révoquer son permis de port d'armes, «deux des trois pistolets ont déjà été remis au NYPD le 31 mars 2023», selon CNN. Soit quatre jours avant sa première inculpation. La troisième aurait été transférée légalement dans l'Etat de Floride. Mais depuis qu'il a été déclaré coupable au pénal, Donald Trump commettrait un crime fédéral s'il se baladait avec ce gun qui n'a pas encore été identifié.
Il paraît évident que cette punition est une humiliation pour celui qui a dépensé des litres de sueur en faveur du deuxième amendement de la Constitution. Mais on voit mal comment il se réveillerait frustré de ne plus pouvoir branler la gâchette. Un paradoxe de plus pour ce magnat de l'immobilier dont on ignore souvent les réelles convictions. Entre ce qu'il pense et ce qu'il affirme pour cueillir des bulletins de vote, il y a souvent un monde. Mais pour ses adorateurs, les mots semblent se suffire à eux-mêmes.
Souvenez-vous en septembre 2023, lorsqu'il a été pincé chez un armurier de Caroline du Sud avec un flingue dans son caddie, alors que l'inculpé avait déjà l'interdiction de s'en procurer. Une opération de comm' bien huilée, au service de ses électeurs armés.
Le 9 février dernier, le candidat a promis qu'il jetterait aux ordures toutes les restrictions édictées par le président Joe Biden, devant les membres de la National Rifle Association: «Chaque attaque de Biden contre les propriétaires et les fabricants d'armes prendra fin dès la première semaine de mon retour au pouvoir, peut-être dès le premier jour». Il sait que les proguns restent un vivier capital pour le 5 novembre.
D’autant que la NRA a toujours été un puissant levier politique pour Donald Trump. En 2016, l'association dépensera plus de 30 millions de dollars pour l'aider à s'établir à la Maison-Blanche. Mais le républicain, qui fait partie de ces gens qui rêvent d'armer les enseignants, sait aussi que la plupart de ses partisans ne pourraient pas se passer de leur râtelier personnel.
Durant sa campagne il y a huit ans, il alignera donc les déclarations en l'honneur du pétard si cher aux Américains, jusqu'à évoquer les attentats du 13 novembre 2015:
S'il s'est toujours considéré comme «le plus grand fan du deuxième amendement», en 2013, il évoquait pourtant le manque de contrôle des antécédents «afin de pouvoir éliminer les malades mentaux». En 2000, dans un bouquin, il s'en était même pris aux «républicains qui suivent aveuglément la ligne de la NRA».
Et, une fois à la Maison-Blanche, le 45ᵉ président des Etats-Unis avait exprimé son vœu de relever la limite d'âge de 18 à 21 ans pour l’achat de fusils d'assaut. Il retournera sa veste un mois plus tard, lançant la patate chaude aux Etats. Un opportunisme qui ne va jamais l’égratigner auprès de sa base.
....On 18 to 21 Age Limits, watching court cases and rulings before acting. States are making this decision. Things are moving rapidly on this, but not much political support (to put it mildly).
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) March 12, 2018
Pour le candidat républicain, «la famille Trump est celle qui a le plus de respect pour le deuxième amendement». Certes, encore une phrase de campagne, mais la réalité est beaucoup plus sale que ça. Alors qu'il est impossible de mettre la main sur une archive de Donald en pleine partie de chasse, ses deux fils ont plusieurs fois défrayé la chronique, une fois leur fusil chargé.
Eric et Don Jr. sont des «passionnés de plein air». Ils auraient passé leur enfance à «chasser et pêcher avec notre grand-père qui nous a appris que rien ne doit jamais être gaspillé.» Si la fratrie est si généreuse en souvenirs familiaux, c'est qu'ils ont dû se justifier, en 2012, d'avoir buté de sang-froid un crocodile, une antilope kobus ellipsiprymnus et un léopard, au Zimbabwe et en Zambie. Des trophées à côté desquels ils posaient tout sourire et fiers comme des coqs.
A cet époque, TMZ s'était également procuré une photo de l'aîné, tenant la queue d'un éléphant fraîchement refroidi. Oui, contrairement à papa, les fistons Trump adorent les flingues. Jusqu'à s'afficher avec des éditions personnalisées, comme ce semi-automatique flanqué de symboles médiévaux associés à des groupes extrémistes et... de la tronche d'Hillary Clinton derrière des barreaux.
Ce n’est pas tout. Parmi les proches du milliardaire ayant la gâchette facile, on trouve aussi sa belle-fille Lara, fraîchement nommée à la tête du parti républicain, ou son avocate préférée Alina Habba. Il n'est d'ailleurs pas rare d'apercevoir les deux femmes, sur Instragram, en train de dégommer des cibles en débardeur.
Et c'est tout bénéf pour Donald Trump. Mettre en scène l'amour (sincère) que son clan porte aux fusils, lui permet de se contenter d'armer sa répartie pour séduire les membres de la NRA. Et s'il ne s'est jamais dévoilé en train de tirer, ça ne l'empêche pas de mimer parfois le geste en meeting. Souvenons-nous de cette séquence aussi ahurissante que prémonitoire, en 2016: